Crise dans l’Est de la RDC : la CEEAC exige le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais
-Les chefs d’États et de gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) étaient réunis vendredi à Malabo

Tunis
AA/Tunis
Les chefs d’États et de gouvernements de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont appelé vendredi au retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais, selon des médias africains.
Cet appel a été fait dans une déclaration commune publiée à l'issue d'une réunion tenue vendredi à Malabo, dans le cadre du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale, précise la radio de l'ONU en RDC, Radio Okapi.
Au cœur des discussions : "la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo, où le groupe rebelle M23, soutenu par l’armée rwandaise, intensifie ses offensives dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu", souligne le même média.
Les dirigeants de la CEEAC ont, par ailleurs, souligné la nécessité de normaliser le fonctionnement de l’aéroport de Goma, afin de permettre le retour des membres des mécanismes de vérification régionaux, notamment le Mécanisme de vérification étendue Renforcé (MVA) et celui de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), précise la même source.
Les chefs d’États réaffirment leur soutien aux initiatives diplomatiques en cours, notamment les Processus de Luanda et de Nairobi, ainsi qu’à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba de 2013. Ils exhortent la RDC et le Rwanda à respecter leurs engagements dans le cadre du processus de Luanda, afin de créer les conditions nécessaires à la convocation d’un sommet quadripartite réunissant la CEEAC, la SADC, l’EAC et la CIRGL, sous l’égide de l’Union africaine, rapporte encore la radio onusienne.
Enfin, face à la détérioration de la situation humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les dirigeants de la CEAC ont appelé à la mise en place d’un couloir humanitaire sécurisé pour permettre le déploiement rapide de l’aide en faveur des populations de Goma et de ses environs.
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a approuvé vendredi l'ouverture d'une enquête sur les violences commises dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une offensive éclair du groupe rebelle M23 (Mouvement du 23 Mars).
Le projet de résolution présenté par la RDC a été adopté sans vote par les 47 États membres du Conseil, à l'issue d'une session extraordinaire.
Kinshasa avait demandé cette réunion après que le M23 a pris le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, région riche en ressources minières. La RDC et plusieurs pays occidentaux accusent le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23, une accusation sans cesse rejetée par Kigali.
La résolution demande au M23 et au Rwanda ‘’de mettre immédiatement fin aux violations des droits de l'homme et atteintes à ces droits ainsi qu'aux violations du droit international humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu’’.
Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées dans l'est de la RDC, alors que plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis début janvier en raison des combats, selon l'ONU.
Le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, ‘’la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda’’. ‘’La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)’’, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.