Palestine : La "campagne génocidaire" d'Israël à Gaza cible l'ONU et les humanitaires à Gaza

- Ammar Hijazi accuse Israël devant la CIJ de "meurtres délibérés" et d’imposer un "siège total" à Gaza.

AA / Genève / Beyza Binnur Donmez


L'ambassadeur palestinien auprès de la Cour internationale de justice (CIJ), Ammar Hijazi, a accusé Israël lundi de cibler délibérément les organisations humanitaires et de mener une "campagne génocidaire" contre les Palestiniens à Gaza.

Hijazi, représentant permanent de l'État de Palestine auprès des organisations internationales aux Pays-Bas, a déclaré que les forces israéliennes avaient tué plus de 408 travailleurs de l'ONU, dont près de 300 employés de l'UNRWA, ainsi que des dizaines de paramédics et de premiers intervenants.

Ces remarques ont été faites lors des audiences publiques sur les obligations d'Israël dans les territoires palestiniens occupés.

"Ces meurtres sont délibérés, pas accidentels", a-t-il affirmé, citant des attaques où les forces israéliennes ont tendu des embuscades et tué des travailleurs humanitaires avant de les enterrer dans des fosses communes.

Il a précisé devant la cour que "le blocus de Gaza est progressivement devenu un siège total" depuis octobre 2023, avertissant que la population civile de Gaza est affamée et privée des nécessités de base.

"Israël affame, tue et déplace les Palestiniens, tout en ciblant et bloquant les organisations humanitaires qui tentent de sauver leurs vies", a-t-il ajouté.

Il a souligné que ce siège a créé des conditions "incompatibles avec le maintien de la vie ou l'existence continue des Palestiniens à Gaza", mettant en lumière les pénuries catastrophiques de nourriture, d'eau, de fournitures médicales et d'abris sûrs.

"Israël est une puissance occupante illégale qui est jugée pour génocide. Son Premier ministre Benjamin Netanyahu est recherché par la CPI (Cour pénale internationale)", a déclaré Hijazi, qualifiant la situation d'un effort plus large pour effacer l'existence palestinienne.

Pendant ce temps, la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les affaires juridiques, Elinor Hammarskjold, a déclaré à la CIJ au nom de l'ONU qu'Israël doit respecter ses obligations en vertu du droit international dans les territoires palestiniens occupés pour permettre à l'ONU d'accomplir ses mandats humanitaires.

Hammarskjold a averti que "aucune aide humanitaire ni marchandises commerciales n'ont été autorisées à entrer à Gaza depuis le 2 mars, ce qui a des conséquences humanitaires dévastatrices dans la bande de Gaza", soulignant que 295 membres du personnel de l'ONU sont morts à Gaza depuis octobre 2023.


- Les civils dans un "cercle de mort sans fin"

Paul Reichler, représentant de la Palestine à la CIJ, a décrit Gaza comme "un champ de bataille, et les civils y sont pris dans un cercle de mort sans fin".

Reichler a averti que "le chemin actuel mène dans une impasse, totalement intolérable aux yeux du droit international et de l’histoire", et a mis en garde contre le risque de "voir la Cisjordanie occupée se transformer en un autre Gaza".

"Dans ces circonstances, il ne fait aucun doute qu'Israël viole ses obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris celles de la Quatrième Convention de Genève et du droit international coutumier", a-t-il déclaré.

Il a ajouté : "Les gens de Gaza sont affamés à mort, et nous en sommes tous témoins, si ce n'est complices. Mais cette tragédie humaine est un choix délibéré. C'est la conséquence d'une décision politique. C'est évitable et réversible."

Appelant à une action internationale, il a insisté sur le fait que les autorités israéliennes doivent garantir un accès complet et sans entrave aux biens humanitaires à travers Gaza, ajoutant : "La dignité humaine ne peut tout simplement pas être prise en otage par le conflit."

"L'inhumanité de cette politique israélienne est aggravée par son objectif illégal d'éteindre à jamais le droit du peuple palestinien à l'autodétermination, y compris un État souverain et indépendant sur son propre territoire, dans le cadre de la solution à deux États que la communauté internationale exige", a-t-il conclu.

La CIJ tient des audiences cette semaine pour évaluer les obligations légales d'Israël concernant la fourniture d'aide humanitaire et le droit à l'autodétermination du peuple palestinien, suite à une demande de l'Assemblée générale de l'ONU.

Des représentants de 40 pays et de quatre organisations internationales sont attendus pour présenter des soumissions orales lors de la procédure. Parmi les pays participants figurent la Türkiye, la Malaisie, l'Afrique du Sud, la Chine, la Russie, l'Espagne, l'Irlande, le Brésil, le Qatar, l'Arabie saoudite et l'Égypte.

Des organisations clés, telles que l'ONU, l'Organisation de la coopération islamique et la Ligue arabe, contribueront également.

Israël, qui figure parmi les pays ayant soumis des déclarations écrites, ne fera pas de soumission orale pendant les audiences.

Israël fait également face à une accusation de génocide à la CIJ pour sa guerre contre la bande de Gaza, qui a tué plus de 52 000 Palestiniens depuis octobre 2023 et réduit une grande partie de Gaza en ruines.

La Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt en novembre dernier contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à Gaza.


* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir