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Rejet de l’enquête onusienne au Kasaï (RDC): Kinshasa "soulagé"/l’opposition "déçue"

-Les affrontements qui opposent depuis aout dernier les forces régulières à une milice dans le Kasaï ont déjà fait 3 383 tués, selon un bilan de l’Eglise catholique romaine en RDC

Slim Jerbia  | 23.06.2017 - Mıse À Jour : 25.06.2017
Rejet de l’enquête onusienne au Kasaï (RDC): Kinshasa "soulagé"/l’opposition "déçue"

Kinshasa

AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa

"La voix de la sagesse a prévalu et nous en sommes satisfaits" a réagit vendredi le ministre Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la République Démocratique du Cono (RDC), après l’abandon d’une enquête internationale de l’ONU sur les violences au Kasaï dans le centre du pays.

Soutenu par de nombreux pays africains dont le Burundi, le Togo, le Botswana, le Soudan, le Mozambique, l’Algérie et l’Egypte, face aux Etats-Unis et à l’Union européenne (UE) lors de la trente-cinquième session du Conseil des droits de l’homme tenue à Genève cette semaine, Kinshasa a obtenu la direction de l’enquête exigée sur les violences qui secouent les provinces du Kasaï depuis dix mois.

Discuté jeudi et adopté vendredi, la résolution consacre l’envoi des enquêteurs onusiens dans la région du Kasaï mais sous direction des autorités congolaises à qui les résultats de cette enquête seront adressés.

Dans les rues de Kinshasa, la capitale congolaise la déception a pris le dessus, ce matin. "C’est un coup dur pour la nation entière. Nous regrettons l’appui des pays africains dans une telle affaire" a réagit à Anadolu, Delly Sessanga, député d’opposition et notable du Kasaï.

Dans la même lignée politique, le député Claudel Lubaya ancien gouverneur dans la région du Kasaï trouve "paradoxal" le fait pour Kinshasa d’affirmer "n'avoir rien à se reprocher" et son "acharnement" à empêcher la mise en place d'une commission d'enquête internationale.

Ceci porte à croire, selon lui, que "Kinshasa pourrait réellement avoir des choses à cacher" a-t-il affirmé exprimant une immense déception d’une population "assoiffée de la justice" depuis plusieurs décennies.

En outre, "Le fait que la commission de l’ONU se greffe dans l’équipe nationale suscite des inquiétudes. Nous sommes plus que jamais sceptiques " a déclaré Rostin Manketa le directeur de l’ONG congolaise la voix des sans vois (VSV).

Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme Zeid Ra'ad Al Hussein, avait pourtant accusé mardi les autorités congolaises d’avoir armé une milice dite "Bana Mura" et qui aiderait les forces de sécurité congolaises à combattre la milice de Kamwina Nsapu qui sévit dans le Kasaï.

Al Hussein a porté cette accusation après avoir envoyé la semaine dernière une équipe d’experts pour entendre des Congolais de la région du Kasaï refugiés en Angola.

Selon un décompte de la nonciature de l’Eglise catholique dévoilé lundi à Kinshasa, 3 383 personnes ont été tués dans les violences au Kasaï où des enquêteurs onusiens ont aussi répertorié 42 fosses communes.

La région du Kasaï s’est embrasée depuis la mort de Jean-Pierre Mpandi dit Kamwina Nsapu.

Ce chef traditionnel influent, à défaut d’être reconnu par Kinshasa comme successeur de sa lignée sur une localité dans la province du Kasaï-central, avait appelé en juin 2016 à une insurrection contre l’Etat et le président Joseph Kabila qui devait initialement achever son dernier mandat six mois plus tard.

Kamwina Nsapu, nom attribué à la milice emmenée par ses partisans, avait été abattu lors d’un assaut brutal de la police, le 12 aout 2016 contre sa résidence à Tshimbulu dans la province du Kasaï-central.

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