Graphique - Les mutations sur la carte de la Libye
En position de force, après avoir pris possession de Benghazi, tout laissait à supposer que le général Haftar lancerait l'assaut en direction de la capitale lorsque la nouvelle d'un cessez-le feu est tombée.

Turkey
AA - Istanbul - Ayvaz Colakoglu
A la suite des évolutions vécues sur les différents fronts, la carte politique et militaire de la Libye a été fortement bouleversée par rapport à la situation de 2016.
Depuis le renversement du régime de Kadhafi en 2011 et devant l'impossibilité de former une union politique nationale, de nombreux changements sont intervenus en Libye lors des six premiers mois de cette année.
Le général Khalifa Haftar, soutenu par l'Assemblée des représentant basée à Tobrouk, a pris le contrôle de Benghazi et avance dorénavant vers l'Est. Les forces rattachées à Haftar contrôlent actuellement les trois quarts du territoire libyen.
Dans la capitale Tripoli, le gouvernement d'union nationale (GUN) lutte contre les forces du gouvernement pour l'indépendance nationale. Pour la première fois depuis le 30 mars 2016, le GUN, dirigé par Fayez el-Sarraj a pris le contrôle de Tripoli. Malgré ce succès dans la capitale, les forces rattachées au GUN ont perdu de l'influence au Centre et au Sud du pays.
Une attaque opérée par les hommes inféodés au GUN sur la base aérienne de Brak al-Shati fut à l'origine d'une nouvelle montée de tension dans le Sud. Les associations, les leaders locaux et les personnalités de la région ont exigé le départ de ce groupe paramilitaire, accusé d'avoir entravé le cessez-le-feu.
Cette attaque a été aussitôt condamnée par le GUN qui a rapidement pris des mesures de rétorsions contre le chef de ce qui peut être qualifié de "troisième force", composée d'hommes en armes alliés au GUN.
En réponse à cette attaque, les forces armées sous le contrôle du général Haftar ont répliqué et pris possession d'une des bases les plus importantes de la région de Barqa, étendant ainsi leur zone d'influence jusqu'à la ville de Sebha.
Par ailleurs, poursuivant sur sa lancée, Haftar a pris le contrôle de la base aérienne d'Al-Koufrah située au coeur du désert libyen et du fameux quartier d'es-Sabiri à Benghazi, bastion de l'opposition à Kadhafi.
Par contre, dans la région Al-Koufrah situé à la frontière avec le Soudan, l'incertitude persiste.
Ainsi, les dernières évolutions sur le terrain ont sérieusement modifié la carte politique et militaire de la Libye. Sur la carte actualisée, les forces de Haftar contrôlent un large pan du territoire entre l'Est et le Sud du pays.
En position de force, après avoir pris possession de Benghazi, tout laissait à supposer que le général Haftar lancerait l'assaut en direction de la capitale lorsque la nouvelle d'un cessez-le feu est tombée.
A la suite d'une rencontre organisée à Paris entre Haftar et el-Sarraj, le président français, Emmanuel Macron a annoncé que les deux grands rivaux étaient parvenus à s'entendre sur un cessez-le-feu.
Depuis la révolution du 17 février 2011, les différentes forces en faction dans le pays ne sont pas parvenues à s'unir, aujourd'hui deux assemblée "dites" du peuple revendiquent la légitimité du pouvoir, l'une installée à Tobrouk, l'autre à Tripoli.
La résolution 2259 du Conseil de sécurité des Nations-Unies a reconnu le GUN, avec à sa tête el-Sarraj comme la seule entité légitime à représenter la Libye, comme stipulé dans l'accord politique signé le 17 décembre 2015 au Maroc par les différentes parties.
Mais cet état de fait n'a jamais pu être entériné par l'Assemblée du peuple libyen soumise à de fortes pressions de la part de Haftar et de ses sympathisants.
Au mois de mai 2017, lors d'une précédente rencontre à Abou Dabi aux Émirats arabes unis, les deux hommes forts de Libye avaient convenu d'organiser des élections générales dans les six prochains mois.