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Issa Hayatou ou l’inamovible patron du football africain

Le Camerounais âgé de 70 ans, homme aux nombreux réseaux et aux multiples casquettes, est à la tête de la Confédération africaine de football depuis…1988.

Hatem Kattou  | 16.01.2017 - Mıse À Jour : 17.01.2017
Issa Hayatou ou l’inamovible patron du football africain

Gabon

AA / Libreville / Patrick Juillard

Samedi, le président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou, se trouvait aux côtés de son ami le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, pour le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations. A la tête de l’instance dirigeante du football africain depuis près de trente ans, le hiérarque camerounais, président intérimaire de la FIFA après la chute de Sepp Blatter, est un homme plein de contrastes, et de mystères aussi.

Né le 9 août 1946 à Garoua, dans le nord du Cameroun, Issa Hayatou était destiné à de hautes responsabilités dès son plus jeune âge. Sa famille est l’une des plus puissantes et influentes de la ville septentrionale. Parmi ses représentants les plus illustres figurent Amadou Hayatou, ancien Secrétaire général de l'Assemblée nationale ou Garga Alim Hayatou, Secrétaire d'Etat à la Santé et grand Lamido (chef traditionnel) de Garoua.

Passionné de sport, rompu à plusieurs disciplines, le jeune Issa Hayatou s’illustre d’abord en athlétisme, devenant membre de l’équipe du Cameroun du 400 mètres et du 800 mètres entre 1964 et 1967. Il rejoint ensuite l’équipe nationale de basket-ball, avec laquelle il dispute les Jeux Africains à Brazzaville.

Devenu professeur d’éducation physique contre l’avis de sa famille, Issa Hayatou gravit les échelons dans la hiérarchie sportive camerounaise. A l’âge de 28 ans, il devient Secrétaire général de la Fédération camerounaise de football, poste qu’il conservera pendant neuf ans jusqu’à 1983. L’année précédente, il a pris la direction des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports du Cameroun. En 1986, il obtient une première consécration en devenant président de la Fédération de football de son pays.

L’ascension d’Issa Hayatou ne fait pourtant que commencer. En août 1987, le retrait de l'Éthiopien Ydnekatchew Tessema le propulse à la présidence de la Confédération africaine de football. Son règne, ininterrompu depuis, est d’abord marqué par l’émergence des équipes africaines en Coupe du monde, avec les beaux parcours du Cameroun en 1990 et du Nigeria en 1994 et 1998. Entre temps, l’Afrique a obtenu d’avoir cinq places en phase finale du Mondial.

Désireux de surfer sur cette vague, Issa Hayatou se présente contre Sepp Blatter à la présidence de la FIFA en 2002. Largement battu, il va faire la paix avec le patron du football mondial, usant du poids de l’Afrique, plus important pourvoyeur de voix au Congrès de la FIFA, pour défendre les intérêts du continent à Zurich.

Avec un art consommé des jeux de pouvoir, Issa Hayatou a su neutraliser un à un ses adversaires sur le continent africain. L’Ivoirien Jacques Anouma, le Sud-Africain Danny Jordaan, ou encore l’Algérien Mohamed Raouraoua ne diront pas le contraire : aucun d’eux n’a pu durablement contester l’autorité de « l’empereur » Hayatou, homme aux nombreux réseaux et aux multiples casquettes (outre la CAF, Hayatou est présent au CIO et omniprésent à la FIFA, via la participation à diverses commissions).

A 70 ans, Issa Hayatou n’envisage toujours pas de passer la main à la tête du football africain. Bien que sa santé soit affaiblie depuis quelques années, le haut dirigeant continue de tirer les manettes, malgré les scandales qui ont émaillé ses multiples mandats. Il fut blâmé par le CIO pour avoir touché des rétro-commissions, officiellement destinées à financer les festivités du 40ème anniversaire de la CAF, et fut cité dans le dossier de l’attribution du Mondial 2022 au Qatar, ainsi que pour son incapacité à assurer la communication de crise, comme lors de l’exclusion pour deux ans (ensuite annulée par la FIFA) de l’équipe du Togo, frappée par un attentat avant la CAN 2010.

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