Économie

En Tunisie, le secteur de la pub ne connait pas la crise

En 2016, les annonceurs ont ainsi dépensé pas moins de 219 millions de dinars (plus de 90 millions de dollars) dans les publicités, soit une augmentation de +12.5% comparé à 2014

Slim Jerbia  | 30.06.2017 - Mıse À Jour : 30.06.2017
En Tunisie, le secteur de la pub ne connait pas la crise

Tunisia

AA/Tunis/Afef Toumi

S’il y a un secteur qui ne connait pas la crise en Tunisie c’est bien celui de la publicité. Malgré l’effondrement du dinar et les protestations dans le sud du pays, la pub elle, se porte comme un charme.

En 2016, les annonceurs ont ainsi dépensé pas moins de 219 millions de dinars (plus de 90 millions de dollars) dans les publicités, soit une augmentation de +12.5% comparé à 2014, d’après les dernières statistiques.

Outre l’investissement, les agences rivalisent d’ingéniosité pour proposer des publicités attrayantes.

En témoigne les nombreuses publicités produites, durant Ramadan, mois particulièrement prolifique pour la consommation.

Changements d’emballages des produits pour une touche « ramadanesque », offres en tout genre… Même les opérateurs téléphoniques adhèrent, eux aussi, au « show de Ramadan ». Nombreux sont ceux qui avouent avoir changé d’opérateurs après avoir vu une pub particulièrement amusante vantant les dernières promotions proposées par un célèbre opérateur.

Le spot diffusé durant le mois de ramadan 2016 a eu un tel succès (grâce notamment au personnage principal joué par une vieille dame) que de nombreux internautes en sont venus à dénoncer sur les réseaux sociaux, l’arrêt de sa diffusion.

En réponse, l’opérateur a renouvelé le concept, cette année, en faisant appel cette fois à « la petite fille ».

Si certaines publicités ont séduit les consommateurs, d’autres en revanche, ont « agacé » les citoyens, comme cette affiche d’une marque tunisienne de pâtes, montrant du fromage qui « souhaite » se faire « râper ». Une affiche somme toute banale si celle-ci n’avait pas été affichée au-dessus des autoroutes du pays. « Une publicité de mauvais goût », estiment les conducteurs.

La course entre les agences publicitaires dans la création de concepts originaux, est le facteur premier derrière la panoplie de spots et d’affiches publicitaires qui sortent souvent de l’ordinaire, ou portent des messages « choc ».

Ces talents tunisiens en matière de publicité ne sont d’ailleurs pas passés inaperçus notamment lors du festival de la publicité « AFRICAN Cristal Festival » qui s’est tenu les 11 et 12 mai 2017 à Marrakech (Maroc).

L’agence tunisienne Mindhsare Tunisie, classée première agence média sur la région d’Afrique du nord, y a remporté 4 prix sur un total de 8 prix gagnés par toutes les agences média.

Mais c’est sans doute la publicité « le retour de Ben Ali à la Goulette », qui a été la plus marquante. Elle a d’ailleurs permis à sa conceptrice, l’agence « Memac Ogilvy Label » de briller à l’échelle internationale, lors de la deuxième édition du TED Ideas Worth Spreading, tenue à Los Angeles en février 2012 et qui prime les meilleures campagnes publicitaires internationales en tenant compte de l’efficacité de « l’idée qui mérite d’être partagée ».

Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’agences publicitaires au profit de centaines de marques de produits tunisiens tentent de se démarquer et le tunisien avoue être séduit par ces campagnes.
« Sans le vouloir, oui, je suis guidée par la publicité dans mes choix. Il suffit de voir une publicité amusante ou originale pour que je me retrouve attirée dans les rayons », confie Raya, une jeune maman rencontré par Anadolu dans un magasin alimentaire de la capitale.

Une attitude que ne partage toutefois pas son mari, Ahmed qui assure ne « jamais laisser la publicité guider (s)es choix ».
Comme lui, Amine évite de se laisser « avoir par la pub ».

« Cela produit un effet contraire chez moi, plus je me sens harcelé par la pub, plus je boycotte », dit-il.

Pourtant, dans les rayons des grandes surfaces, là où une nouvelle marque de yaourt a été lancée la veille ou une réduction du prix d’un produit d’entretien a été annoncée, les gens se bousculent.

L’achat impulsif engendré par l’influence de la publicité sur la psychologie du consommateur n’est plus un phénomène étrange, surtout que le matraquage publicitaire est la technique principale pour exercer cette influence, constatée à travers le comportement du consommateur.

« La publicité ne fait malheureusement pas que guider le choix du Tunisien. Nous sommes de plus en plus en présence de techniques de marketing qui font naître le besoin chez le consommateur », estime Raja Ziadi, psychologue, dans une déclaration à Anadolu.

Commentant le rapport de la publicité avec le comportement du consommateur, la psychologue explique que « la création de besoin via la publicité pousse souvent le citoyen à consommer des produits dont il n'a pas réellement besoin et qui ne devraient, parfois, même pas exister sur le marché », poursuit-elle, ajoutant que seules les personnes suffisamment conscientes de l'existence de ces techniques sont capables d'y faire face en filtrant les messages qu'ils reçoivent via les supports médias », a-t-elle ajouté.

En attendant, les pubs, devraient probablement avoir encore de beaux jours devant elles.

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