Culture et Arts

Dans la plupart des provinces tunisiennes, la culture manque à l’appel

- Pourtant, « la décentralisation de la culture », a bel et bien constitué « une priorité » pour les ministres successifs des Affaires Culturelles.

Slim Jerbia  | 23.06.2017 - Mıse À Jour : 26.06.2017
Dans la plupart des provinces tunisiennes, la culture manque à l’appel

Tunisia

AA/Tunis/Afef Toumi

Alors que dans les rues de Tunis, capitale de la Tunisie, la musique, la poésie et autres formes d’arts rythment les nuits du Ramadan, dans le reste du pays, les activités culturelles, semblent manquer à l’appel.

Tandis que la capitale compte des dizaines de salles de cinéma, d’espaces culturels et d’écoles spécialisées en arts, la plupart des autres gouvernorats sont eux lésés, si on s’en réfère aux récentes statistiques.

Ainsi, dix régions tunisiennes, sont dépourvues de salles de cinéma ou de véritables espaces culturels et seuls quelques festivals régionaux durant l’été, les font sortir de « leur hibernation».

« Les espaces culturels dans la province de Gafsa (sud-ouest) par exemple, sont en crise et souffrent de l’absence de subvention. Malgré les efforts des propriétaires de ces espaces et des professionnels du domaine culturel dans la région, pour créer des activités et accueillir des manifestations culturelles, la crise est loin d’être surmontée », déclare à Anadolu, Ramzi Afdhal, un journaliste originaire de la province.

Pour Afdhal, les villes du bassin minier (Gafsa) sont plongées dans le néant concernant les activités culturelles. « Et, ce, à cause de l’absence de projets consacrés à la région et d’un budget très limité », dit-il.

Le budget consacré à la culture en 2017, est en effet de 0,81% du budget de l’Etat, soit 257.650 millions de dinars (104.735 millions de dollars). Ce qui est insuffisant pour couvrir les besoins de 24 gouvernorats.

-Pourtant, « la décentralisation de la culture », a bel et bien constitué « une priorité » pour les ministres successifs des Affaires Culturelles.

Lors de la discussion du budget du ministère des Affaires culturelles au Parlement, les députés ont considéré, à l’unanimité, que celui-ci ne convenaient pas aux efforts déployés vers le renforcement de la décentralisation de la culture et la consécration du principe d’équilibre régional, au profit des régions marginalisées en matière de culture.

« La décentralisation de la culture fait partie des priorités. On la réalise notamment à travers le programme «Tunisie : cités des arts», dont le but est de faire de chaque village tunisien une référence culturelle spécifique à la région », avait indiqué le ministre des Affaires Culturelles, Mohamed Zine el-Abidine, dans une interview accordée récemment à Anadolu.

« Les cités des arts » est un programme initié par le ministre des Affaires Culturelles et réalisé dans les 24 gouvernorats de la Tunisie. Il consiste en un espace public ouvert, dans chaque ville, consacré à l’activité artistique et culturelle.

Le ministre avait souligné, entre autres, que le ministère assure actuellement le suivi périodique avec les délégués régionaux de la culture pour que le programme soit maintenu et appliqué en continuité dans toutes les régions.

Mais malgré ce « suivi», la place des arts inaugurée par le ministre des Affaires Culturelles, dans la province de Zaghouan (nord), et consacrée aux activités artistiques, est devenue un lieu où l’on vend les pastèques, commente un citoyen originaire de la région.

Reste à savoir s’il existe assez de créations artistiques, dans chaque région, pour réussir ce programme.

Cette question a été évoquée par l’artiste et enseignant de théâtre dans la province de Kasserine (centre-ouest), Ghawth Zorgui, interrogé par Anadolu sur la notion de « la décentralisation de la culture » et son application dans la région.

Pour Zorgui, il faut être conscient de la responsabilité de chacun dans la mouvance culturelle. « Nous ne pouvons pas parler du rôle de l’Etat dans la culture tant que la création culturelle est absente. Il ne faut pas non plus tout faire assumer à l’Etat, au moindre échec. Nous sommes pourtant conscients du rôle des autorités dans la mise en place d’un terrain favorable à la création et à l’activité culturelle », a-t-il expliqué.

Zorgui, insistant sur le rôle de l’artiste, a, entre autres, considéré que la province de Kasserine, comme toute autre région de la Tunisie, a besoin d’une activité culturelle permanente et régulière qui ne se limite pas aux manifestations occasionnelles.

Actuellement, la plupart des artistes, originaires du Nord-Ouest, du Centre, de l’Est ou du Sud de la Tunisie, concentrent leurs créations à Tunis.

Ceci n’empêche que quelques exceptions parmi ces artistes réussissent, plus ou moins, à concrétiser le slogan de « la décentralisation de la culture », que ce soit en se déplaçant régulièrement dans les régions ou en retournant vers leurs villes natales pour produire, avec les moyens du bord.

Zorgui, tente, lui aussi, à travers son expérience dans l’enseignement aux collèges et dans l’animation des clubs de théâtre dans la prison civile de Kasserine, « de trouver de nouveaux éléments qui pourraient contribuer à l’acte culturel ».

« J’essaye également, avec mes collègues ici, de surmonter les obstacles, notamment l’infrastructure et la récession culturelle que vit la région depuis des années», a ajouté l’artiste.

L’obstacle budgétaire est, certes, dominant dans cette affaire au niveau des grandes manifestations culturelles et de l’infrastructure des espaces culturels, et c’est là où réside la responsabilité de l’Etat.
Cependant, la mouvance culturelle dans les régions peut se nourrir des initiatives personnelles des artistes, à travers des projets simples, des tournées locales, comme cela a déjà été fait par bon nombre de chanteurs et d’acteurs de théâtre passionnés, depuis 2011, date de la révolution.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın