Alger
AA / Alger / Aksil Ouali
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a relancé, jeudi soir, le débat sur l’accord franco-algérien de 1968 sur le séjour et le travail des immigrés algériens en France.
« À titre personnel, je suis pour la dénonciation de cet accord. Il donne des droits (aux Algériens, ndlr) exorbitants. Plus rien ne justifie aujourd’hui ces droits-là et ses dérogations », a-t-il affirmé lors de son passage sur Publicsenat.fr.
Et d’ajouter : « je le pense vraiment, l’Algérie vole de ses propres ailes depuis des années et des années. C’est tant mieux ! ». Avant son arrivée au gouvernement, Bruno Retailleau avait, à maintes reprises, tiré à boulets rouges sur cet accord.
Le jour de sa prise de fonctions en tant que ministre de l’Intérieur, il s’est exprimé à propos de l’accord franco-algérien de 1968, assurant « qu’il est pour sa suppression », afin « d’arriver à réduire les flux migratoires ».
Moins d’une semaine après, le responsable récidive et assure que l’accord de 1968 est « très favorable pour l’Algérie et très défavorable pour la France ». Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par l’exacerbation des tensions entre les deux pays.
Une tension aggravée par « l’arrestation, puis l’emprisonnement, il y a quelques jours, de l’écrivain algérien d’expression française, Boualem Sansal ».
Dès l’annonce de l’arrestation de l’écrivain qui a pris aussi la nationalité française, la classe politique en France, l’Elysée et le gouvernement sont montés au créneau pour « appeler à sa libération, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression ».
L’écrivain Boualem Sansal a été arrêté mi-novembre à son arrivée à l’aéroport d’Alger. Il a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal de Dar El Beida à Alger et accusé « d’atteinte à l’unité nationale », suite à ses dernières déclarations sur les frontières ouest de l’Algérie.
« Relations extrêmement tendues »
Pour le ministre français, les relations entre l’Algérie et la France sont « extrêmement tendues ». « La dernière affaire est celle de Boualem Sansal, mais les relations sont extrêmement tendues. Elles l’ont toujours été, même si la France a fait beaucoup d’effort pour se rapprocher de l’Algérie. Le Président Macron en a fait beaucoup dans ce sens. Ce n’est pas le cas du régime algérien », a-t-il estimé, citant « les dernières mesures pour défranciser au niveau de l’école, de la jeunesse … ».
« On a vu que bien avant la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, le régime algérien avait lancé un processus très agressif contre la France », a-t-il soutenu.
Le conflit entre le Maroc et le Front Polisario sur la région du Sahara dure depuis 1975. Il a commencé après que l'occupation espagnole a mis fin à sa présence dans la région, avant de se transformer en une confrontation armée qui a duré jusqu'en 1991, et a pris fin avec la signature d'un accord de cessez-le-feu qui considérait Guerguerat, une zone démilitarisée.
Le Maroc insiste sur son droit à la région du Sahara et propose une autonomie étendue sous sa souveraineté, tandis que le Front Polisario demande un référendum en application de la Résolution 690 du Conseil de Sécurité des Nations unies pour déterminer le sort de la région, position soutenue par l'Algérie, qui accueille des réfugiés de la région contestée.
En octobre dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait qualifié la polémique actuelle autour des accords de 1968 « d’épouvantail », affirmant que le document est devenu une « coquille vide ». « L’accord de 1968 est venu pour restreindre les Accords d’Evian qui ont institué la libre circulation des personnes entre les deux pays. Les Européens sont partis, la France a exprimé ensuite son désir de stopper le flux migratoire, nous avons dit d’accord. Il y a eu une révision en 1985, puis en 1995 et en 2001. Son contenu a été vidé. Il est devenu un slogan politique qui est fait pour réunir leurs extrêmes », avait-il rappelé.
Pour Abdelmadjid Tebboune, « l’accord de 1968 est l’étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes ». Selon lui, ceux qui brandissent cet « étendard » cherchent la « revanche ».
« Ils se trompent, et nous n’allons pas entrer dans ces futilités (…) C’est une minorité haineuse qui cultive la haine qui veut salir l’Algérie. Ils n’y arriveront pas. L’accord de 1968 est une coquille vide. Cette minorité raciste oublie que 60% de notre communauté en France sont des binationaux », avait-il précisé.
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