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Burundi: La carence en devises accable une économie en berne

- Réagissant aux violations des droits de l’Homme commises par le régime en place, plusieurs organisations internationales dont l’Union européenne (UE) ont pris des sanctions contre ce pauvre pays d’Afrique de l’Est.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 10.02.2017 - Mıse À Jour : 11.02.2017
Burundi: La carence en devises accable une économie en berne

Bujumbura


AA/Bujumbura/ King Juvénal

Trouver des devises dans les banques commerciales burundaises et les bureaux de change est devenu un véritable casse-tête.

Cette rareté des devises au Burundi s’est observée depuis que certains pays et organisations étrangères, notamment l’Union Européenne et la Belgique, qui étaient les principaux bailleurs de fonds du Burundi, ont suspendu leurs aides financières, au lendemain des élections contestées de 2015.

Une telle situation a entraîné la dévaluation de la monnaie burundaise. Aujourd’hui, le taux de change du dollar américain est officiellement de 1680 francs burundais, mais comme on ne peut pas le trouver en quantité suffisante dans les institutions officielles (banques commerciales et bureaux de change), les gens sont obligés de se tourner vers le marché parallèle où le taux de change est alors de 2700 francs burundais le dollar américain. L’impact de cette carence de la monnaie étrangère est énorme aussi bien sur la population que sur les commerçant et en particuliers les importateurs.

Certains commerçants interrogés par le correspondant d’Anadolu crient à la faillite. « C’est vraiment très difficile pour nous les commerçants. Nous achetons les devises au marché noir à un prix très élevé parce que nous n’en trouvons pas dans les banques, et quand nous importons les marchandises, nous les vendons à perte car la monnaie burundaise a connu une importante dévaluation, nous demandons au gouvernement de tout faire pour mettre fin à cette situation », se lamente Kabasere, un commerçant.

Obnubilé par la peur de tout perdre, son confrère Jiji a ajouté : «Le problème c’est que quand nous importons les marchandises dans le contexte actuel, pour faire un peu de bénéfice il faut au moins doubler le prix avec la dévaluation de la monnaie burundaise. Or, les gens n’ont pas la capacité financière d’aborder ce prix. Nous nous trouvons donc dans l’obligation de le diminuer, quitte à enregistrer souvent des pertes ».

En plus de ces commerçants, la population se lamente également de la montée des prix, occasionnée par cette rareté des devises. «La rareté des devises affecte considérablement notre vie quotidienne. Les prix de tous les produits, surtout ceux importés ont augmenté alors que nous n’avons pas de pouvoir d’achat, nous souffrons énormément », ont lancé des habitants de la capitale. «Si la situation reste telle qu’elle est, en tout cas, nous ne pourrons plus nous procurer des besoins ne serait-ce que de première nécessité, les prix font vraiment peur alors que nous n’avons pas de ressources », ont-ils déploré.

Ciza Jean, gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB), confirme la situation financière du pays. « Comme les devises sont en baisse ces jours-ci, les bureaux de change font augmenter les enchères. Malheureusement, ils ne vendent pas dans les bureaux comme convenu mais en dehors des bureaux. Ça devient donc un marché noir difficile à contrôler. Le problème se pose en termes de disponibilité », fait-il observer, dans une déclaration à Anadolu.

De son coté, Faustin Ndikumana, spécialiste des questions économiques propose certaines stratégies pour remédier à cette situation. « Le gouvernement doit tout faire pour renouer la coopération avec les bailleurs de fonds qui nous donnaient des aides en monnaies étrangères, ceci n’est pas trop compliqué, il suffit de remplir leurs exigences. Le Burundi doit aussi ouvrir ses frontières avec le pays voisin, le Rwanda, pour faciliter l'acheminement des importations. Mais aussi, en plus du café et du thé, il faut songer à diversifier la gamme des produits d’exportation qui apportent les devises » explique t-il.

Le Burundi fait les frais d’une crise politique et sécuritaire déclenchée depuis avril 2015, date de dépôt de la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un mandat « anticonstitutionnel ». Réagissant aux violations des droits de l’Homme commises par le régime en place en réprimant ses opposants, plusieurs organisations internationales dont l’Union européenne (UE) ont pris des sanctions contre ce pauvre pays d’Afrique de l’Est.

Elles ont suspendu leurs aides, alors que l’économie nationale burundaise dépendait à plus de 50% des aides étrangères. Le régime burundais en place mise désormais sur de nouveaux partenaires comme la Chine ou encore la Russie pour remédier au boycott de ses partenaires classiques, notamment la Belgique.

Pays comptant 9,4 millions d'habitants, le Burundi est le pays le plus pauvre du monde, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) par tête d'habitant de l'ordre de 315,2 dollars usd, selon les des données du Fonds Monétaire International (FMI).

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