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Tunisie : Le gouverneur de la Banque centrale à deux doigts de la sortie

- La procédure de limogeage du gouverneur de la Banque centrale, entamée par le chef du gouvernement, a été validé par le président de la République et une séance plénière du parlement aura lieu le 15 février pour la voter

Lassaad Ben Ahmed  | 08.02.2018 - Mıse À Jour : 08.02.2018
Tunisie : Le gouverneur de la Banque centrale à deux doigts de la sortie

Tunisia

AA / Tunis / Bouazza Ben Bouazza

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a décidé, jeudi, de transférer à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP/Parlement), la proposition du chef du gouvernement, Youssef Chahed, de démettre Chedli Ayari de ses fonctions de gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a annoncé un communiqué de la présidence

La même requête propose de nommer Marouane Abbassi comme successeur. Cette mesure a été prise conformément à l’article 78 de la Constitution, précise le communiqué.

On apprend également que l’ARP tiendra le 15 février une séance plénière pour voter cette décision et la confiance au successeur pressenti, Marouane Abassi, un haut cadre de la Banque mondiale.

Le limogeage de Chedli Ayari est intervenu quelques heures à peine après le vote, mercredi, par le parlement européen d'une motion inscrivant la Tunisie dans la liste noire des pays «fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme».

Le gouverneur désavoué de la BCT dont «la tête» avait été réclamée ces derniers jours par le secrétaire général de la centrale syndicale, UGTT, Noureddine Taboubi, est accusé d’avoir fermé les yeux sur des transferts douteux en faveur d’ONG et de partis politiques. La dernière accusation en date a été formulée, mercredi, par le député Sahbi Ben Frej.

Selon le député d'Al Horra «il y a une quasi-unanimité en Tunisie sur le fait que l'ancien gouverneur de la Banque centrale représente l'un des obstacles les plus importants au développement et à la modernisation de la politique monétaire, financière et de change dans le pays.»

«Ni son âge, ni sa formation ne lui permettaient de rattraper la révolution financière et monétaire dans le monde, de répondre aux exigences de l'économie tunisienne, de prendre les décisions nécessaires en temps opportun ou de suivre les catastrophes qui ont lieu dans les coulisses de la Banque centrale», a écrit l’élu, dans un post relayé sur les réseaux sociaux.

«J’ai moi-même interrogé l’ancien gouverneur sur des soupçons de corruption impliquant une grande institution financière, sans avoir eu de sa part, la moindre réponse convaincante», a-t-il ajouté.

«Au mois de septembre dernier j’ai déposé auprès de l’Instance de lutte contre la corruption un dossier documenté sur des soupçons de blanchiment d’argent et de transfert de devises avec la complicité des services de la Banque centrale.», a indiqué Sahbi Ben Fredj, annexant la correspondance adressée à l’INLUCC.

«De fausses opérations d’export vers la Libye, des fausses factures, du blanchiment d'argent, du change sans obligation légale et en millions de dollars. Dossier qui vient d’être transféré au pôle judiciaire de lutte contre la corruption qui a entamé les investigations», a-t-il affirmé.

Le document daté du 20 septembre 2017, concerne «des documents prouvant des opérations suspectes d’une société appartenant à des citoyens libyens qui a procédé à des transferts illégaux de devises avec la complicité des services de la BC ».

La correspondance appelle l’INLUCC à ouvrir une enquête sur le sujet dans la mesure où une banque libyenne a également informé la Commission tunisienne des Analyses Financières de la BCT de ces transactions.

Le député évoque les raisons qui ont fait que Chedly Ayari ait gardé son poste durant six ans et avec sept gouvernements successifs.

«Qui a décidé sans raison logique de limoger Mustapha Kamel Nabli et pourquoi ? Qui a choisi Chedly Ayari et décidé de le nommer au poste le plus délicat en connaissance de cause de ses capacités physiques et intellectuelles et de ses autres limites ? Qui a nommé un « zelm » (partisan de l’ancien régime) notoire à un poste aussi sensible ? », s’est interrogé Sahbi Ben Fredj, avant d’appeler à la révocation «dans les plus brefs délais» du vice-gouverneur de la Banque centrale.


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