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Mali: A Gao, le Tombeau des Askia résiste toujours à l'assaut du temps et des hommes

Les groupes armés du Nord qui ont détruit plusieurs mausolées à Tombouctou ne sont, en revanche, jamais parvenus à attaquer le Tombeau des Askias, protégé par la population locale.

11.09.2014 - Mıse À Jour : 11.09.2014
Mali: A Gao, le Tombeau des Askia résiste toujours à l'assaut du temps et des hommes

AA/Gao (Mali)/ Moussa Bolly

Aucun des groupes armés sévissant au Nord du Mali n'a pu détruire le spectaculaire Tombeau des Askias, de la ville de Gao, symbole de la puissance d'un Islam érudit.

Inscrit sur la liste des sites en péril, en juin 2012 par les Nations Unies, l'édifice à la structure pyramidale unique dans tout le Sahel d'Afrique de l'Ouest, trône depuis plus de 500 ans sur la ville basse et sablonneuse, et reste le vestige le mieux conservé du grand Empire Songhaï, qui s'est épanouit du XVe au XVIe siècle dans la région. 

Le Tombeau des Askias, édifié en 1495 par l'empereur songhaï Askia Mohamed à son retour de la Mecque, comporte un tombeau qui est en réalité un minaret, deux mosquées à toit plat et des nécropoles, qui ont resisté aux intempéries, aux assauts des hommes et à l'usure du temps. 

Contrairement  aux  mosquées  et  mausolées  des  Saints de Tombouctou,  les  groupes armés du Nord ne sont jamais parvenus à attaquer ce vestige religieux inscrit sur la liste du patrimoine mondiale par l’Unesco en 2004.  

"Un  moment,  la  rumeur  a  circulé  que le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) voulait s’attaquer au Tombeau et la résistance s’est aussitôt organisée avec  des  jeunes  qui  montaient  la  garde",  explique  Oumar Tiémoko, le guide du Tombeau. 

Mohamed El Moctar Cissé, animateur socioculturel et secrétaire permanent du Collectif Cri de Cœur à Gao, rencontré par Anadolu, témoigne : "un  jour,  les rebelles  ont  débarqué  en véhicules 4x4 .  Mais,  ils n'ont  trouvé  que  des  femmes qui ont fait barrages devant la mosquée et qui étaient très déterminées à ne pas les laisser entrer en  usant de subterfuges en tout genre", dit l'homme dans un rire. 

" Les hommes ont alors rebroussé chemin, et depuis, plus personne n'a jamais tenté de s'attaquer au Tombeau" , poursuit-il, heureux d'un tel dénouement. 

"Ce monument prouve que nous sommes musulmans depuis au moins cinq siècles. Mais, contrairement aux Mausolées de Tombouctou, il  n’y a aucun mythe et aucun rite  autour du Tombeau, donc aucune véritable raison pour les groupes armés de l'attaquer", souligne l'animateur.

Pour les habitants de Gao, si le Tombeau des  Askia  a été épargné, c'est principalement parce que les populations de la ville ont résisté à l'occupation des rebelles, bien plus que les autres villes du Nord du Mali. 

Avant la multiplication des enlèvements d’Européens dans le Nord du Mali qui, depuis  2011, a amené plusieurs chancelleries à travers le monde a classé cette région  «zone rouge» pour  leurs ressortissants,  le Tombeau des Askia attirait les visiteurs de part le monde.

"Des  agences de voyage proposaient sa visite dans le cadre d’une excursion guidée comprenant une visite de la  zone de  prière ainsi qu’un tour au sommet  du tombeau. De là, on a une très belle vue de la ville entière de Gao, du fleuve Niger et de la célèbre Dune Rose ", détaille le guide, en montrant une vue à couper le souffle. 

«A  l’époque, le Tombeau accueillait  une moyenne quotidienne de 20 à 40  visiteurs.  Mais,  aujourd’hui, ils sont  très rares.  Ce  sont  généralement des cadres  du  pays  en  mission à Gao  qui  y  viennent. Depuis  une  année,  les travailleurs  et missionnaires  de  la  Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) viennent ici fréquemment», souligne encore l'homme. 

Un officier  du  contingent  nigérien  de  la Minusma rencontré par Anadolu, témoigne:  "je viens prier ici tous les vendredis.  Des édifices comme celui-ci doivent amener  le  monde  à  comprendre que  ceux  qui  ont occupé  la  ville  pendant  dix mois  étaient  des terroristes et non des musulmans.  Un  peuple  qui  dispose  d’un  tel  lieu  de  culte depuis le 15e siècle n’a même pas besoin d’être converti à l’islam, dont les  préceptes  se  confondent  aujourd’hui  avec  les  traditions locales».

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