Crise dans l’est de la RDC: Emmanuel Macron poursuit ses contacts avec les dirigeants de la région
- Le président français s’est entretenu avec ses homologues angolais, ougandais et burundais pour tenter de mettre fin aux hostilités dans l’est de la République démocratique du Congo
France
AA / Tunis / Majdi Ismail
Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu avec ses homologues angolais, ougandais et burundais pour tenter de mettre fin aux hostilités alors que le groupe armé rebelle M23 poursuit son offensive dans l’est de la République démocratique du Congo, a annoncé vendredi l’Élysée.
Le mouvement du 23 Mars a revendiqué le contrôle de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (Est de la RDC) après cinq jours de combat - entre dimanche (26 janvier) et jeudi (30 janvier) - ayant fait au moins 700 morts et 2 800 blessés, selon le porte-parole de l’Onu, Stéphane Dujarric.
Des milliers de personnes ont également été déplacées, dont beaucoup ont fui au Rwanda. Cette offensive constitue une escalade majeure du conflit dans l’est de la RDC.
Les échanges du dirigeant français avec les présidents de l’Angola Joao Lourenço, du Burundi Evariste Ndayishimiye et de l’Ouganda Yoweri Museveni sont intervenus jeudi, a précisé la présidence française citée par Le Figaro. Ils font suite à ceux avec les chefs d’État du Kenya William Ruto, du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso et d’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa dimanche et lundi.
Emmanuel Macron a aussi eu un nouvel échange jeudi soir avec le président congolais Félix Tshisekedi pour faire le point sur la situation et sur les ‘’actions diplomatiques qui peuvent être menées’’, a précisé l’Élysée. Il ‘’reste en lien’’ avec le président rwandais Paul Kagame, a encore déclaré la présidence française, alors que le numéro 1 du Quai d’Orsay, Jean-Noël Barrot, s’est rendu successivement à Kinshasa et Kigali jeudi et vendredi. ‘’La cessation des hostilités est clairement un préalable à la reprise du dialogue’’, a insisté l’Élysée à la suite de cette série d’entretiens avec les pays voisins de la RDC et du Rwanda.
Par ailleurs, la France a proposé vendredi au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution visant à ‘’accroître la pression sur le Rwanda’’ pour qu'il retire ses troupes de l'est de la RDC, a fait savoir l'ambassadeur français auprès de l'Onu, Nicolas de Rivière.
La RDC et d’autres pays accusent le Rwanda de soutenir les rebelles, une accusation rejetée par Kigali.
‘’J'espère que cette résolution pourra être adoptée rapidement’’, a-t-il déclaré, soulignant qu'à ce stade, des sanctions ne sont pas prévues.
‘’Ce dont nous avons besoin, c'est d'un message fort et clair du Conseil de sécurité sous la forme d'une résolution, demandant instamment l'arrêt de l'action actuelle, le retrait des éléments étrangers et la reprise des pourparlers’’, a ajouté Nicolas de Rivière.
La mission française auprès de l'Onu a indiqué vendredi que Paris était également en ‘’contact étroit avec ses partenaires de l'Onu à New York pour encourager une reprise du dialogue entre la RDC et le Rwanda, facilité par l'Angola dans le cadre du processus de Luanda’’.
Pour être adoptée, une résolution du Conseil doit recueillir au moins neuf votes favorables et aucun veto de la part des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, du Royaume-Uni ou de la France.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, ‘’la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda’’. ‘’La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)’’, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.