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Togo : La dot d’abord, le mariage après

Nadia Chahed  | 06.03.2018 - Mıse À Jour : 07.03.2018
Togo : La dot d’abord, le mariage après  Photo d'archives

Togo

AA/ Lomé/ Alphonse Logo

Au Togo comme dans nombre d'autres pays africains, la dot demeure une condition incontournable pour aspirer au mariage aussi bien chez les familles chrétiennes, musulmanes qu'animistes.

Au delà de leurs appartenances religieuses diverses, tous estiment que la dot est le préalable d’un mariage réussi, indique Mawuli Kouakouvi, philosophe et formateur civique, interrogé par Anadolu.

"C’est le premier pas dans le mariage au Togo comme dans nombre de pays en Afrique d’ailleurs. Il précède toutes les autres étapes à savoir le mariage civil ou religieux", explique-t-il.

Généralement la dot se compose d'un lot de cadeaux pour la femme, allant de pagnes en passant par les sacs, les chaussures et les bijoux en or.

Outre ces cadeaux, l'homme doit également offrir une somme d'argent dont le montant varie selon les familles et les exigences des uns et des autres.

Par ailleurs, au Togo, le mariage n'est reconnu que si la dot est payée

«Toute Togolaise, qu’elle réside au pays où à l’étranger doit ramener son prétendant au pays pour la cérémonie de la dot, sans quoi elle risque d'être rejetée par sa famille », explique à Anadolu Da Dédé Hounlédé, journaliste.

Si jamais la dot n’est pas payée avant le mariage, le mari peut être contraint à payer le double voir le triple de la somme habituelle, note-t-elle.

Concernant la composition de la dot, si certains demeurent attachés aux traditions, exigeant des dots comme celles de leurs grand-mères, d'autres optent pour une dot plus adaptée à la vie moderne.

La valeur de la dot est également largement dictée par le niveau social de la future épouse, note Hounlédé.

Bien que l'Etat a fixé depuis 2001, le montant de la dot à une somme symbolique de 10 000 Fcfa ( 20 dollars environ), les familles continuent à fixer des sommes parfois exorbitantes.

Beaucoup de Togolaises estiment en effet que la valeur de la dot reflète celle de la femme auprès de son futur mari et de sa belle-famille.

« Une dot de 10.000 Fcfa ? » s’indigne Géraldine, employée de Banque de 35 ans qui estime qu’elle « vaut beaucoup plus que ça ».

Géraldine n’est pas la seule à accorder une place primordiale à la dot, la quasi majorité des femmes togolaises en font autant.

Outre le fait qu’elle véhicule la « valeur » de la femme chez sa future belle famille, la dot est un moyen de la protéger contre les aléas de la vie notamment en cas de divorce.

D’ailleurs l’autorité administrative exige, avant la célébration du mariage civil : « le certificat de la dot ou la preuve du mariage coutumier ».

« C’est en application aux textes de la République. La loi de 2011 sur la décentralisation au Togo exige que la fille soit dotée avant le mariage. Nous exigeons ce document afin de nous assurer que la loi est respectée » détaille Léandre Gbényédzi, président de la délégation spéciale du 3e arrondissement de Lomé.

Le certificat de mariage civil obtenu est, à son tour, le principal document réclamé par les religions chrétiennes avant la célébration du mariage religieux.

« En Europe et ailleurs, ce n’est pas indispensable. Mais ici, l’église fait tout pour protéger la femme ou le conjoint. Mais surtout la femme. L’église ne célèbre pas la polygamie, l’homme devra s’engager aux yeux de la loi togolaise dans la monogamie et décider du mode de gestion des biens de la famille », explique à Anadolu Thomas Henyo, curé de la paroisse St Dominique Savio d’Anfamé (Catholique), un quartier populaire de Lomé.

Et il ajoute « Nous le faisons parce que certains hommes ont tendance à contracter d’autres mariages, en mettant les femmes en difficulté. Ou lorsque décède par exemple un époux, certaines familles, vont jusqu'à priver la femme et les enfants des biens de l’homme. En passant par le mariage civil, tout est réglé ».

De toute évidence, compte tenu des avantages liés au mariage et à la prise en charge des familles dans l’administration publique et l’emploi dans le privé, les jeunes togolais se marient de plus en plus.

Selon les statistiques de la ville de Lomé obtenues par Anadolu, « la commune de Lomé a enregistré près de 2200 mariages en 2016 soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à 2011 ».

Dans le même temps on estime à plus du double de ce chiffre les mariages traditionnels et coutumiers qui sont célébrés partout ailleurs dans le pays qui compte 7,6 millions d'habitants, selon les récentes données officielles.

« En combinant l’ensemble des données sur l’ensemble du territoire national, nous dépassons les 10 000 mariages par an » indique la même source.

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