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Madagascar : La filière Cacao à la recherche d’un second souffle

Lassaad Ben Ahmed  | 22.02.2018 - Mıse À Jour : 23.02.2018
Madagascar : La filière Cacao à la recherche d’un second souffle

Madagascar

AA / Antananarivo / Sandra Rabearisoa

Avec une production annuelle située entre 8000 et 9000 tonnes, Madagascar est classé 20ème producteur de cacao au monde.

C’est ce qui ressort d'un classement réalisé par l’organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO).

Or, la Grande-île peut encore mieux faire, selon l’Organisation internationale du Cacao ou Icco (International Cocoa Organisation). Ce volume de production est considéré trop minime par rapport à la Côte d’Ivoire, par exemple, qui produit entre 1 million à 2 millions de tonnes par an.

«Il y a encore un potentiel à réaliser à Madagascar. Vous pouvez faire plus, c'est-à-dire produire 10 mille voire 15 mille tonnes», argumente Jean Marc Anga, directeur exécutif de l’Icco, en marge d’un séminaire intitulé «Pour une filière cacao durable à Madagascar».

Organisé par le Conseil national de Cacao de Madagascar, cet évènement a réuni des experts du cacao du 30 janvier au 1er février, à Antananarivo, la capitale.

Les réflexions ont porté sur l’amélioration de la qualité de la production de cacao et l’encadrement des cultivateurs, entre autres.

Cette perspective d’augmentation de production motive les producteurs malgaches.

«Nous pouvons effectivement augmenter, voire doubler la production d’ici deux ans. Mais en attendant, il faudrait trouver une solution à la chute actuelle du cours du cacao», affirme Firose Houssein, planteur de cacao à Ambanja, dans le nord–ouest de Madagascar au cours d’une interview exclusive, accordée à Anadolu.

D’après ses explications, le kilo de fèves de cacao s’achète à 4000 ariary (un peu plus d’un dollar), en ce moment, contre 9000 ariary (environ 3 dollar) auparavant.

Il fut même un temps où le prix du kilo a baissé jusqu’à 1500 ariary, soit la moitié d’un dollar.

Cette chute du prix du cacao aurait un lien avec la baisse du cours mondial.

Le cours mondial du cacao tourne actuellement autour de 2000 à 2100 dollars la tonne, alors qu’il pouvait dépasser les 3000 dollars auparavant.

Concurrence rude

«A cette chute des prix, s’ajoute une surproduction de cacao par la Côte d’Ivoire qui est le principal concurrent de Madagascar. Du coup, l’offre a largement dépassé la demande», selon Firose Houssein.

Il soutient, en revanche, que le cacao malgache se distingue par sa qualité qui est nettement supérieure au cacao ivoirien.

Le cacao de Madagascar est classé parmi les meilleurs au monde et a obtenu le label «Cacao Fin» par l’Icco (International Cocoa Organization) depuis 2015.

Les principales plantations du cacao de la Grande-île se trouvent dans la plaine de Sambirano, à Ambanja (région Diana), située dans la partie nord–ouest du pays.

La majorité de la production de Cacao à Madagascar est destinée à l’exportation.

Néanmoins, il existe de très rares sociétés industrielles malgaches qui se sont spécialisées dans la plantation, ainsi que la transformation du cacao au niveau local.

A l’exemple de la Chocolaterie Robert, une grande société malgache qui vient de rejoindre la catégorie des «Planteur – Chocolatier», depuis Juin 2015.

Cette chocolaterie qui fait la fierté des malgaches a décidé d’acquérir une vaste zone de plantations de cacao à Ambanja.

«La Chocolaterie Robert a fait une intégration verticale de sa filière, lui permettant ainsi de pérenniser ses activités. En d’autres termes, La chocolaterie Robert crée la qualité fine de ses chocolats en assumant et en assurant chaque étape du processus, depuis le choix des variétés de cacao à planter jusqu’à l’emballage final des produits finis», explique un communiqué publié sur le site de la chocolaterie.

C’est grâce à cette démarche que le chocolat noir 100% fabriqué par la chocolaterie Robert a été sélectionné comme le meilleur chocolat noir pur au monde, puis remporter la Cabosse d’Or et la Médaille d’Or, décernés par l’Academy of Chocolate 2017 (Londres).

La chocolaterie continue également de s’approvisionner auprès des paysans producteurs.

Dans le but d’augmenter la productivité et la compétitivité nationale, un Conseil National du Cacao a été mis en place depuis l’année 2016.

Ce conseil compte des représentants des ministères du Commerce, de l’Agriculture, de l’Industrie, ainsi que d’acteurs de la filière (producteurs, transformateurs, exportateurs).

Dans ses principales missions, le CNC doit «œuvrer pour la pérennisation et le développement durable de la filière cacao», selon le ministère malgache du Commerce.

Un défi qui reste de taille puisque le cacao malgache fait également face aux problèmes liés au changement climatique. La fréquence et la violence des cyclones menacent la qualité du produit.

L’ICCO préconise, dans ce sens, de nouvelles méthodes lors du processus de production.

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