Algérie : 10 ans d'emprisonnement requis contre l'écrivain algéro-français Boualem Sansal
-Le verdict est prévu pour le 27 mars courant.

Algeria
AA / Alger / Aksil Ouali
L'écrivain algéro-français, Boualem Sansal a comparu, jeudi, devant le tribunal criminel de Dar El Beida, à l'est d’ Alger. À l'ouverture du procès, le représentant du parquet a requis 10 ans de prison à son encontre.
Selon l'arrêt de renvoi lu à l'ouverture de l'audience, l'homme de 76 ans est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, dont «atteinte à l’unité nationale », «outrage à corps constitué », «pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et «détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».
En attendant le verdict prévu pour le 27 mars courant, soit dans une semaine, l'écrivain s'est défendu seul devant le juge, en rejetant toutes les accusations dont il fait l'objet.
Selon le journal arabophone Echourouk qui a couvert le procès, Boualem Sansal «a nié devant le juge toute intention de porter atteinte à l’Algérie à travers ses publications » et a assuré «qu’il n’a fait qu’exprimer une opinion, comme tout citoyen algérien ».
L'homme a affirmé également «qu'il n’a pas pris la mesure de l’atteinte que pouvaient porter aux institutions nationales certaines de ses expressions ».
L'écrivain d'expression française, avait tenu des propos jugés par les autorités algériennes comme étant «attentatoires à l’intégrité du territoire national ».
Dans une interview au média français d’extrême-droite Frontières, en octobre dernier, il avait soutenu que la France coloniale avait tronqué le territoire marocain au profit de l’Algérie.
Ces déclarations lui ont valu une arrestation à Alger le 16 novembre 2024, dès son arrivée à l'aéroport.
Son incarcération a été vivement dénoncée en France, dont il a aussi la nationalité en 2024.
Avant de se consacrer à la littérature, Boualem Sansal a fait une longue carrière dans la haute administration, occupant notamment un poste de directeur central au ministère algérien de l’Industrie. En janvier dernier, le président français Emmanuel Macron a estimé que l’Algérie se « déshonore » en refusant de libérer un homme malade.
Dans la crise entre Alger et Paris qui dure depuis plus de sept mois, l’affaire Sansal a aggravé les tensions entre les deux pays.
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives et la restitution des biens d’Algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes.
L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle. Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au «rapport de force», selon les déclarations répétitives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, le président Abdelmajid Tebboune a pointé «des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de «perte de temps » et mettant en garde contre «une séparation qui deviendrait irréparable».
«Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré.
Le 25 février 2025, Paris a décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour «défendre les intérêts des Français ».
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