Afrique

Non lieu requis contre les soldats français accusés de viols en Centrafrique

« C'est la manifestation d'un manque de considération pour les parties civiles et cela alimente le soupçon de vouloir en finir au plus vite », a commenté l'avocat de la partie civile.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 22.03.2017 - Mıse À Jour : 23.03.2017
Non lieu requis contre les soldats français accusés de viols en Centrafrique

France


AA/ Paris/ Souhir Bousbih

Le parquet de Paris a requis un non-lieu dans l'enquête sur les accusations de viols portées par des enfants contre des soldats français de l'opération « Sangaris » en République Centrafricain, entre 2013 et 2014, a rapporté mercredi la presse française.

Le parquet a estimé qu' « il ne peut être affirmé, à l'issue de l'information, qu'aucun abus n'a été commis sur ces mineurs », mais que les éléments et « la variation des témoignages ne permettent pas d'établir les faits circonstanciés et étayés à l'encontre des militaires qui ont pu être entendus comme mis en cause dans ce dossier », d'après le quotidien français ‘20Minutes’.

« Le parquet n'a même pas attendu que les juges se prononcent sur cette demande », a, pour sa part, regretté Emmanuel Daoud, avocat de la partie civile, cité par le quotidien Le Monde. « C'est la manifestation d'un manque de considération pour les parties civiles et cela alimente le soupçon de vouloir en finir au plus vite », a-t-il ajouté.

L'affaire avait été révélée au grand jour fin avril 2015 par le quotidien britannique ‘The Guardian’. Le journal britannique avait mis la main sur une note interne de l'ONU relatant les auditions de six enfants, âgés de 9 à 13 ans, qui détaillaient des abus sexuels commis par des militaires dans le camp de déplacés de l'aéroport M'Poko de Bangui (capitale centrafricaine) en échange de ration de nourritures entre 2013 et 2014.

Saisi par le ministère de la Défense, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire dès juillet 2014, mais l'existence de cette enquête n'avait pas été rendue publique, faisant peser le soupçon sur l'ONU et les autorités françaises d'avoir voulu étouffer l'affaire.

Dans leurs témoignages, relate Le Monde, les enfants ont donné des détails permettant à la justice d'identifier quatorze militaires.

De nouvelles auditions des enfants, menées en 2015 et 2016 par les juges et la gendarmerie chargés de l'enquête, ont fait état de discordances dans les récits des enfants, et la liste des militaires impliqués s'était réduite à six. Ces derniers ont nié les faits d'abus sexuels, mais sur le téléphone d'un d'entre eux, huit images à caractère pédopornographique avaient été retrouvées. Une autre enquête judiciaire, ouverte pour des faits similaires de soldats "Sangaris" entre 2013 et 2015 dans l'est du Pays, est toujours en cours.

L’opération militaire française "Sangaris" a été conduite en République centrafricaine du 5 décembre 2013 au 31 octobre 2016, au plus fort de la crise née du renversement du président François Bozizé et du déclenchement d'un conflit inter-communautaire opposant Séléka (groupes politico-militaires musulmans) et anti-Balaka (milices chrétiennes).

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