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Pourquoi le Maroc veut adhérer à la Cedeao ?

- Gouvernance institutionnelle, cadre politique, politique monétaire et synergies réelles entre les différents pays de la communauté ouest-africaine sont entre autres les mobiles de la démarche marocaine.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 01.03.2017 - Mıse À Jour : 02.03.2017
Pourquoi le Maroc veut adhérer à la Cedeao ?

Abidjan

AA/ Abidjan (Côte d'Ivoire)/ Fulbert Yao

Le recentrage de la politique africaine du Maroc trouve son expression dans la récente demande du royaume chérifien d’adhérer à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Après une absence de 33 ans, le pays du roi Hassan II vient de réintégrer l’Union Africaine (UA), mais il semble déterminé à aller encore plus loin, s’agissant de son intégration africaine.

Le prochain sommet de cette Organisation ouest-africaine, créée en 1975, prévu fin mai à Monrovia (Libéria), devrait statuer sur la demande du royaume d’adhérer à la Communauté ouest-africaine.

• Une meilleure mobilité, plus de flux de biens et services 


Selon des ministres et dirigeants marocains et ivoiriens interrogés par Anadolu, à l'occasion de la visite du Roi du Maroc Mohamed VI à Abidjan (24 février-3 mars), ce rapprochement revêt des enjeux économiques, politiques et stratégiques.

Quoiqu'appartenant géographiquement à la sphère nord-africaine, le Maroc arrive à justifier d'un enracinement « historique, humain et culturel » avec l'Afrique de l'Ouest, d'après le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Salaheddine Mezouar.

De l’avis du chef de la diplomatie marocaine, « le Maroc est le plus grand partenaire africain de l'espace Cedeao » et son intégration obéit à une logique « gagnant-gagnant ».

« Le Maroc apportera son dynamise économique, ses relations avec les différents partenaires internationaux, (...), particulièrement les pays du golfe. Il apportera également son savoir-faire qu'il a accumulé durant ces années et le dynamisme de son économie », poursuit le ministre.

« Aujourd'hui, en créant une zone de libre échange, on facilitera encore plus le mouvement des populations, les flux des biens et services, et ça permet de renforcer la coopération, les échanges, et de pousser nos entreprises à investir encore plus dans cette zone», soutient pour sa part Abdou Diop, président de la Commission Sud-Sud de la Confédération générale des entreprises du Maroc.

Abondant dans le même sens, le président directeur général du groupe Attijari Wafa Bank, Mohamed El Kettani, affirme qu' « en rejoignant ce bloc régional qui dispose d’une gouvernance institutionnelle, d’un cadre politique, dune politique monétaire fluide, le Maroc a tout à gagner puisque cette communauté offre des synergies réelles entre les différents pays ». 

• Renforcement du climat sécuritaire 

Outre l'objectif économique affiché, l'intégration du Maroc permettra de renforcer les capacités des institutions sécuritaires de la zone, soutient le ministre ivoirien de la Défense, Alain Richard Donwahi.

« Le Maroc fait partie de notre continent et a décidé depuis un certain moment de se tourner vers l’Afrique de l’Ouest. Étant une grande puissance du continent, son adhésion à la Cedeao permettra un meilleur échange sur les questions sécuritaires, surtout que ce pays jouit d'une stabilité remarquable. Son adhésion permettra aussi de consolider cet espace économique et surtout de faire en sorte que cette Afrique que nous voulons émergente soit vraiment émergente dans un avenir proche ». 

• Un grand héritage civilisationnel 

Pays arabe nord-africain, le Maroc part à la conquête de l’Afrique, fort d’un grand héritage civilisationnel. La diffusion de l’Islam en Afrique noire en constitue un fondement de taille. D’ailleurs, le nombre des musulmans s’élève à 190 millions, en Afrique de l’Ouest, selon des rapports de la presse internationale.

Les premiers contacts entre le monde musulman et l’Afrique remontent, en effet, au VIIIe siècle, grâce aux commerçants arabo-berbères qui sillonnent la zone soudano-sahélienne. Tombouctou, dans le Nord-Mali, devient, à partir du XVe siècle, « le principal foyer du savoir islamique dans le sud du Sahara », d’après les mêmes sources.

L’autre atout favorable à un meilleur rapprochement Maroc-Afrique est, à bien des égards, la pénétration de la langue arabe dans certaines langues africaines, dont le swahili, langue officielle de la Tanzanie parlée également au Kenya, en Ouganda et dans certaines parties du Zaïre et du Mozambique, entre autres, d’après une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). « Le vocabulaire de base du swahili comprend 20 % de mots venant de l'arabe », fait savoir l’Unesco.

Volet politique, la Conférence des chefs d'État arabes organisée à Alger en novembre 1973 ne peut-être qu’un événement mémorable. Le soutien arabe à la lutte de libération en Afrique fut tel qu’on l’espérait, selon la même étude de l'agence onusienne.


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