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Ghannouchi : Priorité à l’économie lors de nos prochaines campagnes électorales

Le président du Mouvement tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi : « Dans les démocraties stables, il suffit que ton parti obtienne 51% pour que tu gouvernes seul

Muhammed Shekh Yusuf  | 20.10.2017 - Mıse À Jour : 20.10.2017
Ghannouchi : Priorité à l’économie lors de nos prochaines campagnes électorales

Ankara

AA/Istanbul/ Muhammed Shekh Yusuf​

Le président du mouvement tunisien Ennahdha, Cheikh Rached Ghannouchi, a révélé que son parti se focalisera, lors des prochaines échéances électorales en Tunisie, sur l’économie, soulignant qu’il refuse les appels lancés en Tunisie en faveur d’un retour au régime présidentiel.

C’est ce qu’a déclaré Ghannouchi lors d’une interview accordée à Anadolu, en marge du Forum de la chaîne turque TRT WORLD, clôturé jeudi.

« Les prochaines étapes du Mouvement (68 députés parmi 217 au parlement) visent à achever le processus démocratique en s’orientant vers les élections municipales (en 2018), suivies des élections législatives et présidentielle en 2019 », a indiqué Ghannouchi, ajoutant que le pays est actuellement préoccupé par les questions qui se rapportent au développement, étant donné que les objectifs de la révolution, relatifs à la liberté et à la démocratie, avaient été majoritairement réalisés et seront bientôt achevés.

Il a poursuivi que « les exploits dans les domaines économique et social, qui sont de fournir l’emploi, de développer le secteur éducatif et ceux de la santé, des services et de l’agriculture, sont encore limités, c’est pour cette raison qu’on se focalise dessus, dans le but de garantir l’emploi et la dignité aux jeunes de la révolution, qui n’en perçoivent pas encore les résultats dans leur vie quotidienne ».

A partir de là, Ghannouchi a assuré que le Mouvement « se focalisera sur le domaine économique et qu’il est chargé de missions économiques importantes dans le gouvernement actuel (à travers plusieurs ministres), dont les efforts sont axés sur le côté économique, considéré comme le point faible du pays et comme le plus grand défi auquel il fait face».

La Tunisie a enregistré une croissance modeste dans les années qui ont suivi la révolution de 2011 contre l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, ce qui a porté le taux de chômage à plus de 15% jusqu'à la fin du deuxième trimestre de cette année.

La Tunisie cherche à relever le taux de croissance à environ 3% en 2018, contre 2,5% prévu pour cette année.

"Nous, en Tunisie, avons choisi un régime parlementaire avec une dose de régime présidentiel. Cependant, de nos jours, certains demandent que la Tunisie change ce régime parlementaire et retourne au présidentiel", a répondu Ghannouchi aux questions sur la démocratie et l'expérience tunisienne.

Il a exprimé son rejet de ces demandes en disant : «Nous ne sommes cependant pas d’accord, et nous croyons que les régimes politiques et les constitutions ne devraient pas être changeants comme les saisons de l'année ; la nature des constitutions est la stabilité».

Il a ajouté que les constitutions « peuvent changer au bout d’une période suffisante pour son expérimentation (en se frottant à la réalité). Si l'article constitutionnel n’est pas valide cela mène à le changer, mais les constitutions doivent avoir suffisamment de temps pour l’expérimentation ».

Selon l'article 71 de la Constitution tunisienne, « le pouvoir exécutif est exercé par le Président de la République et par un gouvernement dirigé par un Premier ministre ». Selon l'article 95, « le gouvernement est responsable devant l'Assemblée des représentants du peuple ».

Le président est responsable de la supervision de la défense et des affaires étrangères, alors que le Premier ministre exerce ses pouvoirs sur le reste des ministères dans un système quasi parlementaire, selon des experts.

"L'expérience tunisienne a réussi la transition démocratique car elle repose sur une démocratie participative et harmonieuse et non sur un démocratisme cupide. Nous avons découvert qu'il existe une différence entre la démocratie émergente et les démocraties anciennes et stables", a ajouté Ghannouchi.

"Dans les démocraties stables, il suffit que votre parti ait 51% de vote, pour que vous gouverniez vous-même. Dans la démocratie émergente, cela ne suffit pas, car cette démocratie craint la division, si la société se divise".

Dans ce contexte, il a cité le modèle présidentiel égyptien : « Le président égyptien Mohamed Morsi a été élu en 2012 par 51% en opposition à son adversaire Ahmed Shafik qui a récolté 49%. Cela a engendré la division de la société ; il y a eu un sit-in sur la place de Tahrir et un sit-in sur la place de Rabaa (au Caire), comme s’il y avait deux révolutions et non pas une seule ».

« Mais les Tunisiens ont évité la division et ont rejeté tout projet qui écarte ceux qui ont travaillé avec l'ancien régime, parce que cela divise la société. Celui qui a accepté la Constitution de la révolution est le fils de la révolution et celui qui commet une erreur ou un crime, lui seul en sera responsable », a poursuivi Gannouchi.

Il a expliqué l'importance de la compatibilité entre les composantes du peuple en disant: «En Libye, la loi d'isolement politique a été adoptée, tous ceux qui ont travaillé avec l'ancien dirigeant libyen Muammar Gaddafi ont été mis à la retraite. En Irak, la loi relative au déracinement du parti Baath a été adoptée, chose que nous avons évitée en Tunisie, et ce, en appelant à l'union du peuple, ancien et moderne, islamique et laïque, c'est évidemment la règle du consensus ".

Ghannouchi a commenté les déclarations du Chef du Bureau politique du Hamas Ismaël Haniyeh, disant que la réconciliation palestinienne a bénéficié de l'expérience tunisienne : " Hamas s'achemine vers un consensus avec son rival politique, le Fatah. Ils veulent un plus grand consensus que le Fatah, ils veulent un consensus entre toutes les factions. "

Il a poursuivi, dans le même contexte : « ils ont cédé le pouvoir pour une gouvernance consensuelle entre toutes les factions, ce qui est bien, car la démocratie naissante nécessite l’union des voix et l’unanimité et non pas l’exclusion, la polarisation et le conflit ».

Haniyeh avait présenté, lundi dernier, au président tunisien Beji Caïd Essebsi, le contenu de l’accord de réconciliation palestinienne, affirmant que « la République tunisienne est considérée comme étant un modèle à suivre dans la région et que le peuple palestinien passe par une nouvelle phase consensuelle, tout en ayant la volonté de la faire réussir ».

Evoquant la non-opposition entre l’Islam et la démocratie, et comment Ennahdha en a bénéficié, le leader du Mouvement Ennahdha a précisé que : « depuis l’année 1981, le premier communiqué politique publié par le Mouvement, auparavant nommé Mouvement de Tendance Islamique, nous avons prouvé qu’il n’y a pas d’opposition entre la religion islamique et la démocratie, car l’islam est venu en tant qu’une révolution de libération globale ».

Il a souligné que « l’islam est venu briser les chaînes qui freinaient les esprits, freinaient l’économie et freinaient les libertés des gens », ajoutant que l’islam « a instauré le principe de la concertation (Choura), accordant le pouvoir au peuple et signifiant que le gouverneur soit au service du peuple, qui peut le démettre quand il veut ».

Ghannouchi a, d’autre part, assuré que son Mouvement « ne voit pas d’opposition entre la démocratie, donnant le pouvoir au peuple, et entre l’Islam, accordant le pouvoir à la Oumma (nation islamique), ainsi, prétendre que la démocratie est un péché, porte atteinte à l’islam et signifie qu’il est mal compris ».

Parlant de l’expérience démocratique turque, Ghannouchi a considéré que « la démocratie se présente sous différentes formes, une démocratie présidentielle et une démocratie parlementaire, la Turquie passe du régime parlementaire au régime présidentiel, et c’est le choix du peuple turc ».

Il a précisé que « le régime présidentiel démocratique constitue l’une des formes de la démocratie, comme la démocratie américaine et française, et c’est le choix du peuple », poursuivant que « l’islam ne dit pas que la démocratie présidentielle est juste et que la démocratie parlementaire est fausse, ni le contraire ».

Ghannouchi a tenu à préciser, dans ce sens, que « tout ce qui est choisi par le peuple est convenable », ajoutant que « le régime présidentiel peut convenir à un pays et ne pas convenir à un autre ».

Quant au référendum illégal tenu dans le District du Nord de l’Irak, Ghannouchi a précisé : « Nous sommes tous pour l’intégrité territoriale de nos pays et nous sommes contre la division, il est possible de trouver des solutions politiques garantissant à une région déterminée une certaine autonomie ».

« Nous voulons que notre nation tende à plus d’union et non pas à la division », a-t-il conclu.

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