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Cameroun: L’extrême-Nord terrorisé par Boko Haram risque la famine

Les agriculteurs apeurés par les exactions du groupe armé nigérian ont abandonné les champs.

12.02.2015 - Mıse À Jour : 12.02.2015
Cameroun: L’extrême-Nord terrorisé par Boko Haram risque la famine

AA/Maroua (Cameroun)/Anne Mireille Nzouankeu

Koza, une ville camerounaise située dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, encourt un vrai risque de famine, à cause de Boko Haram. 

Au marché de la ville le prix des denrées alimentaires a triplé. D’ailleurs, « il n’y a en a même pas », explique Aminata Mvrigui, une ménagère rencontrée sur place. «Un oignon est vendu à 50Fcfa (0,9 usd) alors qu’avant avec la même somme d’argent, on avait entre trois et quatre oignons. Il y a des jours où on a de l’argent mais il n’y a pas de nourriture à acheter. Le mil qui est notre aliment principal a disparu des étals, le sorgho aussi », dit Mvrigui.

La rareté des denrées alimentaires n’est pas spécifique à la ville de Koza, elle est plutôt constatée dans toute cette région frontalière avec le Nigeria. Pour ce qui est des céréales à savoir le maïs, le mil et le sorgho par exemple, « durant la campagne agricole écoulée, la région de l’Extrême-Nord a connu un déficit céréalier de 132 000 tonnes sur 770 300 tonnes escomptés », explique Abakachi, le responsable local du ministère de l’Agriculture, lors d’une rencontre avec  Anadolu en janvier à Maroua.Toutefois, ce déficit céréalier est inégalement reparti. Sur les six départements que compte la région, trois sont les plus touchés. « Le Mayo Sava, le Mayo Tsanaga et le Logone et Chari ont connu un déficit céréalier de 125.870 tonnes sur un déficit total de 132 000 tonnes. Ces trois unités administratives sont très exposées à une crise alimentaire », révèle Abakachi.

Le cadre administratif explique que l’une des principales causes de ce déficit céréalier est « l’abandon des champs par les paysans des villages frontaliers avec le Nigeria », fuyant les violences perpétrées au Cameroun par le groupe terroriste Boko Haram.  En effet, les villes et les villages les plus fréquemment attaqués par Boko Haram sont situés dans ces trois départements. Il s’agit de Fotokol, Tourou, Amchidé ou encore Kolofata.  A ce déficit céréalier, s’ajoute l’arrivée de milliers de nigérians qui traversent la frontière pour se refugier au Cameroun. D’après les plus récentes statistiques du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il y a actuellement près de 30 000 réfugiés sur le site de Minawao dans la région de l’extrême-Nord. Mais, « il ne s’agit là que de ceux qui ont choisi d’aller dans un camp. Il y en a beaucoup d’autres dans des familles », explique une source municipale à Anadolu. « Ces personnes doivent elles aussi se nourrir, or la nourriture disponible est déjà insuffisante pour les populations locales. Voilà le problème », ajoute la même source.

On retrouve, par ailleurs, les mêmes ethnies de part et d’autre de la frontière Cameroun-Nigeria. On y parle les mêmes langues locales à savoir principalement le Mafa et le Kapsiki. D’ailleurs certains noms de villages sont semblables. C’est le cas de Kerawa au Cameroun et également au Nigeria ou de Gamboru au Nigeria et de Gambarou au Cameroun. Il est donc fréquent que les mêmes familles se retrouvent d’une part et de l’autre de la frontière.  Au début de l’année, le gouvernement a annoncé l’envoi d’une aide alimentaire dans la région de l’Extrême-Nord. Plus d’un mois plus tard, cette aide n’était pas encore envoyée. Aucune date n’a été annoncée et les populations affamées attendent toujours.  

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