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Kinshasa durcit le ton devant le Conseil de sécurité de l'ONU

"Si ce Conseil ne sanctionne pas, l’histoire marquera ce temps comme l’époque de l’impuissance et de l’indifférence du Conseil de sécurité", a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise

Pascal Mulegwa  | 29.01.2025 - Mıse À Jour : 29.01.2025
Kinshasa durcit le ton devant le Conseil de sécurité de l'ONU

Congo, The Democratic Republic of the

AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa

La cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a haussé le ton, mardi soir, devant le Conseil de sécurité des Nations unies face à la prise d'assaut de la ville de Goma, principale agglomération de l'est de la République démocratique du Congo.

La ville de plus d'un million d'habitants et qui accueille 1 million de déplacés est tombée aux mains des rebelles après plusieurs semaines de combat et de résistance des militaires congolais et des miliciens alliés Wazalendo.

"Si ce conseil échoue, la rue va s'en charger et comme vous le savez très bien, la rue n'a pas d'ordre ni de tempérament. L'indifférence n'est plus une option. Ce conseil ne peut se permettre d'être passif", a déclaré la ministre Thérèse KayiKwamba Wagner lors du débat.

Elle a exigé le "retrait immédiat des troupes rwandaises et la cessation des hostilités; des sanctions ciblées, Embargo sur les ressources naturelles déclarées comme rwandaises, la révocation du Rwanda en tant que contributeur de troupes aux Nations unies et la transparence totale sur le transfert d'armes au Rwanda", a-t-elle ajouté.

"Si ce conseil ne sanctionne pas, l’histoire marquera ce temps comme l’époque de l’impuissance et de l’indifférence du Conseil de sécurité", a-t-elle ajouté.

Au cours de la discussion, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont pris la parole, appelant au retrait du M23, à l'arrêt des hostilités et à préserver les populations civiles.

"Si aucune action concrète n'est prise aujourd'hui pour condamner les responsables de la crise dans l'Est de la RDC et bloquer leurs actions, nous risquons de devenir les témoins d'une catastrophe et l'histoire nous tiendra directement responsables", a déclaré le représentant du Burundi.

Et d'ajouter : "Le moment est venu que les paroles cèdent la place à des actes concrets... Le Burundi soutient fermement le respect de la coexistence pacifique entre les nations et rejette catégoriquement les guerres par procuration".

"Le M23 a conquis Goma, la capitale du Nord-Kivu, causant des déplacements de civils et provoquant un risque accru de conflits", a regretté la Chine qui a insisté sur le respect de la souveraineté de la RDC.

"La déclaration du Conseil n'a pas arrêté le M23 et ceux et celles qui soutiennent ce groupe de prendre Goma et de continuer les combats", a regretté la Russie, notant que “ la voie militaire ne mènera pas à un règlement de la crise”.

"Nous condamnons la prise de Goma et exhortons le Conseil d’envisager des mesures pour stopper les avancées territoriales des troupes rwandaises et du M23", a déclaré l'ambassadrice des États-Unis, ordonnant au Rwanda de "retirer ses troupes de la République démocratique du Congo".

Pour rappel, le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa, l’ONU et les chancelleries occidentales accusent le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région.

Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise.

Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais.

Pour le Rwanda, le FDLR représente une menace pour sa sécurité intérieure. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.

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