En RDC, la dot dissuade les prétendants au mariage
-Convaincues que la dot reflète la valeur qu'occupera la mariée dans son nouveau ménage, certaines familles n'hésitent pas à exiger des sommes "faramineuses"

Congo, The Democratic Republic of the
AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa
En RDC, et plus particulièrement chez les bantous, la dot est un préalable incontournable du mariage qui se négocie comme un contrat en bonne et due forme.
Convaincus que la dot reflète la valeur qu'occupera la mariée dans son nouveau ménage, certains n'hésitent pas à exiger des sommes "faramineuses" qui finissent par dissuader plus d'un prétendant au mariage.
Chez certaines familles, la dot est perçue comme une "facture globale incluant toutes les charges et dépenses consenties par les parents depuis la naissance de la jeune fille à marier", explique le sociologue Patrick Mayumbe.
« A Kinshasa, il n'est pas rare que des familles exigent des moyens de transport, petite voiture à usage commercial, moto ou vélo ou encore des billets d’avion aller-retour vers l'Europe au profit des parents de la jeune fille", renchérit Jean-Marc Kabulo, un octogénaire kinois.
Fait dénoncé par de plus en plus de jeunes aussi bien du côté des garçons que des filles. Les premiers parlent de "conditions quasi impossibles à satisfaire et qui risquent de détruire à la longue l'institution du mariage". Les secondes se disent, quant à elles, "assimilées à des marchandises qu'on essaye de vendre au meilleur prix".
Sans oublier les conséquences financières souvent irréversibles d'une telle tradition sur le quotidien des jeunes mariés. Noel Mupompa, jeune fonctionnaire, marié il y a juste six mois, dit "souffrir encore à cause de toutes les dépenses faites pour son mariage".
Il explique dans une déclaration à Anadolu avoir déboursé 3 000 dollars américains en guise de dot pour épouser sa « bien aimée » sans compter l’organisation de la fête et de la cérémonie nuptiale.
Au bout de dix années de fiançailles, son ami Pierrot a finalement pu épouser sa dulcinée et lui offrir les 5000 dollars de dot exigée par sa belle-famille.
" Il m'a fallu économiser durant huit ans pour rassembler cette somme", dit-il à Anadolu.
Face à cette contrainte, beaucoup de prétendants au mariage finissent par délaisser leur projet.
D'autres encore essayent d'arrondir les angles en choisissant une épouse "moins coûteuse", selon les critères pré-établis par la société.
Certains parlent même d'une facture établie selon des critères bien déterminés dont le statut social et professionnel de la mariée, son âge, son état civil..., indique le sociologue Patrick Mayumbe.
Il explique, à ce propos, que les femmes plus âgées ou encore celles qui ont déjà été mariées reçoivent généralement des dots moins importantes que celles attribuées aux plus jeunes.
Du côté des femmes, cette tradition est perçue de différentes manières. certaines y voient un acte dévalorisant qui réduit la future mariée à une marchandise. D'autres estiment qu'il s'agit juste d'une tradition ancestrale à sauvegarder malgré tout.
Coût exorbitant ou pas, la dot « était, est, et restera un symbole et jamais un prix de la mariée car aucune somme d’argent ou de biens ne peut valoir une personne dans note pays », note dans une déclaration à Anadolu, Eveline Kyelu experte en genre.
Déplorant des exagérations dans la détermination de la valeur de la dot , l’experte a souligné la nécessité pour l’état de s'impliquer dans ce sens et de définir un seuil infranchissable en la matière.