Est de la RDC : deux soldats tanzaniens parmi les 20 soldats de la paix tués
- Le ministère congolais de la Santé indique que 773 corps reposent dans les morgues ou jonchent encore les rues de Goma, après que les rebelles du M23 ont lancé une offensive la semaine dernière
Dar es Salaam
AA / Dar Es-Salam / Lulu Angelo Sanga
La Tanzanie a confirmé dimanche le décès de ses deux soldats déployés dans la ville de Goma, à l'est de la République démocratique du Congo.
Les Forces de défense du peuple tanzanien (TPDF) ont déclaré que ses deux soldats ont été tués lors d'attaques menées par les rebelles du M23 dans les villes de Sake et de Goma, respectivement les 24 et 28 janvier dernier.
Quatre autres personnes ont été blessées dans les attaques, a ajouté la même source.
Selon des informations venues de Tanzanie, au moins 20 soldats de la paix ont été tués dans l'est de la République démocratique du Congo depuis la semaine dernière, après l'éruption de violences provoquée par une offensive majeure du M23 contre l'armée congolaise, qui a entraîné de violents affrontements à Goma et ses environs.
Quatorze des vingt Casques bleus tués sont originaires d'Afrique du Sud. Les combats ont fait près de 800 morts et 3000 blessés au cours des cinq derniers jours, selon les autorités congolaises.
Des milliers de personnes ont été déplacées, nombre d’entre elles ayant fui vers le Rwanda voisin, y compris les employés des organisations internationales telles que l’ONU et la Banque mondiale.
La crise a submergé les hôpitaux et les morgues. Le ministère congolais de la Santé a déclaré que 773 corps se trouvaient dans les morgues au 30 janvier. Certains restent dans les rues en raison de la surpopulation.
Malgré les pertes, le TPDF a assuré que ses forces restantes au Congo, opérant dans le cadre de la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), étaient « en sécurité et poursuivaient leurs missions de maintien de la paix ».
Les procédures de transport des corps des soldats tombés et des blessés étaient en cours via le Secrétariat de la SADC.
Le groupe M23, engagé dans un conflit de longue date avec les forces congolaises, a revendiqué le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda.
Kinshasa s'est engagé à reprendre le contrôle de la ville d'environ 3 millions d'habitants.
Pour rappel, après plusieurs semaines de combat entre les Forces armées de la RDC (Fardc) et les rebelles du M23, ces derniers ont pris le contrôle de la ville de Goma, suscitant la colère des Congolais qui sont descendus dans la rue pour exprimer leur soutien à leur armée et déplorer la position passive des puissances internationales à l'égard de cette agression.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) avait été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Fardc, appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.