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Nouvelle embrouille entre Alger et Rabat

Selon plusieurs médias marocains, un diplomate marocain à Sainte-Lucie ( Antilles), aurait été frappé par le directeur général au ministère algérien des Affaires étrangères, fait rejeté par Alger.

Nadia Chahed  | 20.05.2017 - Mıse À Jour : 20.05.2017
Nouvelle embrouille entre Alger et Rabat

Alger


AA/Alger/Karim Kabir

Nouveau coup de froid dans les relations algéro-marocaines : près d’un mois après « l’affaire » des ressortissants syriens, un nouvel « incident » vient empoisonner, de nouveau, la relation, déjà difficile, entre Alger et Rabat.

Selon plusieurs médias marocains, Mohamed Ali Khamlichi, numéro deux de l’ambassade du Maroc à Sainte-Lucie ( Antilles), aurait été frappé lors d’une rencontre internationale, jeudi 18 mai, par Soufiane Mimouni, directeur général au ministère algérien des Affaires étrangères.

D’après ces sources, le diplomate marocain a été transporté à l’hôpital et une plainte a été déposée contre l’Algérien. «Arriver ainsi à transgresser tous les us et coutumes diplomatiques, de la part d’un haut diplomate, troisième personnage du MAE algérien, c’est grave. Ce genre d’extrême, jusqu’à l’agression physique, c’est unique dans les annales », a réagi le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita.

Une version que conteste et que rejette Alger. « Nous considérons que les accusations proférées contre notre diplomate ne sont rien de plus qu'une piètre mise en scène d'une médiocre pièce de théâtre et une répétition des méthodes et d'un scénario auxquels nous avons été habitués », a réagi, pour sa part, le porte-parole algérien des affaires étrangères, Benali Chérif, cité par l’agence officielle APS.

«La réalité des faits tels qu'ils se sont déroulés est à l'antipode de la version avancée », a-t-il affirmé, précisant que «les informations rapportées par des médias marocains et reprises en l'état par certains sites au sujet d'une prétendue agression physique qui aurait été commise par un diplomate algérien de haut rang sur un membre de la délégation marocaine en marge de la tenue à Saint-Vincent-et-les Grenadines du séminaire régional organisé par le comité spécial de décolonisation communément appelé le C24, sont des informations inventées, infondées, fausses et mensongères et sans aucun lien avec la réalité ».

«Un membre de la délégation algérienne, une jeune diplomate en l'occurrence, a fait l'objet, depuis le début des travaux du séminaire, d’un harcèlement permanent et a même été victime de tentatives d'agressions de la part d'éléments de la délégation marocaine, ce qui a amené les autorités du pays organisateur à désigner des agents pour assurer sa sécurité », a-t-il expliqué ajoutant que «les accusations contre notre diplomate sont une nouvelle fuite en avant et une illustration du dépit suite au travers et à l'échec subis par la diplomatie marocaine après le refus du Comité des vingt-quatre de céder à la pression visant à priver le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination ».

Selon Benali Chérif, «les hautes autorités onusiennes ont été informées des détails de ce regrettable incident».

Ce n’est pas la première fois qu’une poussée de tension est enregistrée entre les deux pays. Le 22 avril dernier, les autorités marocaines avaient accusé l’Algérie d’avoir expulsé vers sa frontière un groupe de 55 Syriens, «dont des femmes et des enfants dans une situation très vulnérable », pour «semer le trouble» sur la frontière et «générer un flux migratoire incontrôlable ».
Selon le ministère de l'Intérieur marocain, ces Syriens ont été «expulsés » par l'Algérie dans la zone frontalière maroco-algérienne, près de la ville de Figuig (nord-est), «contrairement aux règles de bon voisinage prônées par le Maroc ».

Alger avait rejeté ces accusations en disant regretter que le Royaume veuille, par de telles accusations, «nuire à l'Algérie » et lui imputer «des pratiques étrangères à son éthique et ses traditions d’hospitalité bien établies ».

Alger avait également critiqué «cette propension des autorités marocaines à surabondamment exploiter des drames humains à des fins de propagande hostile». En novembre 2013, un jeune marocain avait escaladé les murs du consulat d’Algérie à Casablanca et avait arraché le drapeau algérien pour «protester contre le contenu d’une lettre du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, à la réunion de soutien au peuple sahraoui à Abuja, au Nigéria, quelques jours auparavant ».

Malgré les excuses officielles présentées par le Maroc, les relations sont demeurées difficiles entre les deux pays qui ont pourtant en partage, l’histoire, les langues et les religions. Rabat accuse toujours Alger de soutenir le mouvement Polisario qui réclame l’autodétermination, dans le cadre de l’ONU, pour le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole.

Le Maroc propose, quant à lui, une large autonomie à ce territoire mais sous sa souveraineté. La question sahraouie empoisonne les relations entre les deux pays et empêche la construction du Maghreb dont l’acte fondateur a été proclamé en 1989. Signe de la difficulté des deux pays à établir des relations normales : les frontières entre les deux pays sont toujours fermées depuis 1994, date à laquelle Rabat avait accusé les services algériens d’être derrière un attentat qui avait frappé alors le Maroc.

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