AA/ Tunis / Hend Abdessamad

Depuis 2013, le monde entier célèbre la journée mondiale du bonheur proclamée pour le 20 mars, une date qui nous fait réfléchir davantage à la notion du bonheur et qui suscite plein de questions. Que faut-il faire pour être heureux ? Peut-on mesurer concrètement le bonheur ? Où faut-il vivre pour être heureux ?

Quelle place occupe la Tunisie dans les sondages réalisés chaque année pour désigner les pays les plus heureux du monde ? Les Tunisiens, sont-ils heureux ?

Le sondage "The World Happiness Report 2021" a classé la Tunisie à la 123ème position juste devant le Liban et la Namibie, selon le classement officiel d’environ 150 pays qui pondère les données des trois dernières années.

En effet, cette étude, qui s'est concentrée exceptionnellement cette année sur l'impact de la covid-19, est basée sur l'avis des habitants de chaque pays, calculé ensuite avec le PIB et des indices de solidarité, de liberté individuelle et de corruption, pour aboutir à une note sur 10.

L'Agence Anadolu s'est rendue au plus grand boulevard de la capitale Tunis, l'Avenue Habib Bourguiba, enjolivée par la verdure des arbres alignés tel un défilé militaire d'une parade solennelle, pour récolter quelques témoignages spontanés en ce sens, sans précédent rendez-vous.

En quoi se résume le bonheur ? Écoutons les avis des Tunisiens et des étrangers résidents en Tunisie, dont la majorité ignorait l'existence d'une journée dédiée au bonheur.

Avec un large sourire, Maryem, une vingtenaire à la recherche d'un emploi après avoir terminé ses études en informatique de gestion, fait savoir qu'elle n'a jamais entendu parler de la journée mondiale du bonheur.

Étonnée, la jeune femme s'exclame : "une journée dédiée au bonheur ! Oui pourquoi pas, j'espère que toutes nos journées soient comblées de bonheur".

Avec un grand soupir accompagné par le même sourire, elle ajoute : "le bonheur est tout pour moi, le fait de voir mon entourage heureux, mes parents heureux et d'atteindre un objectif, me rendent heureuse".

Maryem, qui dégage la joie de vivre, souligne également qu'elle ressent le bonheur en faisant des activités particulières "le sport, le fitness à la gym ... ceci me fait sentir une certaine plénitude... Voyager aussi, faire le tour du monde un jour".

S'agissant du classement de la Tunisie parmi les pays les plus heureux du monde, l'informaticienne affirme "je pense que la Tunisie figure parmi les derniers pays en terme de bonheur, beaucoup de Tunisiens ne sont pas heureux tant qu'ils ne sont pas optimistes quant à la situation actuelle du pays".

Cet avis n'est pas tout à fait partagé par Abdel, étudiant sénégalais en électromécanique qui affirme qu'il est heureux en Tunisie.

En tenue décontractée, sweat-shirt blanc, sac à dos, casquette et paire de lunettes, le jeune homme estime que la source principale du bonheur est les personnes qu'on aime.

"Pour moi le bonheur est d'abord d'être entouré par ceux qu'on aime, de recevoir ce dont on attend des gens qu'on aime, et aussi d'offrir ce qu'on peut offrir en tant qu'être humain aux personnes chères à nos cœurs, les voir heureux et par la suite être heureux", dit-il.

Pour Najoua, une instructrice d'un certain âge, le bonheur dépend de trois facteurs, la famille, la santé et l'argent : "pour moi, le bonheur, c'est le mari, les enfants et une famille soudée... La santé ! c'est le plus grand bonheur, le facteur numéro un... L'argent vient en deuxième lieu, c'est important aussi pour atteindre le bonheur".

Avec ses yeux pétillants d'une couleur grisâtre sous le reflet de son béret gris, marqués par des rides d'expression accentuées par son sourire, Najoua ajoute : "tout ce qui est positif nous rend heureux... Moi, la moindre chose peut me rendre heureuse, par exemple le succès de mes enfants ou même une rencontre entre amies".

Du même avis, un soixantenaire qui a préféré garder l'anonymat assure qu'au sein de la petite famille naît le bonheur ." La famille est la petite société qui peut nous offrir le bonheur, en nous offrant de la nourriture, de la connaissance, des savoir-faire, pour sortir le chercher après dans la grande société, la vraie", assure-t-il.

Quant au pizzaiolo algérien, rencontré alors qu'il se hâtait pour retrouver son fourneau, le bonheur se traduit par la quiétude. Pas très bavard, le trentenaire en calot de cuisine blanc et tablier rouge se contente de proclamer : " le bonheur, c'est d'avoir la tête tranquille".