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Cameroun: La partie anglophone entame une "ville morte", de deux jours

Les avocats et les enseignants, initiateurs de la ville morte, dénoncent les "violences policières" dont ils sont victimes et la "marginalisation des anglophones".

Nadia Chahed  | 16.01.2017 - Mıse À Jour : 16.01.2017
 Cameroun: La partie anglophone entame une "ville morte", de deux jours

Cameroon


AA/ Bamenda/ Josiane Kouagheu

Les habitants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les deux régions anglophones du Cameroun, observent, à ^partir de lundi, une opération « ville morte » de deux jours, pour dénoncer les "violences policières et la marginalisation dont ils sont victimes".

Dans les rues de Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-ouest, des boutiques, boulangeries, bars, stations services, banques et autres lieux de grands rassemblements étaient fermés durant toute la journée de lundi alors que les moyens de transport publics étaient totalement paralysés, a constaté la correspondante d’Anadolu sur place.

« Nous dénonçons la militarisation du Nord-ouest et du Sud-ouest, nous condamnons l’utilisation disproportionnée contre les populations civiles non armées et l’hypocrisie évident du gouvernement qui simule l’utilisation du dialogue », explique le communiqué du consortium constitué des avocats, enseignants et société civile de la partie anglophone du Cameroun.

"L’Etat veut seulement tuer des gens et à la moindre provocation, ils ouvrent le feu", s’indigne Wilfred Tassang, secrétaire exécutif de la Cameroon Teachers Trade Union (CATTU), l’un des syndicats des enseignants en grève, rencontré par Anadolu.

« La semaine dernière, nous étions en réunion avec le gouvernement qui a accepté nos doléances. Mais, dans la soirée de ce vendredi 13 janvier, la police a tiré sur des jeunes. Trois sont blessés. Nous avons organisé cette ville morte pour dénoncer cette situation », ajoute Wilfred Tassang.

Le 21 novembre 2016, les enseignants anglophones avaient organisé une grève, pour dénoncer la marginalisation dont ils sont victimes, dénonçant la présence d'enseignants francophones qui ne maîtrisent pas l’anglais et enseignent cette langue dans leur école.

Les avocats dénoncent pour leur part, la nomination de juristes qui ne maîtrisent pas la langue et la non traduction des lois au moment de leur publication.

Dans les rues de Bamenda, des habitants veulent « faire entendre leur voix ». « Nous ne sommes pas contents du fait que nos enfants restent à la maison et ne vont pas à l’école. Mais, tant que le gouvernement ne nous entend pas, nous n’allons pas arrêter nos villes mortes », assure avec force, Stalone Acha, un habitant rencontré par Anadolu.

Pour résoudre ce problème, le gouvernement a mis sur pied deux comités regroupant des responsables, des avocats et des enseignants. Les écoles sont toujours vides et les élèves sont dans leurs maisons. Mais, jusqu’ici, les discussions piétinent et aucun accord véritable n’a été pris. Aucune autorité administrative de la ville n’a souhaité s’exprimé sur les deux journées de ville morte. Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
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