En Namibie, les élections générales pourraient voir l'accession à la présidence d'une femme
- Les Namibiens se rendront aux urnes mercredi pour élire un nouveau président et des membres de l'Assemblée nationale. Netumbo Nandi-Ndaitwah, l'actuelle vice-présidente, se présente comme la candidate de Swapo, au pouvoir depuis 34 ans.
Johannesburg
AA / Johannesburg / Hassan Isilow
Les Namibiens se rendront aux urnes mercredi pour élire un nouveau président et des membres de l'Assemblée nationale dans un scrutin qui, selon les experts, pourrait être le plus disputé depuis l'indépendance du pays en 1990.
Netumbo Nandi-Ndaitwah, âgée de 72 ans, l'actuelle vice-présidente, se présente comme la candidate de l'Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo), au pouvoir depuis 34 ans.
Quelque 1,4 million de personnes sont inscrites sur les listes électorales de ce pays peuplé de 3 millions d'habitants.
Quinze partis politiques sont en lice pour le poste de président ainsi que pour des sièges à l'Assemblée nationale.
- Nandi-Ndaitwah deviendra-t-elle la première femme présidente du pays ?
Si Netumbo Nandi-Ndaitwah remporte les élections de mercredi, elle entrera dans l'histoire en devenant la première femme présidente du pays.
"La possibilité que la vice-présidente de la Namibie, Netumbo Nandi-Ndaitwah, devienne la première femme présidente du pays pourrait être le catalyseur d'un changement significatif de la culture politique au sein de la Communauté de développement de l'Afrique australe (un bloc régional de 16 pays). Un territoire où les hommes ont dominé les échelons du pouvoir depuis l'effondrement du régime colonial et de l'apartheid", a déclaré à Anadolu Rich Mashimbye, chercheur à l'Institute for Pan-African thought and conversation (Ipatc) de l'université de Johannesburg.
Depuis l'indépendance de la Namibie vis-à-vis de l'Afrique du Sud en 1990, le parti Swapo a toujours présenté des candidats masculins à la présidence.
Selon Rich Mashimbye, l'ascension de Nandi-Ndaitwah dans les rangs de la Swapo, au point qu'elle est aujourd'hui sur le point de devenir présidente du pays si le parti remporte les élections, pourrait contribuer à un changement de culture politique en Namibie, où les hommes politiques dominent le paysage depuis l'indépendance.
"En effet, les femmes sont restées en marge de la politique en Afrique postcoloniale, car de nombreuses sociétés africaines sont patriarcales, où la place des femmes est considérée comme étant à la maison. À ce titre, l'accession de Nandi-Ndaitwah à la plus haute fonction en Namibie peut contribuer à l'érosion des stéréotypes de genre qui ont attribué à tort la responsabilité du leadership aux hommes, et aux hommes seuls", a déclaré Rich Mashimbye.
Sikanyiso Masuku, chercheur à l'Institut pour la démocratie, la citoyenneté et les politiques publiques en Afrique de l'Université du Cap, a souligné qu'une victoire électorale de Nandi-Ndaitwah serait très progressiste et constituerait probablement un cas inédit que d'autres partis politiques de la région utiliseront pour évaluer la compétitivité d'une candidate et sa capacité à faire face à une liste d'adversaires politiques traditionnellement masculins.
Dans la région de l'Afrique australe, très peu de femmes ont occupé la haute fonction de président, a expliqué Sikanyiso Masuku à Anadolu. Il a ajouté que lorsqu'elles l'ont fait, ce n'était pas par un vote populaire, mais par une clause de succession constitutionnelle. Il a donné l'exemple de Samia Suluhu Hassan, l'actuelle présidente de la Tanzanie, qui était vice-présidente en 2021 et est devenue présidente après la mort du président John Magufuli.
Il a également cité l'exemple de Joyce Banda au Malawi, qui a accédé à la présidence après la mort soudaine du président Bingu wa Mutharika en 2012, sans avoir été élue.
- Les principaux candidats
Les principaux challengers de Nandi-Ndaitwah sont Panduleni Itula du parti Patriotes indépendants pour le changement. Panduleni Itula avait obtenu 29,4 % des voix lors du scrutin de 2019, où il s'était présenté contre le président Hage Geingob, lequel avait obtenu 56,3 % des voix, soit une régression par rapport aux 87 % qu'il avait remportés lors de son premier mandat en 2014.
Habe Geingob, âgé de 82 ans, est décédé en février, quelques semaines seulement après l'annonce de son traitement contre le cancer.
Parmi les autres candidats, on compte McHenry Venaani, chef du Mouvement démocratique populaire (PDM), le plus grand parti d'opposition au parlement, Bernadus Swartbooi, du parti Mouvement populaire des sans-terre, ainsi que Job Amupanda, du parti Affirmative repositioning.
Comme dans d'autres pays africains, une série de questions devraient influencer le choix des électeurs le 27 novembre, notamment le chômage, la pauvreté, la faible croissance économique et les inégalités.
- L'ère des partis de libération en Afrique touche à sa fin
Parmi les partis de libération d'Afrique australe, le Congrès national africain (ANC) d'Afrique du Sud, qui disposait d'une majorité au parlement et gouvernait le pays depuis 30 ans sans coalition, a perdu la majorité lors des élections de mai. L'ANC a ainsi été contraint de former un gouvernement d'unité nationale, composé de plusieurs partis politiques.
Le Parti démocratique du Botswana (BDP), au pouvoir dans ce pays d'Afrique australe riche en diamants depuis l'indépendance du pays en 1966, a également perdu les élections du 30 octobre.
"L'ère des partis de libération touche à sa fin. Cela est dû au fait que la mémoire historique sur laquelle beaucoup de ces partis ont misé est moins attrayante pour une population d'électeurs de plus en plus jeune", a déclaré Sikanyiso Masuku.
Rich Mashimbye a reconnu que "comme la mémoire de la lutte de libération s'estompe et que les jeunes nés après l'ère coloniale-apartheid deviennent de plus en plus actifs politiquement, au moins sous la forme d'un droit de vote, l'invocation des travaux héroïques des partis de libération qu'ils ont accomplis pendant l'ère d'oppression est devenue une stratégie de campagne électorale moins efficace pour la plupart des partis de libération sur le continent".
Selon lui, l'électorat actuel semble se concentrer davantage sur les questions de gouvernance, de croissance économique, de criminalité et de progrès social, et se préoccupe moins de voter pour des partis politiques en raison de leurs références en matière de lutte pour la libération.
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