Analyse, Afrique

Pays africains vs Ebola : 2015, l’année du combat, 2016 l’année de la victoire définitive? (papier bilan-analyse)

L’épidémie est quasiment éradiquée mais la prudence reste de mise pour l'année 2016.

Esma Ben Said  | 22.12.2015 - Mıse À Jour : 23.12.2015
Pays africains vs Ebola : 2015, l’année du combat, 2016 l’année de la victoire définitive? (papier bilan-analyse)

Tunis

AA/Tunis/Esma Ben Said

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’avait prédit : «l’épidémie de l’Ebola pourra être éradiquée d’ici la fin de l’année 2015», selon les déclarations du directeur général adjoint de l’institution onusienne, Bruce Alylward, lors d’une conférence de presse tenue à Genève en août dernier.

L’Ebola est une maladie virale hautement contagieuse pour laquelle il n’existe aucun remède ou traitement.  Le virus est transmis aux humains par des animaux sauvages et se propage par contagion entre êtres humains. Une maladie qui semble donc, de prime abord, incontrôlable. Mais c'était sans compter la ténacité des gouvernements africains durant près de deux ans, soutenus par la communauté internationale.

Après des débuts chaotiques, la prédiction de l'OMS semble se réaliser, puisque l’année 2015 s’achève effectivement sur un succès du continent africain, même si quelques cas sporadiques ont ressurgi, ces dernières semaines, notamment au Libéria. Il faudra maintenant attendre le 28 décembre pour la Guinée et le 14 janvier 2016 pour le Liberia- si aucun cas n’est déclaré d’ici là - pour déclarer les pays exempt de contamination et donc parler de véritable victoire.

Rétrospective d’une année marquée par des pertes, mais aussi une riposte, qui a abouti au terrassement quasi-définitif de la maladie.

L’épidémie du virus Ebola- apparue pour la première fois au Soudan et en République démocratique du Congo, en 1976 - a frappé pas moins de neuf pays. Mais c'est surtout la Guinée (3804 cas et 2536 morts recensés au 9 décembre 2015), le Liberia (10 675 cas, 4809 décès) et la Sierra Leone (14 122 cas, 3955 morts) qui ont enregistré le plus grand nombre de morts.

Pour l'année 2014, les africains ont enterré au total 7.779 morts, mais aussi leur économie, leur tourisme et le système scolaire. Le pélerinage à la Mecque avait été empêché -durant deux années de suite- tandis que le Maroc s'est désisté d'organiser la Coupe africaine des Nations (CAN) du 17 janvier au 8 février 2015 (le sauvetage de la CAN avait finalement été assuré par la Guinée Equatoriale, sur fond de grogne sociale).

 Une panique généralisée (avec fermeture des frontières) avait provoqué une certaine récession économique. En 2014 (comparé à 2013) la croissance annuelle du Libéria est passée de 5,9% à 0,4%, celle de la Guinée de 4,5 à 1,3 % et celle de la Sierra Leone de 11,3 à 6 %. D'après la Banque mondiale, les pertes en produit intérieur brut pour les trois pays s'élèvaient à pas moins de 2,4 milliards de dollars.

Dès le 23 mars 2014, la Guinée avait informé l'OMS d'une "épidémie au développement rapide" mais l'institution onusienne n'a décrété la mobilisation mondiale qu'en août 2014 et les premières aides n'ont été disponibles qu'à la mi-octobre de la même année.

Il aura donc fallu attendre le début de l'année 2015, pour observer les premières victoires du combat opposant le continent noir au virus fatal.

Les autorités africaines et les acteurs de la lutte contre l'épidémie avaient clairement affiché l'ambition de marquer l'année 2015, du sceau de la riposte efficace et de tirer les leçons de 2014 en s'engageant d'avantage dans la sensibilisation des populations, dans l'intervention immédiate, la mise en quarantaine et le suivi des malades, et surtout dans la coordination à échelle nationale.

Dès le 22 janvier 2015, le déclin de la maladie, était qualifié de "radical", par l’OMS.  L'année courante aura enregistré  3521 morts, soit deux fois mois de morts qu'en 2014.

Un ralentissement de l'épidémie rendu possible grâce à l'engagement des pays africains qui, à travers des centres de lutte spécialisés et une coordination nationale et régionale, ont empêché la propagation de la maladie.

La mobilisation internationale a quant à elle, permis aux trois Etats ouest-africains d'avoir les "capacités suffisantes pour isoler et traiter les patients" et "les capacités suffisantes pour enterrer toutes les personnes mortes d'Ebola", selon l'OMS.

Volet financier, les initiatives gouvernementales africaines et internationales ont contribué à mobiliser 7.872 milliards de dollars, selon les dernières données communiquées le 18 novembre 2015 par la Banque Mondiale (BM). Ces fonds, ont notamment pour objectif de renforcer les systèmes de santé pour les années à venir.

Signe du net recul des cas confirmés : la réouverture, en février, des écoles guinéennes, fermées par précaution pendant 3 mois et demi, puis des écoles de la Sierra Leone, en avril, après une année d'interruption. 

Autre signe de décrispation, la réouverture, fin janvier, des frontières sénégalaises, avec la République de Guinée, après cinq mois de fermeture à cause de la menace Ebola.

Alors que la réapparition de l'épidémie Ebola au Liberia fin novembre, liée, selon l'OMS à la persistance du virus chez une personne précédemment infectée qui avait guéri avant de retomber malade, pousse à la prudence avant de parler d'éradiction totale, les perspectives pour l'année 2016, sont "très bonnes", d'après le personnel de santé.

Les perspectives économiques se sont, quant à elle, améliorées avec la fin proche de l’épidémie Ebola et la croissance pourrait même rebondir à près de 4 pour cent, en Guinée, d'où s'est déclenchée l'épidémie, d'après les prévisions du Fonds Monétaire international (FMI).

Afin de mieux s'armer pour le futur, dès le mois de mars 2016, un Centre régional de contrôle et de surveillance des maladies sera opérationnel en Afrique, d'après une annonce récente de l’Organisation ouest africaine de la santé (Ooas).  Le budget alloué à ce centre s’élèvera à 5 millions de dollars pour l’exercice 2016. Tout au plus, 2 millions de dollars supplémentaires sont prévus pour des interventions rapides en cas d’épidémies.

En janvier dernier, le président zimbabwéen, Robert Mugabe avait indiqué à Anadolu, en marge du sommet de l’Union Africaine (UA), à Addis-Abeba, que « L’Afrique plus que jamais unie, sera capable de maitriser les épidémies». Une prophétie qui se réalise à la lumière de cette victoire, fruit d'un long combat qui devrait se poursuivre en 2016.

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