Afrique

Le Mali détrône le Burkina Faso dans la production du coton en Afrique subsaharienne

Premier produit d’exportation du Mali, «l’or blanc» représente 15 % du PIB, 30 à 45 % des recettes en devises et occupe plus de 3 millions de personnes, dans de petites exploitations

Esma Ben Said  | 01.01.2018 - Mıse À Jour : 02.01.2018
Le Mali détrône le Burkina Faso dans la production du coton en Afrique subsaharienne

Bamako

AA/Bamako/Moussa Bolly

La saison des récoltes du coton étant terminée, le Mali devient premier producteur de l'Afrique subsaharienne, d'après une information relayée par Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), citant le département américain de l'Agriculture (USDA).

Le Mali détrône, ainsi, le Burkina Faso qui était premier au cours des dernières années.

D'après l'USDA, la récolte globale du coton du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et du Sénégal a atteint 2,95 millions de tonnes durant la campagne 2017, enregistrant une légère progression de 2,75% par rapport à la saison dernière.

Cette performance sera principalement portée par le Mali et le Burkina-Faso qui totalisent 94 % de la production totale, avec un léger avantage pour le Mali, dont la production ne cesse de croître ces dernières années.

Selon la CMDT et l’Assemblée permanente des chambres de l’agriculture du Mali (APCAM), le Mali a réalisé cette année une production record de près de 706000 tonnes de coton en graine, contre un objectif de 725.000 tonnes.

Avec 1,330 millions de balles de fibre blanche, soit 90000 balles de plus que l'an dernier, le Mali a repris sa place de premier producteur en Afrique subsaharienne, prise par le Burkina Faso ces dernières années.

Selon les observateurs, cette performance est l’aboutissement des nombreuses réformes menées par le gouvernement malien pour relever cette filière. L’exécutif a notamment maintenu son programme de subventions des engrais et d’achat de tracteurs agricoles par les producteurs.

«La mise en œuvre réussie du programme présidentiel des 1000 tracteurs subventionnés par le gouvernement ainsi que les subventions allouées pour l’accès aux intrants agricoles ont boosté toutes les filières agricoles du Mali ces deux dernières années», a indiqué Bakary Togola, le président de l’APCAM. C’était lors de la 52e session ordinaire de l’Assemblée consulaire de cette organisation.

Les autorités maliennes ont aussi rehaussé le prix garanti aux producteurs à 250 F Cfa (0,46 dollar) par kg durant les campagnes 2016-2017-2018, contre 237,5 F Cfa (0,43dollar/kg) fixé précédemment.

Selon une note de synthèse de la direction de la CMDT, l’augmentation de la production est aussi le fruit de la réussite d’une Mission de restructuration du secteur du coton.

Cela s’est traduit, notamment, par la création des quatre filiales, avec la libération de leurs capitaux respectifs, la participation des producteurs, à concurrence de 20 % au capital des filiales pour un montant de plus de 10 milliards F Cfa, soit environ 18,2 millions de dollars US.

«Le Mali vient de loin, après la crise multidimensionnelle de 2012 qui a touché tous les secteurs étatiques. Ainsi, pour le bonheur des paysans, l’Etat malien a affecté 15 % du budget national au développement rural. Un investissement judicieux, puisque l’agriculture occupe plus de 80 % de la population», a récemment déclaré M. Nango Dembélé, le ministre malien de l’Agriculture, lors d’un point de presse sur les résultats de la récente campagne agricole.
Faible valeur ajoutée

Le hic, pour certains observateurs et altermondialistes comme Aminata Dramane Traoré, c’est que le Mali tire très peu de valeur ajoutée de cette abondante production, car ne parvenant toujours pas à relever le défi de la transformation.

«Le coton malien est reconnu pour sa qualité extrême. Et sa transformation aurait pu offrir des produits d’une qualité incomparable», a déclaré à Anadolu Mariétou Mariette Dicko, créatrice de mode avec sa griffe, «Traditions et Mode africaine».

A son actif, la promotion du bogolan (teinture artisanale sur des cotonnades) dans la mode africaine et internationale.

«Malheureusement, le pays exploite très mal ce potentiel économique qui pourrait faire de lui l’un des pays africains les plus avancés en matière de mode et de haute couture», a-t-elle déploré.

«Les hommes et femmes du pays qui militent pour le développement du textile ne sont pas soutenus comme il faut par le gouvernement. Ce qui rend la rentabilité de la filière coton dépendant de cours mondiaux», a dénoncé la styliste.

«Seulement 2 % de la production cotonnière du Mali sont transformés sur place», a déploré Mme Awa Meité van Til lors de la huitième édition du Festival Daoulaba qui a eu lieu en mai 2017 à Koulikoro, à une cinquantaine de km de Bamako.

«Pour ces deux campagnes (2016-2017/2017-2018) la CMDT a battu ses records de production. Avec un tel niveau de production, il est déplorable de constater que moins de 2 % de ce coton est transformé au Mali», a aussi reconnu le PDG de la CMDT, Baba Berthé, lors de la conférence de presse de lancement de cette 8e édition.

«Nous voudrons qu’on avance dans le sens de la transformation industrielle de notre coton. C’est là que nous aurons de la valeur ajoutée et le développement», a-t-il indiqué.

Pendant la seule campagne agricole de 2013, la CMDT a versé à l’Etat 13,01 milliards F Cfa (23 661 820,00 dollars) en taxes et impôts et environ 1 milliard F Cfa (1 820 000 dollars) de dividendes au Trésor public.
La CMDT contribue à la souveraineté alimentaire avec 25 % de la production nationale céréalière sèche dans ses zones d’intervention.

La filière du coton joue un rôle de premier plan dans l’économie du Mali. Premier produit d’exportation du Mali, «l’or blanc» représente 15 % du PIB, 30 à 45 % des recettes d’exportation et occupe plus de 3 millions de personnes, dans de petites exploitations.

Sans compter son apport au développement de l’élevage (aliments de bétail) et l’autonomisation de la Femme avec des activités génératrices de revenus comme les huileries et les savonneries artisanales.

Malgré cette importance socioéconomique et politique, le secteur avait connu une baisse tendancielle de ses rendements et des difficultés d’écoulement.

Pour maintenir ce nouveau cap, des experts comme Bakary Togola, président de l’APCAM pensent qu’il faut renforcer davantage les stratégies à travers des initiatives permettant de lever les défis liés notamment à la création d’emplois durables par des investissements massifs réduisant la pauvreté et la précarité en milieu rural ; l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de la filière par la diversification, l’intensification et la modernisation des systèmes de production et renforcer en permanence les capacités techniques des producteurs.

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