Afrique

Caricature d’un célèbre guide soufi : le Sénégal en colère, «Jeune Afrique» s’excuse

"Jeune Afrique" a retiré de son site la caricature de Cheikh Akhmadou Bamba, qui a suscité une vive indignation au sein de la communauté musulmane et du gouvernement sénégalais.

Esma Ben Said  | 29.01.2016 - Mıse À Jour : 29.01.2016
Caricature d’un célèbre guide soufi : le Sénégal en colère,  «Jeune Afrique» s’excuse

Dakar

AA/Dakar/Babacar Dione

L'hebdomadaire panafricain «Jeune Afrique», a présenté, vendredi, ses excuses à la suite de la publication en ligne de la caricature d’un célèbre guide soufi sénégalais, Cheikh Akhmadou Bamba, qui a provoqué une vive indignation au Sénégal, où la communauté musulmane constitue 92 % de la population.

Dans un article publié jeudi en ligne, «Jeune Afrique» a défendu Waly Seck, un chanteur sénégalais qui avait fait l’objet de moquerie à Dakar après être apparu portant un sac à main de femme.

«Quel crime horrible a donc commis celui qui se baptise lui-même « l’authentique El Fenomeno » ? Nulle affaire de meurtre ni d’abus sexuel, mais un délit de port de sac », a écrit Jeune Afrique, illustrant son article avec une caricature Cheikh Akhmadou Bamba en caftan blanc pour dire que « les guides religieux portent des robes».

Au sein de la communauté musulmane, cette caricature a été perçue par certains comme une véritable «une insulte à la foi».

«Après Charlie Hebdo qui avait caricaturé le Prophète Mohamed, c’est autour de Jeune Afrique de caricaturer notre guide religieux», s’est indigné Moustapha Ndiaye, un jeune sénégalais rencontré dans les rues de Dakar par Anadolu.

Vendredi, «Jeune Afrique», s’est donc expliqué via un communiqué.

«Une première version de ce dessin intégrait une photo du fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba. Compte tenu de l’incompréhension de nombreux lecteurs, nous avons préféré remplacer ce dernier par une personne anonyme en boubou traditionnel», souligne le journal dans le texte publié sur son site internet.

« Dans ce dessin, notre intention n’est pas de blesser qui que ce soit, et encore moins de porter atteinte à Cheikh Ahmadou Bamba, mais de dénoncer la bêtise de ceux qui ne font pas la différence entre un caftan et une robe, avec toutes les déductions faciles et infondées qui pourraient en découler. Une simple analogie humoristique avec l’’affaire Waly Seck, donc. Et nous présentons nos sincères excuses à tous ceux qui ont été choqués par la première version du dessin », a ajouté le site d'actualités africaines.

Le gouvernement du Sénégal a, pour sa part, vivement condamné la caricature. «Le gouvernement exprime sa solidarité à la communauté musulmane, à la communauté mouride et condamne avec fermeté ce type de pratique qu’on ne saurait accepter. Nous recommandons le respect de la foi et des convictions religieuses», a déclaré, vendredi matin, le Porte-parole du gouvernement dans un entretien accordé à Rfm, une radio privée dakaroise.

Selon Seydou Guèye, le gouvernement n’écarte d’ailleurs pas la possibilité d’interdire la vente du magazine au Sénégal.

Guide religieux soufi né en 1853, Cheikh Ahmadou Bamba a prôné un islam pacifique. Il a créé une confrérie musulmane appelé Mouridisme. Cette confrérie compte des milliers de disciples à travers le Sénégal, l’Afrique et le monde. Jusqu’à sa mort en 1927, il a enseigné le Coran malgré l’opposition du pouvoir colonial qui l’a forcé à l’exil à plusieurs reprises.

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