AA/Tunis/Houcine Ben Achour
A Tunis et ailleurs, dans le pays, le budget 2018 est le sujet principal des discussions : des augmentations de toute sorte, taxes, impôts et droits d’enregistrement, qui seront introduites l’année prochaine pour alimenter les caisses de l’Etat en 2018.
Le gouvernement a fixé le montant total du budget à 35 851 MD (14,34 M USD, environ), en hausse de 10,9% par rapport au budget 2017qui, il faut le souligner dès l’abord, a été fortement malmené durant l’année tant les dérapages de dépenses ont été nombreux et les prévisions de ressources sans rapport avec celles imaginées initialement.
Il ne fait aucun doute que ce budget sera révisé par une loi de finances complémentaire qui, pour l’heure, n’a fait l’objet d’aucune communication officielle.
En tout cas, la hausse est significative, alors qu’on pouvait s’attendre à plus de rigueur dans les dépenses. Le tour de vis budgétaire ne serait pas au rendez-vous.
Le budget de fonctionnement de l’Etat devrait enregistrer une hausse de plus de 8,3% avec un budget des rémunérations qui va augmenter de 7,8%.
On demeure dans le droit fil des évolutions constatées dans cette rubrique du budget durant ces dernières années, rendant plus difficile la réalisation de l’objectif fixé par le gouvernement de réduire la masse salariale dans le budget de l’Etat à 12% du PIB à l’horizon de 2020.
Le budget des rémunérations accaparera à lui seul, l’année prochaine, près de 60% des ressources propres du budget.
Ce n’est pas là le seul fait préoccupant.
En effet, les dépenses de remboursement de la dette vont carrément exploser. Entre le paiement du service de la dette et le remboursement du principal, la facture est vraiment salée. L’Etat devrait débourser l’année prochaine près de 8 milliards de dinars pour honorer ses engagements contre un peu plus de 5,8 milliards de dinars (2,32 M USD) en 2017.
La hausse est vertigineuse atteignant presque 38%. Plus encore, cela représente plus du tiers du budget. Un record.
Investissement en baisse
Dans le registre des hausses de dépenses, il y aura également celles des interventions publiques qui concernent la compensation, les subventions et autres soutiens financiers de l’Etat aux familles nécessiteuses.
Quoiqu’elle soit, dans une moindre mesure que le remboursement de la dette, cette ligne de dépenses budgétaires augmentera de plus de 10% l’année prochaine à plus de 5,6 milliards de dinars.
Du coup, c’est le budget d’investissement qui en fait sérieusement les frais puisqu’il s’inscrirait dans la baisse par rapport à celui de 2017, passant de 6610 MD (2644 M USD) à 5121 MD( 2048 M USD), soit une réduction de l’ordre de 16% environ.
Relation de cause à effet, pour faire face à cette hausse globale des dépenses du budget de près de 11%, le gouvernement ne comptera pas trop sur ses ressources propres qui n’augmenteront, l’année prochaine, que de 3,3%, même s’il convient de préciser que cette hausse va relativement aggraver la pression fiscale. En revanche, il va emprunter.
Et, là aussi, on serait en présence d’un record puisque le gouvernement compte lever des emprunts à hauteur de 10,4 milliards de dinars (4.1 M USD) contre seulement 8,5 milliards de dinars (3.4 M USD) en 2017. Une hausse de plus de 22% faisant grimper les ressources d’emprunt du budget général de l’Etat à près de 30% du total des ressources contre 26%, environ, dans le budget de 2017.
Les choix budgétaires 2018 du gouvernement ne seraient pas sans impacts sur l’état des finances publiques.
Le recours à l’emprunt va alourdir l’endettement public qui dépasserait probablement la barre des 70% du PIB, l’année prochaine.
D’autre part, le déficit budgétaire ne va pas connaître une réduction notable puisqu’il atteindrait, au mieux, 5,2 milliards de dinars, rendant difficile, là aussi, l’objectif de réduire le déficit budgétaire à 3% du PIB à l’horizon de 2020.