Türkİye

"La Turquie a besoin d'une opposition efficace" (Interview)

- Les principaux partis d'opposition n'ont pas compris les attentes des citoyens, selon l'ancien député du Parti Républicain du Peuple (CHP), Faik Tunay.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 26.05.2017 - Mıse À Jour : 27.05.2017
"La Turquie a besoin d'une opposition efficace" (Interview)

France


AA/ Paris/ Fatih Karakaya


Le plus grand souci de la Turquie c’est l'absence d'une opposition fiable et crédible, de l’avis de l'ancien député du Parti Républicain du Peuple (CHP-Gauche), Faik Tunay.

Elu en 2009, le plus jeune conseiller municipal, depuis la création de la République, dans le district de Sisli (Istanbul), fut rapidement repéré par les partis politiques qui se disputaient son intégration.
Originaire des Balkans, cet entrepreneur qui parle 7 langues a pu devenir en 2011, le 2éme plus jeune député dans les rangs du CHP. Issu d'une famille plutôt conservatrice, il a fait son début de carrière en tant que président de la section jeunesse d'Istanbul dès l'âge de 18 ans, dans le parti du défunt président Turgut Ozal. Il avait finalement accepté l'invitation du Parti Républicain (CHP) qui faisait son ouverture envers les personnalités de la Droite.

Assurant cette fonction entre 2011 et 2015, il a démissionné du parti peu après son fin de mandat. Dans un entretien avec Anadolu, il évoque sa carrière au sein du CHP et les relations de la Turquie avec l'Union européenne (UE). « J'ai accepté l'invitation du CHP en tant que représentant de la Droite. Malheursement, j'ai vite compris que cette invitation n'était pas sincère. J'ai remarqué que ce parti ne s'intéressait qu'à une partie de la population et que les autres ne servaient que d'appâts pour attirer de nouveaux électeurs ».

Quelques mois après son mandat, il a démissionné en avril 2016. « Je n'ai pas envisagé de le faire pendant le mandat par respect pour mes électeurs », dit-il. Depuis, il n'a adhéré à aucun autre parti et se définit comme « indépendant ». Pourtant, il n'hésite pas à critiquer son ancien parti auquel il reproche de « n'avoir aucune vision et aucun projet pour l'avenir ». Il prétend que, quand il a commencé à questionner à l'intérieur du parti sur le fait que le plus vieux parti de Turquie ne puisse plus accéder au pouvoir depuis 1977. « Cela a énormément dérangé certains cadres ».

Pour lui, il n'y a pas de doute : « Beaucoup aiment ce statu-quo et ne supportent pas qu'il y ai des voix différentes au sein du parti ». De ce fait, il dit avoir compris que « l'invitation reçue n'avait pour but que de piéger les électeurs de droite». Il accuse le CHP de ne pas pouvoir s'adapter à la situation et de ne pas comprendre les attentes des citoyens. « Comment se fait-il que l'AKParti créé en 2002 puisse, depuis ce jour-là, gagner toutes les élections? Que fait l'opposition, pourquoi elle ne réagit pas ? », se demande-t-il. Il affirme avoir posé vainement ces questions lors des réunions du parti.

Aujourd'hui, il se sent soulagé de « ne plus avoir de poids sur les épaules ». Néanmoins, il regrette que « la concurrence politique » ne soit plus au rendez-vous. "C'est le seul moyen de remonter le niveau du pays », assène-t-il. Il explique que la défaite « devenue désormais habituelle » du CHP est due à sa mauvaise lecture des attentes des citoyens. « Le CHP s'oppose pratiquement à tout sans jamais proposer quelque chose en retour », dénonce-t-il. C’est pourquoi les citoyens, à l’exception des fervents partisans de son idéologie, refuseraient de voter pour lui. Ayant vécu 3 ans en Italie, le député revient par ailleurs sur les relations entre la Turquie et l’Union européenne (UE) : « Tout est de travers depuis le début! »

Il reproche à l'UE « d'avoir une attitude hypocrite sans précédent envers son pays », bien que 42% des exportations turques sont effectuées vers l'Union européenne et que la Turquie est le 5ème marché de l'UE. De l’avis du député, l'UE doit « changer d'attitude pour faire montre de bon exemple pour le monde entier ». Les résultats du référendum, poursuit-il, sont très propices à cette reprise des relations. C’est que le nouveau système va apporter, soutient-il, stabilité et prospérité. Il balaye, par delà, d'un revers de main les accusations de dérive autoritaire, soulignant que « personne n'osera défier le peuple ».

« L'Histoire a montré que les Turcs ne se sont jamais soumis à qui que ce soit et que rapidement les citoyens ont retrouvé leur dignité », fait-il remarquer. Le député garde, du reste, les yeux rivés sur l’avenir, un avenir qu’il qualifie de radieux pour un pays qui a su se frayer un chemin sur la voie du progrès. « Près de 30% de la population turque ont moins de 35 ans. La jeunesse c'est l'avenir. D’où la nécessité de leur garantir instruction et chances de réussite. « Nous avons perdu énormément de temps avec l'avion russe, le coup d'Etat raté, les élections, le référendum. C'est l'heure des réformes maintenant », conclut-il.

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