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Tunisie : Atmosphère plutôt festive, le 14 janvier (Reportage)

- 2018 sera l’année de la jeunesse, assure le président Caïd Essebsi qui a annoncé la création d’un Fonds de solidarité en faveur des familles nécessiteuses

Esma Ben Said  | 14.01.2018 - Mıse À Jour : 15.01.2018
Tunisie : Atmosphère plutôt festive, le 14 janvier (Reportage)

Tunisia

AA / Tunis / Bouazza Ben Bouazza

Plus de 2.000 personnes se sont rassemblées, dimanche, sur l’avenue Bourguiba, la principale artère de la capitale tunisienne, pour marquer le 7èmeanniversaire de la révolution dite du jasmin qui avait fait chuter le régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, qui a gouverné le pays d’une main de fer pendant 23 ans.

C’est dans ce boulevard que le 14 janvier 2011 une foule massive estimée à plus de 20.000 manifestants avait crié « dégage » à Ben Ali qui a fini par quitter le pays dans la journée pour aller se réfugier, depuis, en Arabie Saoudite.

«Nous allons continuer à faire pression sur le gouvernement jusqu’à la révision de la nouvelle loi de finance qui appauvrit davantage les pauvres et enrichit plus les riches», a lancé devant la foule le dirigeant du Front populaire, une coalition de gauche, Hamma Hammami.

Ces derniers jours, des manifestations violentes ont secoué le pays à la suite de l’adoption de cette loi qui a introduit une hausse des prix et de nouvelles taxes dans le but de réduire les déficits publics qui ont atteint des niveaux sans précédents.

Plusieurs partis dont le mouvement d'obédiance islamique «Ennahdha», membre de la coalition au pouvoir et d’autres formations de l’opposition ainsi que des organisations de la société civile étaient présents au rassemblement de dimanche.

Un peu plus loin, la député Samia Abbou connue pour ses critiques virulentes contre le pouvoir, donnait un autre ton.

«Nous sommes venus dénoncer un système corrompu à tous les niveaux. La liberté signifie aussi la transparence dans la gestion des deniers publics et exige une prise de conscience de la population pour lutter contre la corruption», a déclaré à l’agence Anadolu, Samia Abbou, une député de l’opposition.

Son collègue Ghazi Chaouachi, du Courant Démocratique (opposition) disait, lui, «sa fierté pour la grande révolution déclenchée par la jeunesse tunisienne».

«Nous sommes fiers de la liberté acquise, mais nous sommes encore loin des objectifs de la révolution pour la réalisation de la dignité et l’amélioration des conditions de vie de la population», a-t-il opiné.

Il souligne, néanmoins, «garder espoir en faisant pression comme aujourd’hui sur le gouvernement afin de réaliser le minimum des attentes des Tunisiens».

Encadrés par un important dispositif sécuritaire, la manifestation s’est déroulée sans incident.
Bien plus, l’atmosphère était à certains endroits de bonne humeur. Un orchestre de jeunes artistes installé en face du théâtre municipal entonnait des chants engagés devant une foule de jeunes attentionnée.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi s’est, pour sa part, déplacé dans la cité populaire d’Attadhamoun, où il a inauguré une maison de jeunes qu’il a qualifiée de «modèle».

Le bâtiment qui avait été incendié lors des troubles qui ont accompagné la révolution, a été rénové, grâce à la contribution de particuliers et de la société civile. Elle renferme des espaces familiaux et d’autres pour les activités de jeunesse dont des terrains de sport, un parcours de santé et doté d’une radio Web.

S’adressant à la population locale, il a annoncé la création d’un «fonds de solidarité», dont le décret sera signé lundi par le premier ministre Youssef Chahed et qui est appelé à fournir des aides aux familles nécessiteuses.

Selon lui, «l’année 2018 sera marquée par l’intérêt que nous allons porter à la jeunesse», en rappelant que le problème chronique du chômage qui touche plus de 620.000 personnes dont 250.000 diplômés.

«L’Etat n’a pas de grands moyens, mais nous allons faire en sorte que les ressources modestes dont nous disposons soient réparties le plus équitablement possible», a-t-il promis.

Le chef de l’Etat a, par la même occasion, distribué des attestations de prêts à 13 jeunes, parmi lesquelles figuraient cinq femmes, pour leur permettre de monter des petits projets dans cette cité démunie.

Il a, d’autre part, assuré que «la liste définitive des martyrs et des blessés de la révolution sera prête au plus tard le 31 mars», en exprimant sa compréhension quant à la colère de leurs familles face au retard mis dans l’établissement de cette liste.

La Cité Attadhamoun qui compte près de 85 mille habitants, est considérée comme l'un des quartiers les plus défavorisés de la Tunisie.

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