Burkina Faso: Deux suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'attaque de Solhan
- Ils affirment appartenir au groupe "Mouhadine" affilié à Al-Qaïda
Burkina Faso
AA / Ouagadougou / Dramane Traoré
Suite à l’attaque meurtrière contre le village de Solhan dans le Sahel burkinabè le 5 juin dernier, ayant officiellement fait 132 morts et 160 selon les sources locales, l’enquête ouverte par le parquet anti-terroriste a abouti à la présentation le 25 juin 2021, de deux individus à savoir Mano Tidjani alias Ali et Woba Dikouré, a annoncé lundi soir, le Procureur du Burkina Faso Emile Zerbo dans un communiqué.
Selon la même source, le parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire contre eux des chefs d’association de malfaiteurs, assassinats, tentative d’assassinats, vols, détention illégale d’arme à feu et de minutions et dégradation volontaire de biens mobiliers et immobiliers, toutes infractions en lien avec le terrorisme.
Ils ont été mis en examen et placés sous mandat de dépôt.
Le Procureur a précisé que ces deux individus tous nés en 1993 à Ouro-diako dans le département de Boundoré, au Burkina Faso sont membres du groupe "Mouhadine" signifiant, selon eux, "les gens solidaires" affilié à Al-Qaïda.
Mano Tidjani alias Ali est le chef d’une base terroriste située dans une forêt de Boundoré tandis que Woba Dikouré, recruté par le premier s’avère être un simple combattant, selon la justice.
Il ressort également des investigations que ledit groupe est divisé en plusieurs sous-groupes basés sur le territoire du Burkina Faso avec des incursions sur les territoires nigérien et béninois, a affirmé le Procureur ajoutant que le groupe a été l’auteur des précédentes attaques de Solhan et de Sebba, de Boundoré et Koholoko à la frontière du Niger.
L’enquête qui a débuté par les constatations faites par les enquêteurs dans la matinée du 6 juin 2021 a permis de découvrir sur les lieux de l’attaque en plus des dégâts matériels et des corps des victimes, 318 étuis de kalachnikov et 219 étuis de PKMS.
Il est ressorti de la suite de l’enquête que Solhan, après avoir déjà connu deux attaques terroristes, devait être la cible d’une troisième attaque prévue en juin 2020, mais cette attaque n’a pas été exécutée du fait qu’un orage avait empêché le passage à l’acte des terroristes, lit-on dans le communiqué.
Quant à l’attaque perpétrée le 5 juin 2021, l’enquête démontre qu’elle a été décidée le 21 mai 2021 pour être exécutée le 7 juin dans l’objectif de piller des biens ; le pillage étant la principale source de financement du groupe auquel appartiennent les deux mis en examen.
La suite de l’enquête permettra de connaître les raisons de cette anticipation et l’instruction judiciaire aura pour mission de poursuivre les investigations afin d’identifier et interpeller les autres auteurs et complices de cette attaque terroriste, a assuré le Procureur.
L’attaque du village de Solhan qui s’est déroulée sur un site minier artisanal est considérée comme la plus meurtrière des attaques que connaît le Burkina Faso depuis avril 2015.
Elle a occasionné un mécontentement – des mouvement de protestation- au sein de l’opinion publique nationale et relancé les débats autour de la capacité des forces de défense et de sécurité à endiguer le phénomène terroriste au Burkina Faso.
Dimanche soir, dans un message radiotélévisé, le Président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a déclaré qu’il prendra des mesures fortes pour renforcer la capacité opérationnelle des troupes sur le terrain.