Politique

Tunisie/Politique : Vers une coalition des partis de l’opposition

Hatem Kattou  | 25.05.2017 - Mıse À Jour : 26.05.2017
Tunisie/Politique : Vers une coalition des partis de l’opposition

Tunis

AA/Tunis/ Afef Toumi

La scène politique en Tunisie compte, depuis 2011, bon nombre de partis qui se sont positionnés dans l’opposition. Néanmoins, ces partis n’ont pas réussi à unifier leur rang, notamment lors des élections législatives et présidentielle de 2014.

En effet, les partis de l’opposition n’ont presque jamais affiché la même position, même lorsqu'il s'agissait de questions politiques et économiques qui les touchent au même degré.

Cette dispersion de l’opposition, constatée depuis 2014, pourrait être due, en premier lieu, aux différentes tendances idéologiques de ces partis, faisant ainsi naître chez leurs dirigeants une volonté de se démarquer.

Ceci n’empêche que la loi sur la Réconciliation économique et financière a constitué une occasion pour voir les différents partis de l’opposition afficher la même position contre l’adoption de ce texte. Ces partis ont d’ailleurs adhéré aux manifestations organisées, à Tunis, pour dire NON à la loi.

Cependant, l'on ne voit toujours pas de position officielle commune à tous les partis de l’opposition, réunissant extrême gauche, nationalistes et démocrates. Mohamed Hamdi, Secrétaire général de l’Alliance Démocratique, parti du centre, est revenu, entre autres, sur ce point, dans une interview accordée à Anadolu, évaluant l’emplacement de l’opposition dans la scène politique.

Il considère, tout d’abord, que les partis de l’opposition ont été victimes du système de bipolarisation établi lors des élections de 2014 par les partis de la coalition au pouvoir, NidaaTounes (Appel pour la Tunisie) et Ennahdha.

«Ils ont également été victimes de leur engagement dans les élections tout en étant dispersés, à l’exception du Front Populaire qui a su recueillir les voix grâce à une grande dynamique. L’opposition sociale-démocrate a commis l’erreur de ne pas avoir formé un front électoral qui aurait récolté de nombreuses voix », poursuit Hamdi.

Le dirigeant de l’Alliance Démocratique, reproche aux partis de l’opposition d’être plutôt préoccupés par la réorganisation de leurs structures d’où leur faible présence sur la scène politique.

« Par contre, cette faiblesse a pu être surmontée grâce à l’échec remarquable des partis au pouvoir dans la réalisation de leurs promesses électorales », indique l’interviewé.
Il donne, dans ce contexte, l’exemple de l’opposition au parlement qui a réuni ses voix contre certains projets de lois anticonstitutionnelles".

« Actuellement, c’est contre la loi sur la Réconciliation économique que l’opposition adopte la même position. Même s’il n’y a pas eu de communiqué officiel commun entre les différentes parties représentant l’opposition, il y a eu une réelle coordination sur le terrain pour adhérer au mouvement social luttant contre cette loi », considère Mohamed Hamdi.

Il espère que ce pas constitue le début d’une réelle coordination au sein de l’opposition, notamment à l’approche des élections municipales, et d’une opportunité de s’unifier face aux lacunes du système au pouvoir.

Parlant d’une éventuelle coalition des partis de l’opposition, Hamdi assure qu’il y a des appels sérieux pour l’unification des partis de l’opposition qui sont devant l’obligation de se réunir autour d’un programme commun et de former une nouvelle force, surtout que la scène politique affiche un grand déséquilibre.

« Sans une coalition de l’opposition, il serait difficile d’affronter les « machines » des partis NidaaTounes et Ennahdha », enchaîne-t-il, ajoutant que les listes électorales de l’opposition devraient être élargies au maximum et tenir compte de l’hétérogénéité de la société.

Mohamed Hamdi garde un grand espoir de voir l’opposition enfin unifiée et crois fort en le fait qu’elle regagne son poids dans la scène politique, notamment dans les prochaines élections.
Toutefois, la réalité est autre et le comportement des différents partis de l’opposition et de leurs dirigeants ou porte-parole laisse conclure le contraire.

En effet, durant l’année écoulée, plusieurs questions d’ordre politique, social ou économique ont été soulevées et nécessitaient que l’opposition s’aligne sur la même position.
Prenons l’exemple de l’initiative présidentielle de former le gouvernement d’Union nationale, en juillet 2016, et le Pacte de Carthage que les partis et les organisations nationales adhérentes à cette initiative devraient signer.

Le Front Populaire, fidèle à son « NON » a été contre cette initiative et annoncé son refus de signer le Pacte de Carthage. Le député du Front Populaire, Jilani Hammami, avait, d’ailleurs, qualifié l’initiative présidentielle de "pièce théâtrale", considérant qu’elle ne réussirait pas à aboutir à la formation d'un gouvernement d’union nationale.

Quant à Hamma Hammami, porte-parole du FP, il a considéré que l’initiative de Beji Caïd Essebsi est anticonstitutionnelle. Selon lui, elle a pour but d’aider la coalition des partis au pouvoir à dépasser leurs conflits et le mouvement de Nidaa Tounes à récupérer sa place sur la scène politique.

Pourtant, d’autres partis tels que Al-Jomhouri (Parti Républicain), l’Union Patriotique Libre (UPL) et Al-Massar (Voie Démocratique et Sociale) avaient répondu présents à la table de concertations autour du Pacte de Carthage et l’avaient signé, à côté d’autres formations et organisations nationales.

Quelques mois plus tard, Slim Riahi, président de l’UPL, a annoncé le retrait de la signature de son parti au bas du Pacte de Carthage, considérant que le gouvernement n’a pas honoré les engagements mentionnés dans ce document.

Quant à Issam Chabbi, Secrétaire général du parti Al-Jomhouri, bien que signataire du Pacte de Carthage, il a récemment clarifié sa position contre la loi sur la réconciliation, considérant que cette loi « ne fera que nuire au climat social ».

Il ne s’est pas contenté de cette déclaration et s’est également déplacé dans la rue pour manifester contre la loi, à côté des jeunes, de la Société civile et des dirigeants de l’opposition. Il paraît que Chebbi est devenu tiraillé entre soutenir ou s’opposer aux initiatives présidentielles.

Toujours aussi divisée, l’opposition n’a pas non plus la même perception quant aux postes de responsabilité. Certains opposants ont accepté volontiers les postes qui leurs ont été proposés.

Samir Bettaieb, Secrétaire général d'al-Massar Démocratique et Social est, en effet, l’actuel ministre de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche.

Iyad Dahmani, ancien militant et dirigeant au Parti Al-Jomhouri, est, quant à lui, nommé porte-parole du gouvernement d’union nationale et ministre chargé des relations avec le Parlement.

Ces deux exemples, parallèlement au syndicaliste Abid Briki, ancien ministre de la Fonction Publique, ne sont pas appréciés par le reste des représentants de l’opposition qui n’auraient pas accepté de tels postes et préfèrent préserver leur position contre le pouvoir en place.

A citer, par exemple, Mongi Rahoui, député du FP, dont le nom avait été proposé pour devenir ministre des Finances, au sein du gouvernement d’Union nationale, mais qui avait franchement refusé le poste.

« L'intégration du gouvernement m'aurait mis dans une position politique embarrassante », avait-il déclaré à l’un des médias locaux, en août dernier. Face à cet amalgame qui caractérise la scène politique et le positionnement décalé des partis de l’opposition, les uns par rapport aux autres, personne ne peut mesure la probabilité de réussite ou d’échec d’une coalition formée par ces partis, telle que prévue par Mohamed Hamdi.

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