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"L'Europe est la première responsable de la crise avec la Turquie" (Présidence turque)

Mehmet Tosun, Tuncay Çakmak  | 11.04.2017 - Mıse À Jour : 11.04.2017
"L'Europe est la première responsable de la crise avec la Turquie" (Présidence turque)

Ankara

AA - Ankara - Tuncay Çakmak

Selon le porte-parole de la Présidence turque, Ibrahim Kalin, les relations entre la Turquie et l’Union Européenne (UE) pourront s’améliorer "si l’Europe cesse de faire des clins d’œil aux groupes d’extrême droite, si elle arrête d’accueillir les terroristes et si elle met fin à son comportement agressif envers la Turquie et ses ressortissants qui vivent dans les pays de l’Union".

Ibrahim Kalin a répondu, mardi, aux questions du site d’information Al Jazeera English concernant le référendum constitutionnel du 16 avril, qui propose le passage de la Turquie à un système de gouvernance présidentielle.

Kalin a d’abord expliqué que le système de gouvernance actuel en Turquie ne peut pas être qualifier de système parlementaire.

"Nous avons un système qui est hérité du coup d’état de 1960 et qui a été revu par la junte militaire qui a mené le coup d’état de 1980. Ce système compliqué protège le statu quo et avait pour objectif d’assurer la tutelle de l’armée sur le pays. Ce système ouvrait la porte aux coalitions gouvernementales qui fragilisaient le pays et qui divisaient le monde politique", a-t-il expliqué.

Pour le porte-parole de la présidence turque, le système actuel a ouvert la voie à de nombreux putschs et de graves crises politiques et économiques.

"Avec le système proposé dans ce référendum, la démocratie turque sera mieux protégée face aux ingérences externes à la politique. Elle mettra fin aux risques de coalitions et rassurera les investisseurs étrangers. Depuis que la Turquie est dirigée par un gouvernement fort avec l’arrivée de l’AK Parti au pouvoir en 2002, de nombreuses réformes structurelles ont pu être réalisées", a-t-il affirmé.

Par ailleurs, Ibrahim Kalin a souhaité répondre aux allégations selon lesquelles la réforme proposée renforcera de manière incontrôlable les pouvoirs du Président Erdogan.

"Ça ne reflète absolument pas la vérité. Si la réforme est approuvée par le peuple, les pouvoirs seront nettement plus indépendants. Le parlement pourra enfin contrôler l’action du Président et si nécessaire, il pourra demander le renouvellement de l’élection présidentielle. Jusqu’à présent, le président de la République était intouchable, il ne pouvait être poursuivi que pour la seule accusation de haute trahison", a-t-il indiqué.

Ensuite, Ibrahim Kalin est revenu sur les relations très compliquées de la Turquie avec l’UE.

Il a expliqué que la Turquie cherche d’abord à défendre ses intérêts.

"Les deux parties s’accusent mutuellement sur les questions relatives au processus d’adhésion, la démocratisation, les réfugiés ou la levée des visas. L’interdiction des meetings des ministres et députés turcs en Allemagne et aux Pays-Bas a rendu les choses encore plus difficiles", a-t-il rappelé.

Mais pour Kalin, il serait incorrect de dire que les deux parties partagent à niveau égal la responsabilité de cette situation.

"Aujourd’hui, beaucoup de membres des organisations terroristes PKK et FETO sont présents dans des pays européens. Ils accueillent les terroristes qui ont assassiné des citoyens turcs innocents. En plaçant en garde à vue des diplomates turcs, ils (les Pays-Bas) ont piétiné les règles diplomatiques. Ces pays sont aujourd’hui très actifs pour que le NON l’emporte au référendum en Turquie", a-t-il expliqué.

" Les relations entre la Turquie et l’Union Européenne pourraient s’améliorer si l’Europe cesse de faire des clins d’œil aux groupes d’extrême droite, si elle arrête d’accueillir les terroristes et si elle met fin à son comportement agressif envers la Turquie et ses ressortissants qui vivent dans les pays de l’Union", a-t-il dit.

Kalin a souhaité terminer en rappelant que la Turquie est membre de l’OTAN et qu’elle est candidate à l’adhésion à l’UE.

"Mais dans le même temps, elle est un pays souverain qui avance vers ses propres objectifs et qui défend ses propres intérêts. Aucune alliance ne peut se faire que dans un seul sens et cette règle est aussi valable concernant l’Union Européenne", a-t-il conclu.

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