Emmanuel Dupuy : "La situation sécuritaire au Burkina Faso ressemble à celle du Mali en 2012-2013"
- Le Président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), Emmanuel Dupuy a répondu lundi aux questions de l'Agence Anadolu (AA) sur les facteurs participant à l'essor du terrorisme dans le nord du Burkina Faso.
France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Face à la recrudescence, ces dernières années, des attentats terroristes au Pays des Hommes Intègres, les forces armées burkinabè ont lancé une série d'opérations militaires, notamment depuis le 5 mai dans les régions du Nord et du Sahel. L'État burkinabè démontre cependant de réelles difficultés à assurer la sécurité de ces régions rongées par le terrorisme et le banditisme.
Depuis 2015, plus de 1 400 personnes ont été tuées par les groupes armés terroristes (GAT) au Burkina Faso, et plus d’un million de personnes ont été déplacées après avoir fui les violences se concentrant essentiellement dans le nord du pays.
Le Premier ministre burkinabè Christophe Marie Joseph Dabiré a conduit lundi [1], une délégation gouvernementale composée de plusieurs ministres dans les localités de Solhan, de Sebba et de Dori, dans la région du Sahel, où dans la nuit de vendredi à samedi, une série d’attaques terroristes a fait 147 morts parmi les civils et une quarantaine de blessés, selon le gouverneur de ladite région, le Colonel-major Salfo Kaboré.
Le Président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), Emmanuel Dupuy a répondu lundi aux questions de l'Agence Anadolu (AA) sur les facteurs participant à l'essor du terrorisme dans le nord du Burkina Faso, où agissent une douzaine de groupes terroristes, affiliés à Al-Qaïda ou à Daech, notamment dans la région des « Trois frontières », frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger
- Essor des activités terroristes dans le nord du Burkina Faso
« Cette dernière série d'attentats est la plus violente et la plus meurtrière au Burkina Faso depuis 2015 », concède le président de l'IPSE en référence aux attaques terroristes perpétrées la semaine dernière et suite auxquelles le Président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a décrété un deuil national de 72 heures.
« Néanmoins, il est important de souligner que les attentats terroristes visent le pays de façon régulière, avec plus de 1400 morts depuis 2015 ; et un million de déplacés internes », ajoute Emmanuel Dupuy rappelant notamment le premier choc pour la nation burkinabé : l'attaque terroriste ayant visé l’Hôtel « Splendid » et le restaurant « Cappuccino » dans la capitale, le 15 janvier 2016, ayant coûté la vie à 30 personnes, qui a prouvé la capacité pour les GAT de frapper partout sur le territoire ».
En référence aux attentats terroristes survenus récemment dans la région du Sahel, Dupuy constate l'aspect « symbolique dans ce tragique événement : le fait qu'il survienne alors que le président Kaboré montre une réelle volonté de dialoguer avec les groupes armés opérant dans la région, comme c’est le cas, à travers le dialogue avec des effectueurs des GAT dans la localité de Djibo. La situation sécuritaire du pays est terrible », note le président de l'IPSE précisant que « l'armée a perdu la capacité à pénétrer dans environ 25 % à 30 % du territoire national ».
« Au cours des dernières années, nous constatons une multiplication des victimes civiles, femmes et enfants, qui sont avec les groupes d'autodéfense, les cibles prioritaires des groupes terroristes », rappelle Dupuy s'appuyant notamment sur les rapports de l'ACLED [2] (Armed Conflict Location and Event Data Project).
Le président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) rappelle également que « la loi burkinaise de décembre 2019 sur la sécurité intérieure crée un corps spécial de milices d'autodéfense, constituées de volontaires pour la défense (VDP) ».
« Ces milices d'auto-défense armée (à peu près une centaine) sont aussi associées à ce qu'on appelle communément les « Kogleweogo », milices rurales essentiellement composées de Mossis, demeurent les premières victimes. Ils seraient entre 20 000 et 45 000. Les VDP étaient notamment les premières cibles du dernier attentat à Solhan », constate Emmanuel Dupuy précisant que « 200 VDP ont été tués rien que l'année dernière [2020] généralement par le groupe armé terroriste, EIGS (« État islamique dans le Grand Sahara ») », note le chercheur français.
« On peut constater la dynamique de l'EIGS, poussé du Mali vers le Burkina Faso où le groupe armé terroriste a trouvé un espace moins conflictuel avec l'autre important groupe armé terroriste GSIM ( « Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans ») de Iyad Ag Ghali ».
Le président de l'IPSE note cependant que « l’EIGS et le GSIM continuent de s’affronter dans la région des trois frontières », Dupuy rappelant « la mort récente du numéro 2 de l’EIGS à Ménaka : Abdel Hakim al-Sahraoui ».
- Délitement de l'État et des forces armées burkinabé
« Le gouvernement central ne réussit plus à assurer la sécurité de certaines régions septentrionales ; la majorité de la population burkinabè ressent l'insécurité - quoique 60% des Burkinabè demeurent à penser que la situation va s’améliorer en 2021 - alors que le pays fait face à un délitement de l'État, traduit par son absence quasiment totale dans certaines régions du nord du pays, ce qui favorise malheureusement l'enkystement de ces groupes terroristes », constate encore le président de l'IPSE.
Emmanuel Dupuy déplore l’« absence de l'expression de l'État sur 25 % à 30 % du territoire (tout le nord-est, dont la province d'Oudalan) où l'État a quasiment disparu », le chercheur français soulignant qu’un pan entier du territoire national échappe désormais au contrôle de l'État ».
Le président de l'IPSE constate que « l'État burkinabè et notamment son appareil sécuritaire, ont été démantelés ces dernières années, suite au « coup de balais citoyen » d’octobre 2014 - qui chassa Blaise Compaoré du pouvoir après 27 ans au pouvoir - et à la tentative de coup d'État de septembre 2015, ayant mené aux accusations visant le Général Gilbert Diendéré, l'ancien chef d’état-major particulier de l'ex-président Blaise Compaoré et le Général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré qui était resté au pouvoir pendant 27 ans et avait cadenassé l'État », rappelle Dupuy notant que « ces généraux ont été mis à l'index par les nouvelles autorités, notamment le Président Roch Marc Christian Kaboré, arrivé au pouvoir en novembre 2015 et réélu en novembre 2020 », note Dupuy.
« Quand ils étaient encore en fonction, les Généraux Diendéré et Bassolé entretenaient un dialogue avec des responsables de groupes armés, dans une volonté de mettre fin aux heurts intercommunautaires et de stabiliser la sécurité du pays », souligne le président de l'IPSE.
Après la tentative de coup d'État du 16-17 septembre 2015 visant à renverser le président burkinais de transition, Michel Kafando et son Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, Diendéré avait été nommé président du « Conseil national de la démocratie » par le « conseil de transition » des putschistes.
La tentative de coup d'État avait échoué, notamment sous la pression de la communauté internationale et le président Kafando avait été rétabli six jours plus tard dans ses fonctions.
« S’il n’y avait eu cette tentative de coup d'État, le gouvernement n’aurait pas sanctionné les seuls interlocuteurs avec lesquels les GAT dialoguaient. En agissant ainsi, le président de transition Michel Kafando et son Premier ministre Isaac Zida puis celui du tandem Roch Marc Christian Kaboré - Paul Kaba Thiéba (qui fut Premier ministre de janvier 2016 à janvier 2019) puis Roch Marc Christian Kaboré - Christophe Dabiré (premier ministre depuis janvier 2019) se sont ainsi tous privés d’une importante expertise. En conséquence, le Burkina Faso a perdu sa légitimité, reconnue internationalement, en matière de lutte antiterroriste ainsi que sa capacité de médiation, de facilitation et sa connaissance des milieux terroristes dits "djihadistes" », constate Dupuy rappelant que « jusqu'en 2014, Ouagadougou était un centre de dialogue reconnu avec les groupes armés, facilité par le président Compaoré ».
Déplorant le fait « que l'État Burkinabé n'ait pas réussi à assurer sa sécurité depuis 2015 », Emmanuel Dupuy note, cependant, que « le Burkina Faso a largement de quoi reprendre le dessus sécuritaire s'il renouvelle effectivement son appareil sécuritaire qu'il a lui-même démantelé ».
- « La timidité française sur l'attaque récente est gênante »
Face au délitement des Forces armées burkinabè, le président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) rappelle aussi la présence et l'assistance néanmoins limitées des forces régionales et internationales au « Pays des Hommes Intègres ».
« La Task Force « Sabre », les forces françaises spéciales qui forment les forces spéciales locales en matière anti-terroriste et participent eux-mêmes à la lutte antiterroriste, ont été déployées au Sahel en 2009, c'est-à-dire bien avant que ne surviennent les attentats terroristes au Burkina Faso. Malheureusement, elles demeurent insuffisantes pour soutenir les forces locales », constate Emmanuel Dupuy rappelant que « l'opération Barkhane [3] est une force gigogne à laquelle Sabre s'est ensuite intégrée », et qu'il n'y a « pas de base militaire française au Burkina Faso qui, cependant, fait partie de la zone d'activité de Barkhane ».
« Le Burkina Faso fait face à une offensive des groupes armés terroristes (GAT) qui gagnent du terrain comme c'était le cas avant l'opération « Serval » [précédant Barkhane] au Mali à la fin de l'année de 2012 et au début de 2013 », note le chercheur français estimant que « le grand danger est que le scénario de 2013 au Mali se reproduise au Burkina Faso; c'est-à-dire que les GAT se dirigent vers Ouagadougou comme en janvier 2013 lorsque la capitale malienne était devenue la cible des terroristes ».
« La question à laquelle nous n'avons pas de réponse est : Que fera la France si c'est le cas ? », note Emmanuel Dupuy.
« Le Burkina Faso, c'est l'exception dans le dispositif militaire français », poursuit le chercheur notant que « la France dispose de bases au Niger, au Tchad, au Mali, afin de lutter contre les groupes terroristes, or ce n'est pas le cas au Burkina Faso, du fait notamment d'une sous-estimation de la menace terroriste contre la capitale Ouagadougou », explique Dupuy.
« On pensait que la présence militaire dans les autres pays du Sahel était suffisante pour assurer la sécurité du Burkina Faso. Or ce n'est pas ou plus le cas car on a mal évalué la menace : la France dispose de 350 forces spéciales à Ouagadougou alors qu'il y a plus 2 000 soldats français au Mali.
Les forces spéciales sont présentes au Burkina Faso pour former les forces spéciales burkinabè (et protéger également la mission diplomatique française) : elles étaient les primo-intervenantes à l’Hôtel Splendid, dans l'attentat de Ouagadougou du 15 janvier 2016 ou encore lorsqu’il s’est agi de libérer les deux otages français enlevés au Bénin, en mai 2019 », rappelle le président de l'IPSE.
« On court vers la catastrophe au Burkina Faso : j'ai toujours dit que le Burkina est le "ventre mou" du soutien sécuritaire de la France au Sahel, la situation actuelle du Burkina Faso ressemble essentiellement à celle du Mali en 2012 - 2013 : Ouagadougou est dans la même situation que se trouvait Bamako, c'est-à-dire d'être menacée par les GAT en provenance du nord du pays : le contrôle étatique sur le nord du Burkina Faso étant (de façon similaire au cas malien il y a 9 ans) déjà tombé », souligne le chercheur français déclarant que « le silence ou la timidité française sur l'attaque récente est gênante : au moment où la France veut faire passer le message que le temps et venu pour elle de partir du Sahel, nous devrions laisser tomber le Burkina Faso ? il faudra l'assumer... », estime Dupuy.
J’exprime toute la compassion et sincères condoléances de la France au Burkina Faso à la suite du drame survenu à Sebbah. La France se tient à ses côtés dans cette épreuve. Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre notre combat commun contre le terrorisme au Sahel.
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) June 5, 2021
Dans une publication partagée samedi sur les réseaux sociaux, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a exprimé « toute la compassion et sincères condoléances de la France au Burkina Faso à la suite du drame survenu à Sebbah », avant de noter que « La France se tient à ses côtés dans cette épreuve. Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre notre combat commun contre le terrorisme au Sahel», notait le chef de le diplomatie française sur Twitter avant d'annoncer sa visite prochaine au Pays des Hommes Intègres.
Je me suis entretenu aujourd’hui avec le Président Kaboré. J’exprimerai à nouveau la solidarité de la #France lors de mon déplacement cette semaine au #Burkina Faso.
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) June 6, 2021
« Je me suis entretenu aujourd’hui avec le président Kaboré. J’exprimerai à nouveau la solidarité de la #France lors de mon déplacement cette semaine au #Burkina Faso », tweetait dimanche soir, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian.
- Insuffisance de la réponse sécuritaire aux échelles régionale et internationale
Déplorant « le phénomène absolument dramatique de déplacement des populations, le retour de la famine, l'insécurité alimentaire aggravée par le million de déplacés internes et 900 000 réfugiés en dehors du pays (dans les pays voisins essentiellement au Mali et au Niger) », le président de l'IPSE passe brièvement en revue la présence militaire d'acteurs internationaux au Burkina Faso.
« En tant que pays européen, l’Italie pourrait potentiellement s'impliquer davantage dans la sécurité au Burkina Faso. La nomination imminente de l’ancienne vice-ministre italienne des Affaires étrangères, Emanuela Claudia Del Re comme Représentante spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, en remplacement de l’Espagnol, Angel Losada en poste depuis 2015 - en est un des indicateurs. Tout comme l’ouverture d’une ambassade italienne à Ouagadougou », estime Emmanuel Dupuy. Il rajoute qu’en cas de retard de la mise en place de la Task Force Takuba, qui devait être « en pleine capacité opérationnelle » d’ici juillet prochain, les 200 militaires italiens, ainsi que leurs huit hélicoptères et 20 véhicules blindés initialement prévus pour le Mali pourraient être basculés ver le Burkina Faso.
« Concernant la présence américaine, les États-Unis sont davantage positionnés au Niger et dans une moindre mesure, au Mali et au Tchad », note le chercheur constatant l'absence effective américaine au Burkina Faso.
« La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) [3], prolongée jusqu'en juin 2021 (et incluant notamment 950 militaires Allemands) ne peut agir qu'au Mali, pas en dehors de ses frontières, or les groupes armés terroristes (GAT) agissent de façon transfrontalière dans la région des « Trois frontières », traversée régulièrement par les forces françaises » ajoute Dupuy rappelant également les missions, « EUCAP Sahel Mali et EUCAP Sahel Niger, les missions européennes de soutien et de formation aux capacités de sécurité intérieure et de surveillance des frontières maliennes et nigériennes », note le chercheur français constatant également l'absence d'une « EUCAP Sahel Burkina Faso ».
« L'Allemagne, présente avec environ 600 militaires, prendra la succession de l'Espagne, en juillet prochain, au commandement et encadrement de l'EUTM-Mali, la mission de formation des Forces armées maliennes (FAMA), actuellement gelée du fait de la situation politique malienne ». [4]
« Il est également important de souligner la mauvaise coordination des forces armées sahéliennes dans la lutte contre le terrorisme et le banditisme, notamment au Burkina Faso et au Mali : ce qui démontre l'absence effective du « G5 Sahel » qui coopère avec la France mais ne produit pas de coopération, ou du moins pas assez, entre les forces sahéliennes elles-mêmes, à l’exception des forces tchadiennes avec leurs homologues nigériens et maliens », déplore Dupuy, rappelant également que « la coopération sécuritaire internationale, à travers, notamment, les partenariats militaires opérationnels (PMO) au Mali est suspendue ».
Le président de l'IPSE constate « le silence gêné mais assumé des Européens », le chercheur français déclarant ne pas être « certain que les Européens aient une perception réelle de la situation sécuritaire au Burkina Faso ».
« Lors de la visite prévue prochainement, du ministre français des Affaires Jean-Yves Le Drian, du fait du calendrier préélectoral en France, le président Emmanuel Macron ne prendra pas le risque de réengagement au Burkina Faso, d’ici l’élection présidentielle de mai 2022. Notons également que la situation est similaire pour l'Allemagne où des élections législatives sont prévues en septembre prochain. L'Italie, alliée fidèle, déjà présente au Sahel avec 290 soldats au Niger et 200 soldats prévus dans la Task Force « Takuba » a renouvelé son offre de soutien au Burkina Faso », note Dupuy.
« Takuba étant bloquée du fait de la situation politique malienne, une possible redistribution au Burkina Faso de cette force, est envisageable », estime le chercheur.
« Il est tout à fait possible, par ailleurs, que le Burkina Faso puisse, face à l'aggravation de l'insécurité, se remettre à une forme de privatisation de la fonction sécuritaire, par exemple autoriser la compagnie russe « Wagner » ou une autre compagnie privée d'un autre pays à assurer sa sécurité ; ce n'est pas à exclure, comme dans le cas centrafricain », note encore Emmanuel Dupuy.
- Ambitions des groupes armés terroristes dans le secteur aurifère
En référence aux récentes attaques terroristes meurtrières ayant visé le nord du Burkina Faso, le président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), note que « ces attentats ont eu lieu dans une zone aurifère qui n'est pourtant pas suffisamment protégée ».
« Nous constatons que les compagnies ayant beaucoup investi au Burkina Faso sont minières, notamment aurifères ; et nous constatons également qu'elles sont visées par les groupes armés terroristes (GAT) », note Emmanuel Dupuy rappelant également « différents attentats en 2018 et notamment en novembre 2019 [5], l'attentat contre le convoi de la société aurifère SEMAFO, ayant fait environ 40 morts et 60 blessés », ajoute le chercheur français en référence à la compagnie canadienne qui fut rachetée quatre mois plus tard par une compagnie minière basée aux Îles Caïmans.
« Des types d'attentats ou de cibles qui peuvent laisser penser à une interconnexion entre le milieu du terrorisme et celui du banditisme, ou d'autre formes similaires de criminalité », note le président de l'IPSE.
Sans exclure l'éventualité de criminels à « cols blancs » dans le cadre d'une prochaine enquête de notre rédaction.
Le secteur aurifère représentait un huitième du produit intérieur brut (PIB) du Burkina Faso en 2018 alors qu'il employait 35 000 personnes, selon les données du ministère des Mines.
« Il est également important de souligner les besoins financiers des GAT, ce qui pourrait également expliquer une volonté de leur part de contrôler le marché de l'or au Burkina Faso », ajoute Emmanuel Dupuy qui rappelle l'exploitation de « 17 concessions minières dans le pays » et précise que « les sociétés exploitant celles-ci sont issues du Canada, de l'Australie, mais aussi des Émirats arabes unis : ce qui reflète l'importance du secteur aurifère pour les investisseurs étrangers au Pays des Hommes Intègres », constate le président de l'IPSE rappelant que « les Émirats arabes unis ont beaucoup investi dans le secteur minier » et qu'« une grosse partie de la production aurifère burkinaise se retrouve sur le marché à Dubaï ».
Lors de la rédaction de cet article, l'Agence Anadolu (AA) rapportait l'enlèvement de deux ressortissants chinois travaillant pour une société aurifère au Niger, près de la frontière burkinabé [6], dans la région des « trois frontières ».
Notes :
[1] Le PM burkinabè a conduit une délégation ministérielle sur les lieux des attaques terroristes dans le Sahel – Agence Anadolu – 7 juin 2021
[2] Infographie incluse dans l'article intitulé : N’Djamena : le sommet du désengagement français au Sahel ? - Agence Anadolu, 13 février 2021
https://www.aa.com.tr/fr/afrique/n-djamena-le-sommet-du-désengagement-francais-au-sahel-/2144037
[3] Sahel : introuvable paix ? Quelles stratégies nouvelles pour répondre aux défis sécuritaires ? - Agence Anadolu, 15 octobre 2020
[4] Mali : le colonel Assimi Goïta prête serment – Agence Anadolu, 7 juin 2021
https://www.aa.com.tr/fr/afrique/mali-le-colonel-assimi-goïta-prête-serment-/2266310
[5] Burkina Faso: Cinq morts dans l'explosion d'un engin artisanal dans l'est – Agence Anadolu - 1 décembre 2018
Burkina Faso: 37 morts et 60 blessés dans l’attaque d’un convoi d’une société minière – Agence Anadolu, 7 novembre 2019
Le président burkinabè annonce le recrutement de volontaires pour combattre le terrorisme – Agence Anadolu, 7 novembre 2019
[6] Niger : Deux ressortissants chinois enlevés près de la frontière burkinabè – Agence Anadolu – 7 juin 2021
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