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Evénements du 17 octobre 1961: Alger en attente de la reconnaissance de la France

-Des milliers d’Algériens sont sortis à Paris le 17 octobre 1961 pour boycotter le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé à eux seuls, avant d'être dispersés

Nadia Chahed  | 17.10.2017 - Mıse À Jour : 17.10.2017
Evénements du 17 octobre 1961: Alger en attente de la reconnaissance de la France

Algeria

AA/Alger/Karim Kabir

Cinquante-six ans après les événements sanglants de la nuit du 17 octobre 1961 à Paris où de nombreux Algériens ont subi une violence inouïe de la part des autorités françaises, Alger attend toujours la reconnaissance de Paris pour ce « crime d’Etat ».

Mardi, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a rappelé que le 17 octobre 1961 «demeurera à jamais gravé dans la mémoire de la Nation algérienne », dans un message à l'occasion du 56ème anniversaire de ces massacres.

«Le 17 octobre 1961, Journée de l’émigration, demeurera à jamais gravée dans la mémoire de notre Nation en ce qu’il représente, avec d’autres pages écrites du sang de tous ces martyrs tombés au Champ d’honneur, le lourd tribut payé par la communauté nationale à l’étranger à la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance», écrit le chef de la diplomatie algérienne dans ce message rendu public.

A l’appel du front de libération nationale (FLN), mouvement encadrant la révolution algérienne contre la France coloniale (1954-1962), des milliers d’Algériens sont sortis à Paris le 17 octobre 1961 pour boycotter le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé à eux seuls.

En représailles, la police française, sous les ordres de Maurice Papon, ouvre le feu sur les manifestants tuant une centaine parmi eux, tandis que d’autres, portés disparus, ont été jetés à la Seine.

Ce massacre, considéré par les historiens comme un « crime d’Etat », n’a pas été reconnu à ce jour par l’Etat français en dépit des appels d’intellectuels et de nombreuses associations de part et d’autre de la méditerranée.

«Lors de cette journée, des compatriotes, forts de leur droit à la dignité et nourris à l’école du patriotisme, sont sortis dans la rue pour marquer, de façon pacifique, leur rejet des mesures vexatoires et discriminatoires prises par les forces coloniales contre la communauté algérienne en France », rappelle, Abdelkader Messahel.

«Sans ménagement aucun et sans nul égard pour les droits attachés à la personne humaine, ils ont été victimes d'une répression autant brutale qu’aveugle et beaucoup d’entre eux devaient y laisser leur vie », dit-il.

«Ces évènements dramatiques, dont le peuple algérien garde encore les stigmates, sont commémorés, chaque année, dans la dignité et en hommage à nos compatriotes, hommes, femmes et enfants, emportés par cette violence inhumaine. Les nouvelles générations sauront, comme celles qui les ont précédées, se rappeler de ce déchainement de violence et entretenir, dans une trajectoire intergénérationnelle, le souvenir des sacrifices consentis par le peuple algérien pour la réappropriation de sa souveraineté nationale, de tous ces chouhadas tombés au champ d’honneur et dont il convient, aujourd’hui, d’honorer la mémoire », conclut le ministre.

Malgré quelques voix isolées de politiques français, beaucoup peinent encore à reconnaître les crimes coloniaux commis à l’encontre des algériens particulièrement ce massacre au « pont Saint-Michel » à Paris.

Alors que l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë (socialiste), a pu apposer une plaque commémorative à l’endroit du massacre, l’ancien Président, François Hollande, avait publié un communiqué en 2012 évoquant «une sanglante répression», une année après avoir déposé une gerbe de fleurs sur le pont Clichy, alors qu’il était en campagne.

«La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes », avait écrit Hollande.

En visite en Algérie en février dernier, alors qu’il était en campagne pour la présidentielle, l’actuel président français, Emmanuel Macron, avait admis, lors d’une interview à une télévision privée, que «le colonialisme est un crime contre l’humanité ».

Mais depuis, face au tollé provoqué en France, notamment au sein de sa famille politique, le président Macron n’a pas «fait de gestes» malgré ses promesses.
Il ya une dizaine de jours, il a été sollicité, dans une lettre ouverte, par le Collectif dit du « 17 octobre 1961 » pour faire connaître sa position «précise» sur les crimes d’Etat et notamment les massacres d’Algériens à Paris dans la nuit du 17 octobre 1961. Mais à ce jour, il ne l’a pas encore fait.

A l’inverse du secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, lequel a réitéré, mardi à Alger, la «nécessité d'exiger » des autorités françaises des « excuses» au peuple algérien, « l'indemnisation » pour les richesses spoliées durant la période coloniale (…).

Lors d'une conférence, il a jugé «impératif » l'attachement à la demande « légitime d'exiger des autorités françaises des excuses au peuple algérien, la reconnaissance des crimes commis et l'indemnisation des richesses spoliées au cours de la période coloniale», qualifiant cet attachement de «devoir national et de responsabilité collective de l'ensemble des Algériens».

L'Algérie était une ancienne colonie française (1830-1962).

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