AA/Malabo/Fabien Essiane
C'est le regard vif et le sourire bienveillant, que Yolanda Asumu, nous accueille dans son bureau situé au quariter paraiso, route de l'aéroport internaional de Malabo, la capitale équato-guinéenne.
Avec une modestie déconcertante, la quadragénaire exprime son désir ardent d'aider les jeunes équato-guinéens et plus généralement les africains, à se construire un solide avenir.
Cette directrice générale de la plateforme panafricaine de recherche d'emploi en ligne "Icubefarm.com", se veut ainsi, raconte-t-elle à Anadolu, "le pont entre chercheurs d'emploi et entreprises" sur le continent.
Retraçant son parcours, la jeune femme explique s'être toujours sentie "portée sur les relations humaines". C'est donc naturellement, dit-elle, qu'elle a, il y a plus d'une décennie, ouvert dans un premier temps une agence d'accompagnement, dans sa Guinée Equatoriale natale : "Bioko business center agent" (Bbc).
"Les entreprises équato-guinéennes faisaient appel à mes services pour embaucher du personnel", renseigne-t-elle.
Un métier classique en Guinée Equatoriale, où la plupart du temps, le demandeur d’emploi ne se rend pas directement dans une entreprise, mais passe plutôt par une agence qui sert d’intermédiaire entre lui et l’entreprise.
Très vite, à travers son expérience, Yolanda Asumu relève les imperfections de ce système "souvent marqué par l’injustice".
"En recourant à des pratiques pas toujours recommandables, les entreprises recrutent parfois les moins méritants. Les réseaux l’emportent alors outrageusement sur le mérite", indique-t-elle.
Après 14 ans passés à enregistrer plaintes et cris de détresse de centaines de jeunes en quête d’emploi, il vient alors à Yolanda, l’idée de créer une structure qui mettrait en relation chercheurs d’emploi et entreprises, avec pour seul instrument de mesure, le mérite.
"J'ai imaginé donc une méthode à travers laquelle le chercheur d’emploi n’est recruté qu’à partir de certains éléments objectifs et vérifiables tels que le niveau d’études, l’expérience professionnelle, etc", détaille-t-elle.
C’est ainsi qu’après des mois de préparation, Icubefarm.com voit le jour en 2015.
"La plate-forme fonctionne un peu comme le réseau social Linkedin. L’internaute a la possibilité de créer gratuitement un profil en fournissant toutes les informations qui peuvent peser dans son Cv", explique la mère du projet.
"Il peut ensuite parcourir la liste des postes disponibles dans des entreprises précises et postuler".
"De son côté, le directeur des Ressources humaines de l’entreprise qui sollicite un employé effectue un choix, en se basant uniquement sur les informations qui apparaissent dans les profils" ajoute-t-elle.
Toutefois, souligne Yolanda, "la vérification desdites données incombent à l’entreprise elle-même qui a néanmoins l’opportunité de recruter des personnes qualifiées et qui répondent à leurs besoins".
De son côté Icubefarm.com a pour rôle d’aider les internautes dans la présentation et la mise-en-valeur des informations sur leurs profils afin d’augmenter leurs chances d’être recrutées.
"A travers un annuaire organisé en secteurs d’activités, le site offre également aux entreprises et ce, de façon implicite, l’opportunité de se faire connaitre à de potentiels clients, fournisseurs et vendeurs", dit-elle.
Pour l’instant, l’accès au site icubefarm.com demeure gratuit, à la fois pour le chercheur d’emploi et pour les entreprises. "Mais dans un avenir que j'espère proche, avec l’augmentation du trafic, des espaces dédiés à la publicité et aux annonces d’offres d’emploi seront réservés", confie la femme.
-Rayonner au-delà de la Guinée Equatoriale
Au départ, "Icubefarm" fut conçu pour les internautes équato-guinéens.
Le site domicilié à Malabo a d'ailleurs déjà une certaine assise grâce notamment aux partenariats avec les plus grosses entreprises de la Guinée Équatoriale.
En deux ans d’existence, sa communauté sur "Facebook" se rapproche de 22.000 abonnés et des dizaines de chercheurs d’emplois ont déjà trouvé du travail, renseigne Yolanda Asumu.
Mais avec seulement près d’un million d’habitants, le pays de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo ne constitue pas en réalité un grand marché, même si le taux de chômage avoisine les 40%, selon des statistiques non officielles (et 10% d'après le ministère du travail équato-guinéen).
Ce petit Etat de l'Afrique centrale riche en pétrole connait en effet depuis 2014, des difficultés financières liées à la baisse drastique du prix de l'or noir à l'international.
"C'est pourquoi j'ai quitté ce qui peut être considéré comme ma zone de confort, pour aller explorer d’autres horizons et étendre les activités de la structure dans les autres pays d’Afrique centrale", dit-elle.
Au Cameroun depuis le mois d’avril 2017- et effectuant quelques allers-retours dans son pays natal-, la quadragénaire sait que les défis sont énormes.
Sur place en effet, il existe déjà des plates-formes qui offrent à peu près les mêmes services. Celles-ci enregistrent par ailleurs, plus ou moins, de bons résultats.
Consciente de cela, Yolanda Asumu ne baisse pas pour autant les bras, et mise d'ailleurs sur sa longue expérience acquise au fil des années dans le domaine, pour se faire remarquer.
Celle qui effectue régulièrement des voyages aux États-Unis a en effet su s’imposer dans son secteur d’activités, malgré le fait que ses interlocuteurs soient en majorité des hommes.
Si au début, la confiance a peiné à s’installer, la compétence et les bons résultats enregistrés par son équipe lui ont permis de se bâtir une certaine notoriété.
Déjà, en Guinée Équatoriale, Icubefarm a travaillé son image en s’investissant énormément dans les compétitions sportives. Du 30 avril au 06 mai et du 26 juin au 2 juillet 2017, son entreprise a notamment démontré son savoir-faire dans le monde du sport en parrainant respectivement deux tournois de Golf à Yaoundé au Cameroun et à Abuja au Nigeria.
Une expansion qui permet non seulement à de nombreux jeunes africains d’accroître leurs chances de trouver du travail, mais aussi, d'offrir aux patrons d’entreprises africaines l’opportunité de dénicher les perles rares, dit-elle, émettant l'spoir que cette aventure se poursuive dans d'autres pays.