Centrafrique: prémices d'une crise de confiance entre l'exécutif et le législatif
-Le président de l’Assemblée nationale centrafricaine vient de porter plainte contre le porte-parole du comité de soutien au président Touadéra, pour « injure, diffamation, dénonciation calomnieuse, incitation à la haine et à la violence »

Bangui
AA/Bangui/Sylvestre Krock
La crise de confiance caractérisant depuis quelques mois les rapports entre le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra et président de l’Assemblée nationale, son dauphin constitutionnel, Abdou Karim Meckassoua, est désormais révélée au grand jour.
Le président de l’Assemblée nationale vient en effet de porter plainte contre Didacien Kossimatchi, porte-parole du comité de soutien à Touadéra, pour « injure, diffamation, dénonciation calomnieuse, incitation à la haine et à la violence ».
« Abdou Karim Meckassoua a décidé de porter plainte avec constitution de partie civile contre Didacien Kossimatchi et autres auprès du doyen des juges d’instruction près le tribunal de grande instance de Bangui », indique un communiqué de presse publié, mercredi, par le conseil du président de l'Assemblée nationale et dont Anadolu a reçu copie.
Cette plainte fait « suite aux graves accusations portées contre sa personne et les députés à l’assemblée nationale par M. Didacien Kossimatchi, porte-parole du comité de soutien au président Faustin Archange Touadéra », souligné Me. Jérôme Lavou, avocat de Karim Meckassoua, dans le communiqué.
Il rappelle, en outre, que ces atteintes à la personne de son client ont été faites par Kossimatchi, lors de points de presse tenus en juillet 2017 où il a accusé Abdou Karim Meckassoua d’être "l’instigateur des actions de déstabilisation de l’Etat centrafricain ainsi que des dernières crises de Bangassou et autres localités de l’Est du pays".
Il l’a également « accusé d’avoir payé des mercenaires tchadiens pour attenter à la vie du chef de l’Etat afin de pouvoir le remplacer automatiquement aux hautes fonctions de président de la République et que 6 de ces mercenaires auraient été arrêtés par les forces de défense et de sécurité et seraient actuellement entre les mains de la justice », note la même source.
Cette tension marquant les relations entre les chefs de l’exécutif et du législatif n’augure rien de bon, selon des observateurs qui craignent qu’à la crise sécuritaire et humanitaire qui continue de secouer le pays, ne vienne s’ajouter une crise institutionnelle au sommet de l’Etat. Fait qui risque de susciter la méfiance des partenaires qui soutiennent le pays.