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Burkina Faso/Tueries de Karma : le gouvernement condamne des actes "ignobles et barbares"

- Et espère vivement que la lumière sera faite dans cette affaire.

Dramane Traore  | 27.04.2023 - Mıse À Jour : 27.04.2023
Burkina Faso/Tueries de Karma : le gouvernement condamne des actes "ignobles et barbares"

Burkina Faso

AA / Ouagadougou / Dramane Traoré

Une semaine après les tueries de plusieurs dizaines de civils burkinabè dans le village de Karma, situé dans la province du Yatenga dans le nord du Burkina Faso, le gouvernement burkinabè a réagi ce jeudi, en condamnant des actes "ignobles et barbares", affirmant qu’il suivait de très près l’évolution de l’enquête.

Le bilan toujours provisoire de cette attaque survenue le 20 avril courant et attribuée à des "individus arborant des tenues des forces armées nationales", est de 60 morts, selon la justice, plus de 100 morts, selon le collectif des survivants et 150 selon des médias et des ONG.

Le gouvernement burkinabè a, quant à lui, parlé "de dizaines de personnes tuées" et "condamné fermement ces actes ignobles et barbares", avant de présenter ses sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes, dans une déclaration signée du porte-parole du gouvernement Jean Emmanuel Ouédraogo.

Le gouvernement s’est dit également "particulièrement préoccupé" par cette situation et a expliqué que selon les informations, les tueries auraient été commises par des "Hommes armés habillés dans des tenues des forces armées burkinabè".

Le porte-parole du gouvernement a ajouté qu’une information judiciaire a été ouverte par le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouahigouya et que le gouvernement suivait de très près l’évolution de l’enquête.

"Il espère vivement que la lumière sera faite dans cette affaire qui révolte la conscience individuelle et collective de toutes les femmes et de tous les hommes épris de paix, de justice et de liberté", a-t-il dit.

- Condamnations tous azimuts

Dans une déclaration publiée mardi, le collectif des survivants de l’attaque a expliqué que l’on dénombre plus d'une centaine de morts et plusieurs blessés par balles dont des femmes et des enfants.

La porte-parole du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, a condamné cette tuerie et a demandé à ce que l’enquête soit "rapide, approfondie, indépendante et impartiale et doit déboucher sur des poursuites crédibles, si l'on veut mettre fin à ces violations flagrantes".

"Selon les informations disponibles, au moins 150 civils auraient été tués et de nombreux autres blessés. Les hommes armés ont ensuite pillé les maisons, les magasins et les mosquées", a-t-elle dit.

Réagissant à la présence des enfants parmi les victimes, Benoit Delsarte, Directeur-pays de l'organisation "Save the Children" au Burkina Faso, a déclaré dans une note : "Toute vie d’enfant perdue suscite en nous indignation et devoir d’interpellation. Les enfants ne doivent pas être une cible. Ils ne demandent qu’à vivre dans un environnement sûr qui leur garantit des opportunités de vivre en bonne santé, de se développer intellectuellement et d’être protégés d’abus, avec un accès libre aux services sociaux de base".

Le même jour, l’Union européenne a également "condamné avec fermeté l’horrible massacre" et rappelé que le meurtre de civils peut constituer un crime de guerre, tout en appelant à ce qu’une enquête impartiale et rigoureuse soit diligentée pour identifier, juger et condamner les coupables.

Dans la même lancée, le collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces du Burkina s’est insurgé contre cette "tuerie de masse" violant les droits de l’homme et constituant manifestement un "crime de guerre et un crime contre l’humanité".

"Nous tenons à mettre ce drame sur le compte de l’absence d’alerte et d’information, occasionnée par la stratégie liberticide mise en place par les autorités ; stratégie contreproductive de musèlement et de répression des journalistes, activistes et lanceurs d’alerte", a-t-elle écrit.

Joint au téléphone par Anadolu, Belem Daouda, un ressortissant du village de Karma a déclaré que les corps des personnes tuées seront inhumés ce jeudi sur place.

"Nous confirmons que les corps seront inhumés ce jeudi. C’est après cela que nous aurons un bilan complet", a-t-il affirmé à Anadolu.

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