Afrique

Burundi – Financement des Elections : Vingt-cinq députés expriment leur refus

25 députés de l’opposition ont considéré «illégale», la contribution des citoyens au financement des élections

Lassaad Ben Ahmed  | 17.01.2018 - Mıse À Jour : 18.01.2018
Burundi – Financement des Elections : Vingt-cinq députés expriment leur refus

Burundi


AA / Bujumbura / Jean Bosco

Vingt-cinq députés burundais de l’opposition siégeant au parlement sous label des indépendants (Amizero y’Abarundi) ont fustigé la loi sur la contribution des citoyens au financement des élections de 2020, a appris Anadolu, mercredi, d’une correspondance fuitée qu’ils viennent d’adresser au président de l’Assemblée nationale.

Ils estiment que cette loi est «illégale».

«Nous avons l’honneur de venir auprès de votre autorité pour porter à votre connaissance que nous, les honorables députés du groupe parlementaire Amizero y’Abarundi, ne pouvons pas cautionner un tel processus qui se déroule en violation de la loi», ont déclaré les 25 députés de l’opposition.

En outre, ils ont déclaré s’inscrire en faux «contre tout retrait de cette contribution à la source» car, estiment-ils, les citoyens «contribuent régulièrement à la hauteur de leurs ressources et moyens à travers l’impôt professionnel sur les revenus et diverses taxes».

L’opposition parlementaire estime que la loi fixant cette contribution citoyenne aux élections de 2020 est contraire à la constitution. «L’article 70 de la constitution stipule que l’Etat peut proclamer la solidarité de tous devant les charges qui résultent des calamités naturelles et nationales or, les élections ne constituent en aucun cas une calamité naturelle».

«Dès lors, elles doivent plutôt être rigoureusement planifiées et budgétisées sur les échéances connues, d’où la non nécessité d’une solidarité et d’une mobilisation aussi ponctuelle», ont-ils conclu.

Tout en fustigeant cette loi, ils saluent et encouragent «l’initiative louable du Gouvernement de prendre en main le processus électoral».

«Nous sommes conscients de l’importance et même de la nécessité d’organiser des élections à l’interne sans recourir aux apports externes. Néanmoins, nous sommes dans le regret de constater que le processus de collecte des contributions aux élections de 2020 n’a pas suivi son cours normal et légal, ce qui le rend moins crédible et inopportun dans ce contexte de pauvreté accrue qu’endure le Burundi».

Pour la législature 2015-2020, l’Assemblée nationale du Burundi est composée de 118 députés, dont 86 sont issus du parti au pouvoir et 28 de la coalition de l’opposition Amizero y’Abarundi. Les autres sont issus du parti Union pour le progrès national(Uprona) et de l’ethnie des Twa (pygmées, ethnie ultra minoritaire).

Le président du parlement n’a pas encore réagi.

La semaine dernière, les syndicats des travailleurs ont aussi demandé un dialogue préalable avant la mise en application de la loi fixant cette contribution.

En décembre 2017, les ministres burundais de l'Intérieur et des Finances ont publié une ordonnance commune instituant cette contribution citoyenne.

Selon cette ordonnance ministérielle, un paysan devra payer 2.000 francs burundais (0,95 euro) par an et un étudiant ou un élève (du secondaire) en âge de voter (18 ans) participera à hauteur de 1.000 francs par an (0,5 euro).

Les fonctionnaires devront, eux, verser une somme variable selon leur revenu, un prélèvement mensuel sera fait à cet effet, pendant deux ans (de janvier 2018 à fin décembre 2019).

Le chef de l’Etat, a déjà donné le ton en déposant près de 2460 euros. D’autres hauts cadres de l’Etat, en particulier les militants du parti au pouvoir, lui ont déjà emboité le pas.

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a pas encore fixé le montant requis pour organiser les élections de 2020.

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