Afrique

Dakar-Niamey-Bamako: Solidarité et espiègleries ramadanesques

Distribuant le café Touba, jouant les Toboye-Toboye ou encore les Yogoro et Djidounou, c'est toujours hilares que les enfants animent les quartiers et font le spectacle durant les soirées ramadanesques en Afrique.

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 24.06.2016 - Mıse À Jour : 24.06.2016
Dakar-Niamey-Bamako: Solidarité et espiègleries ramadanesques

Tunis


AA/ Dakar/ Niamey/ Bamako/ Mohamed Abdellaoui avec la contribution de Alioune Ndiaya/ Kane Illa/ Moussa Bolly

De Dakar à Bamako en passant par Niamey, Ramadan s'accompagne d'une ambiance festive et d'une solidarité à toute épreuve.

Au Sénégal, les soirées ramadanesques connaissent une effervescence particulière grâce aux "Ndoggu" (rupture du jeûne) de rues. Une générosité ambulante surprend à chaque coin de rue, les passants que le hasard a contraint à rompre le jeûne loin des leurs. Des jeunes leurs servent alors du "touba", un café préparé localement et très apprécié des Sénégalais.

Initiée par les Baye fall (branche de la confrérie soufie des Mourides), la distribution de café Touba, accompagné de quelques friandises, est devenue l'une des principales attractions des associations de jeunes qui l'incluent dans leurs agendas nocturnes du mois de ramadan.

"On offre quelques 200 tasses de café chaque jour de tout le mois du jeûne", fait remarquer Abdoulaye Fall de l'association Déf tey yala takh (Faire le bien sans attendre de contrepartie).

"Ces actions permettent de mieux faire connaître notre association mais elles assurent une animation dans certains quartiers", note encore Abdoulaye.

L'autre activité qui occupe une bonne partie de la nuit des Sénégalais durant le mois du ramadan est la dernière prière du jour. A l'heure de cette prière, souvent accompagnée de nafilas (prières surérogatoires), les mosquées sont prises d'assaut par les fidèles.

Au quartier Dar Essalam de Rufisque, la prière dure plus d'une heure. «Après la prière de Guéé, l'imam fait des nafilas où il récite pour chaque raaka [génuflexion] 40 fois la sourate ‘’Ikhlas’’ après la ‘’Fatiha’’», note Moussa Ciss qui se plait à ces «grands moments de dévotion».


Une fois ces prières accomplies, tout retombe dans une quiétude totale en attendant l'annonce du kheud (dernier repas) aux alentours de 5 heures du matin. Tout un tintamarre accompagne ces heures avec des jeunes qui se plaisent à jouer les «réveils». Chants taquins accompagnés de percussions sur des instruments de fortune, ils traversent les rues hilares, se donnant, dans certains quartiers populaires, le droit de faire du tapage. «L'essentiel est d'aider les gens à se réveiller pour prendre ce repas qui permet de mieux résister à la faim de la journée», assure Demba Sarr, un jeune de 22 ans habitué à jouer ce rôle dans son quartier de Dangou (Rufisque).

• «Toboye-Toboye», un spectacle typiquement nigérien


Heureux comme des oiseaux dans l’air, des minots simples et beaux animent le spectacle de Niamey. Deux mots font le concerto. Toboye-Toboye rime avec la 10ème nuit du Ramadan.
Ce rite dont peu de Nigériens connaissent la vraie histoire, consiste pour les enfants à passer de maison en maison pour souhaiter «bon Ramadan», en s’attendant, au retour, à des cadeaux de la part des familles visitées. Ces cadeaux sont constitués de sommes d’argent, de vivres et même de vêtements.

"Certaines personnes nous donnent des cadeaux, mais d’autres nous chassent, nous reprochent de les déranger", dit à Anadolu le jeune Omar, rencontré alors qu’il faisait son Toboye-Toboye avec des amis.

Pour mieux attirer l’attention sur eux, ces enfants portent des masques symbolisant les têtes de certains animaux et tatouent leurs corps, en esquissant quelques pas de danse. «Maintenant les jeunes sont de moins en moins imaginatifs dans le Toboye-Toboye. Nous quand on le faisait, ce n’était pas comme ça. C’était tout un carnaval que nous organisions, les gens appréciaient beaucoup et nous recevions beaucoup de cadeaux», explique à Anadolu le septuagénaire Moussa Abdoulaye, rencontré dans un vieux quartier de Niamey.

«Le Toboye-Toboye n’est pas un rite religieux même s’il se pratique pendant le Ramadan. C’est uniquement une pratique traditionnelle perpétuée à travers les générations», ajoute-t-il.

Selon les régions, ce rite dure dix nuits ou plus. Pour le sociologue Saidou Mamane rencontré par Anadolu, «le Toboye-Toboye » est un rite qui renforce la solidarité sociale et l’esprit du groupe car, il faut que deux personnes au moins s’unissent pour accomplir ce rite».


• Bamako et son «Yogoro»

A Bamako, la capitale malienne, «ce sont les meilleurs professeurs de la vie » qui ont donné le ton depuis la 10ème nuit avec le «Yogoro» (littéralement bouffons) pour les garçons et le «Djidounou» pour les filles.

Depuis près d’une semaine, des garçons déguisés en clowns sillonnent les rues des villes et les ruelles des villages en passant de famille en famille pour chanter, danser et appeler, non sans innocence et candeur, à la solidarité. En retour, ils reçoivent grains de céréales et piécettes de monnaie.

Les fillettes pérégrinent, elles, avec une tasse pleine d’eau . A l’aide de louches, elles produisent de belles mélodies et chantent du Folklore. La tasse est portée à tour de rôle et les artistes montantes reçoivent des grains de céréales et une bonne-main.

Le brouhaha de la ville apostrophe le silence des mosquées plongées dans une impressionnante vénération. Les fidèles continuent leur adoration, les gamins, ivres de liberté, continuent à offrir le spectacle.

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