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RDC/Choléra : Pénurie d'eau potable à l'origine de la résurgence de l'épidémie

-Depuis le début de l'année, le Choléra a fait pas moins de 400 morts en République Démocratique du Congo (RDC), selon des organisations humanitaires et sanitaires actives dans ce pays.

Nadia Chahed  | 21.08.2017 - Mıse À Jour : 21.08.2017
RDC/Choléra : Pénurie d'eau potable à l'origine de la résurgence de l'épidémie

Kinshasa

AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa

Depuis le début de l'année, le Choléra a fait pas moins de 400 morts en République Démocratique du Congo (RDC), selon des organisations humanitaires et sanitaires actives dans ce pays.

Un bilan qui serait largement inférieur à la réalité et non exhaustif, selon des observateurs, dans la mesure où aucun chiffre global n'a été établi par les autorités.

L'épidémie continue à frapper plusieurs régions du pays, notamment celles de l'Est, qui font face à des problèmes récurrents d'accès à l'eau potable, indiquent les observateurs.

De Kinshasa, la capitale, en passant par le Kwilu, dans le Sud-ouest, jusque dans les montagnes de l’Est, le Choléra frappe de nouveau la RDC, affectant une population déjà meurtrie par le poids de conflits armés prévalant dans plusieurs régions du pays et par une grave crise politique.

Déclarée depuis une semaine dans la province de Kwilu, une épidémie de choléra y a déjà fait 16 morts, 147 cas avérés ont été recensés.

Contacté par Anadolu, le gouverneur de Kwilu, Nicolas Bukulungu, a évoqué une situation "quasi-incontrôlable".

"Nous ne disposons pas de centre spécialisé pour le traitement", a encore déploré le responsable local.

Tout autant que la plupart des nouvelles provinces congolaises crées en 2015, le Kwilu est l’une des plus pauvres du pays, qui souffre d'une infrastructure de base défaillante.

En effet, explique le gouverneur de Kwilu, lorsqu'une épidémie se déclare, la première chose à faire est "d’isoler d’abord les malades, chose que ne sous pouvons malheureusement pas faire".

A Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (Est), une épidémie de Choléra, déclarée, début juillet, a fait 17 morts et plus de 3145 cas en un mois, selon des sources locales.

Derrière la résurgence de l'épidémie, une interruption "involontaire" de l'approvisionnement en eau potable assuré par la société publique de fourniture d’eau, consécutive à un problème d’électricité.

Une situation qui a poussé les populations de Goma et de ses environs à se tourner vers l'eau non traitée du lac Kivu, connu pour être un foyer propice pour la prolifération de virus.

A Bukavu, ville du Sud-Kivu, située également sur le lac kivu, l'épidémie a fait 22 morts et plus de 2700 contaminés en 32 semaines, selon les autorités locales.

D'ailleurs, c'est généralement de la région Est du pays, que les épidémies en général, notamment celle du Choléra, partent pour gagner la partie Ouest.

L’environnement des régions lacustres des pays des Grands-lacs (RDC, Rwanda et Burundi) est propice au développement du virus du choléra (Vibrio Cholerae), explique à Anadolu Didier Bompangue, directeur du Programme national d’élimination du Choléra et de lutte contre les maladies diarrhéiques (PNECHOL-MD).

A l’ouest par contre, "les eaux ont des caractéristiques environnementales qui empêchent la survie du virus", explique Bompangue, soulignant que les épidémies qui ravagent les provinces du Kwilu, du Kongo-central et autres régions dans l’Ouest sont inhérentes à une mauvaise gestion des "épidémies de 2016".

Le responsable juge, en outre, que le nombre de cas enregistrés depuis le début de l'année à ce jour s'est élevé à 20 mille, soit l'équivalent du total enregistré annuellement. Un chiffre inquiétant en pleine saison sèche, estime-t-il.

Une série de mesures ont été arrêtées par le gouvernement congolais pour, notamment, améliorer la riposte contre l’épidémie. Parmi elles, figurent la mise en place du Programme national d’élimination du Choléra et de lutte contre les maladies diarrhéiques.

Les autorités sanitaires se mobilisent par ailleurs aux côtés des partenaires étrangers afin de mieux prendre en charge les personnes atteintes et d'assurer une meilleure communication sur la question, alternative de choix pour limiter la propagation de l'épidémie.

En 2016, l’épidémie de Choléra avait touché près de 18 000 personnes en RDC et fait 700 morts, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon l'ONU, le choléra est devenu un problème de santé publique majeur en RDC, avec des milliers de cas enregistrés chaque année dans de nombreuses provinces de cet immense pays dépourvu d'infrastructures et où la majeure partie de la population vit dans la pauvreté.

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