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RDC: Quand l’église se mêle de la politique

Les religieux se mêlent de plus en plus de la politique, et ce, depuis la dernière crise politique due au maintien de Joseph Kabila au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel

Esma Ben Said  | 17.10.2017 - Mıse À Jour : 18.10.2017
RDC: Quand l’église se mêle de la politique

Congo, The Democratic Republic of the

AA / Kinshasa / Joseph Tsongo

En République démocratique du Congo, depuis quelques temps, la religion semblent s’immiscer dans la politique, derrière les camps opposés.

En effet, les tendances religieuses soutiennent ou s’opposent de façon quasi-systématique au régime en place.

Aujourd’hui, la rhétorique des chefs religieux ne cache plus leurs orientations politiques.

Si ailleurs les liens entre politique et monde religieux sont faibles, en République démocratique du Congo ils se sont renforcés. Les religieux se mêlent de plus en plus de la politique, et ce, depuis la dernière crise politique due au maintien de Joseph Kabila au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel.

Et depuis, la politique semble avoir «englouti» la vie religieuse. Au lieu et place de prêcher la foi, on est également engagé dans la bataille politique.

D’une part, l’église catholique par exemple, semble avoir décidé de passer à la vitesse supérieure, en lançant la campagne de sensibilisation à la manière de manifester pacifiquement dans toutes les paroisses du pays, en vue d’un soulèvement populaire, si les élections ne sont pas organisées d’ici la fin de l’année 2017 conformément à l’accord du 31 décembre dernier.

«Nous sommes profondément inquiets et préoccupés par la détérioration continue de la situation socio-économique, dictée par l’impasse politique actuelle», ont lancé les évêques catholiques, membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) au sortir de leur assemblée plénière ordinaire, récemment tenue à Kinshasa.
D’autre part, une autre secte religieuse défend plutôt le régime en place : «L’opposition est du diable», dit souvent lors de ses prêches-spectacles, Jules Mulindwa, soi-disant prophète et responsable de l’église du réveil dite «Mlima wa makimbiliyo », ou site de refuge en français.

Homme de Dieu, peut-être, Jules Mulindwa dit tous les jours avant de prononcer son homélie : «si nous avons aujourd’hui un président soucieux du développement, de la stabilité et de la sécurité de notre pays, le président Joseph Kabila l’est par la volonté de Dieu.», indique-t-il.

Pour lui, il y a, par contre, des gens qui participent activement à la ruine de la RDC, et là il fait allusion à l’église catholique qu’il accuse de meilleure alliée de l’opposition politique congolaise.

Désunies face à la crise ?

En tout cas, les communautés religieuses de la RDC ne parviennent pas à s’accorder aujourd’hui face à la crise. L’église catholique reste la seule qui sait dénoncer les abus du pouvoir en place et la tentative de maintien au pouvoir par Joseph Kabila.

De son coté, Jean-Marie Kangahuka pasteur de la communauté des églises baptistes au Congo, il est vrai que tout le monde a failli à sa mission en RDC, y compris les religions : «chez nous, les élections sont accessoires, mais nous avons juste besoin de la sécurité pour nos fidèles. Leur vécu dépend plus de la sécurité que de la politique… »

Joint par Anadolu, un responsable au sein de la communauté islamique du Congo (Comico) ayant requis l’anonymat, pense que même l’église catholique doit expliquer comment les choses n’ont pas su avancer alors que ses évêques sont allés assurer la médiation des tractations politiques en RDC.

L’église au milieu du village ?


Influente, l’église catholique a un poids politique considérable et encadre près de la moitié de la population congolaise.

En effet, depuis l’expiration du dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila, elle a particulièrement fait plusieurs déclarations appelant le peuple congolais à se libérer de la mauvaise gouvernance du régime de Joseph Kabila.

Sa position est différemment digérée selon les observateurs: «l’église catholique ne devrait pas jouir de sa position liturgique pour abuser de la conscience des Congolais, ses fidèles » indique Robert Semasaka, un analyste joint par Anadolu. Il rappelle que la mission principale de l’église c’est la conversion des âmes du peuple de Dieu pour le salut et non pas faire de la politique.

Robert Semasaka dit avoir constaté un détournement de la mission de la part de l’église catholique : «Conduire le peuple de Dieu non au salut, mais vers la haine et le désordre […], alors qu’elle doit prôner l’amour et la non-violence. Les religions doivent d’abord arranger leurs problèmes internes avant de pouvoir penser arranger les problèmes politiques du pays», insiste cet analyste et chercheur au sein de «Amani-institute», un institut de paix dans la région.

L’église catholique explique pourquoi elle s’est alignée au malheur qui frappe le peuple congolais : «ceux qui meurent sont mes frères, sœurs et mes parents…notre rôle prophétique est de veiller au bien-être de nos fidèles, pourtant la situation est chaotique depuis qu’un groupe d’individus a pris en otage tout le peuple congolais», affirme l’abbé Donatien Nshole, expliquant sur les ondes de la radio onusienne qu’avant de devenir prêtre, il est né congolais.

A rappeler que la République démocratique du Congo compte 78 millions d’habitants, dont la majorité est chrétienne, répartie en catholiques et protestants. L’islam est la deuxième religion du pays en termes de populations. Et il n’existe de statistiques fiables ni de pourcentages sur leur répartition.

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