Anadolu révèle l'ampleur de la crise humanitaire qui frappe les réfugiés soudanais
- Des images prises par Anadolu, révèlent l'ampleur de la souffrance dans le camp de Goz al-Haj, où des milliers de personnes, déplacées, témoignent de leurs épreuves et se battent pour leur survie
Sudan
AA/Soudan/ Gökhan Kavak,Ahmed Satti
Victimes de déplacement forcé, les soudanais survivent dans des camps de réfugiés surpeuplés à Shendi, au nord de Khartoum, confrontés à des conditions de vie précaires, un froid glacial et à une crise alimentaire qui perdure.
Anadolu met en lumière la détresse des déplacées au camp de Goz al-Haj, où des milliers de personnes racontent des vécus atroces et luttent chaque jour pour survivre.
Situé à Shendi, au nord de la capitale Khartoum, ce camp accueille près de 8 000 réfugiés soudanais depuis deux mois.
Composé d'environ 300 tentes, le camp fait face à de nombreux défis, notamment des pénuries alimentaires, des conditions météorologiques rigoureuses et un accès limité aux soins médicaux.
Le pharmacien Fawwaz Abdoulbaki a témoigné des conditions de vie infernales dans le camp.
"Après l'entrée des Forces de soutien rapide (FSR) dans notre village, nous avons vécu un véritable cauchemar", a déclaré Abdulbaki.
Il a ajouté que les FSR les déshumanisaient, les considéraient comme moins que rien.
"Nous avons tout abandonné derrière nous, maintenant tout ce que nous voulons, c'est retourner chez nous", a poursuivi Abdulbaki.
"Le camp est soumis à des conditions extrêmes notamment une pénurie de nourritures et de couvertures. Bien que certaines organisations humanitaires et des philanthropes fournissent de l'aide, cela est loin d'être suffisant. J'implore l'aide des organisations internationales : aidez-nous, les gens ici souffrent", a-t-il martelé.
-Le déplacement forcé, les abus
Khalid Mohammed Ja'afar, un enseignant réfugié dans le camp, a raconté comment les Forces de Soutien Rapide (FSR) ont infiltré sa communauté, infligeant d'immenses souffrances.
"Ils ont vécu dans nos maisons, nous ont battus et ont exigé de l'or, des armes et des téléphones portables. Ils ont même porté atteinte à notre honneur", a déclaré Ja'afar.
Pour échapper à cette situation, Ja'afar et les villageois ont entamé un périple épuisant à l'aube, marchant pendant des kilomètres avec des enfants, des personnes âgées et des malades dans des conditions extrêmement difficiles.
"En chemin, des femmes ont accouché sous les arbres. Les jambes des enfants ont enflé et certains d'entre eux sont décédés après avoir atteint le camp, même ma mère a succombé aux difficultés du voyage", a déclaré Ja'afar.
En insistant sur les épreuves vécues dans le camp, notamment la pénurie de nourriture et le froid, Ja'afar a ajouté que les piqûres de scorpions et de serpents constituaient une menace importante.
"Deux frères et sœurs sont décédés des suites d'une morsure de serpent il y a quelques jours", a-t-il expliqué.
Ravda al-Tayyİb, une autre résidente du camp, a expliqué la décision des villageois de fuir : "Nos hommes n'ont pas fui par peur pour leur vie, mais pour protéger leur honneur. Personne ne peut rester les bras croisés et regarder sa dignité bafouée."
-Conflit et crise au Soudan
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit qui oppose l'armée aux Forces de Soutien Rapide (FSR), un conflit né de désaccords sur la réforme et l'intégration militaires. Ces affrontements incessants ont dévasté les infrastructures, l'économie, le système éducatif et le système de santé du pays.
Les efforts de médiation en vue d'une résolution pacifique ont échoué, laissant des millions de personnes dans une situation désespérée. Selon les Nations Unies, plus de 20 000 personnes ont perdu la vie, 3 millions ont fui le pays et près de 9 millions ont été déplacées à l'intérieur du Soudan. Plus de 25 millions de personnes ont désormais besoin d'une aide humanitaire.
Le camp de Goz al-Haj, où les habitants luttent quotidiennement pour survivre, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres des communautés touchées par ce conflit prolongé au Soudan.
Traduit de l'anglais par Sanaa Amir