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La force conjointe G5 Sahel et le défi financier

- Avec la mise en place du G5 Sahel, en février 2014, comprenant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, les pays concernés par les attaques terroristes veulent prendre le problème à bras le corps.

Lassaad Ben Ahmed  | 13.02.2018 - Mıse À Jour : 14.02.2018
La force conjointe G5 Sahel et le défi financier

Niamey
AA / Niamey / Balima Boureima

Le Sahel, vaste territoire en majeure partie désertique, est devenu depuis la chute du régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en octobre 2011, un véritable repaire pour les terroristes et autres narcotrafiquants.

Les attaques et autres enlèvements des ressortissants européens sont devenus monnaie courante. Le président nigérien Issoufou Mahamadou l’a d’ailleurs reconnu lors de l’ouverture du quatrième sommet des chefs d’Etats du G5 Sahel tenu mardi dernier à Niamey.

«En effet, la dissolution de l’Etat, dans ce pays frère [Libye], suite à l’intervention internationale que l’on sait, a mis à la portée d’aventuriers de toutes sortes un arsenal d’environ 23 millions d’armes de tout calibre. (…) Suite à cela, des forces hétéroclites, terroristes, criminelles et identitaires se sont alliées pour déstabiliser le Mali dont elles ont eu à occuper les 2/3 du territoire.», a regretté Issoufou Mahamadou dans son discours.

Pour faire face à cette situation, le Mali a eu le soutien de la France à travers la mise en place de l’opération serval (janvier 2013-août 2014) devenue Barkhane (depuis août 2014), avec plusieurs positions au Niger et au Tchad.

Plus de 4000 soldats français ont été déployés pour la sécurisation du Sahel.

Pour autant, les attaques n’ont pas baissé d’intensité. Elles se généralisent dans l’ouest du Niger et le Nord du Burkina Faso.

Au Niger, le bureau des affaires humanitaires des Nations-Unies (Ocha) a estimé que près de 30 attaques dans le dernier semestre de l’année dernière ont entraîné la fermeture des centres de santé et de commerce, suite à l’Etat d’urgence décrété par le gouvernement.

Avec la mise en place du G5 Sahel, en février 2014, comprenant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, les pays concernés par les attaques terroristes veulent prendre le problème à bras le corps.

«Nous avons pensé que le terrorisme sera endigué avec cette nouvelle organisation. Les bandits qui écument le Sahel seront anéantis par les idées africaines», a déclaré à Anadolu, Moudi Amadou, un fonctionnaire d’une cinquantaine d’années.

Une organisation qui ne tarde pas à mettre sur pied une force conjointe qui, à terme, doit comprendre 5000 hommes et dont les autorités des cinq pays veulent que son opérationnalisation totale soit effective, au plus tard, en mars prochain.

Si les soldats venant des cinq pays sont disponibles, les moyens financiers pour les entretenir font défaut.

C’est pourquoi à l’initiative du président français, Emmanuel Macron, une rencontre pour lever des fonds été organisée à Celle de Saint-Cloud. Sur les 450 millions d’euros nécessaires, seuls 284 millions ont été promis par les partenaires bi et multilatéraux des pays membres. La ministre française des armées, Florence Parly, évoque un «soutien inédit».

«Plus de 250 millions d’euros d’aide. C’est un soutien inédit qui montre la confiance accordée par la communauté internationale à cette initiative», a-t-elle soutenu, mardi dernier, devant les présidents du G5 Sahel à Niamey.

Pour Moussa Tchangari, secrétaire général de l’Association Alternative Espaces Citoyens, la France n’a pas été convaincante dans cette mobilisation des fonds.

«Les efforts diplomatiques déployés par la France, parrain du G5 Sahel, n'ont pas encore permis de boucler le budget de cette force, appelée certainement à prendre le relais de l'opération Barkhane et à servir de bras armé dans le cadre de la lutte contre la migration», avait-il écrit dans une tribune publiée sur sa page facebook.

Pour l’ancien journaliste, malgré des moyens financiers importants investis dans la lutte contre le terrorisme, le contexte reste favorable.

«Les groupes terroristes, même s'ils ont été militairement affaiblis, continuent de constituer une menace sérieuse, en même temps que le contexte socioéconomique et politique reste globalement favorable à la tentation extrémiste au sein de la jeunesse», avertit M.Tchangari.

Après Paris, le regard reste tourné vers Bruxelles et Riyad

Bruxelles, le 23 février 2018, est le nouveau rendez-vous des pays membres du G5 Sahel avec leurs partenaires à l’initiative conjointe des Nations-Unies, de l’Union africaine, l’Union européenne.

«Le G5 Sahel place beaucoup d’espoir à la réussite de cette importante rencontre qui permettra d’assurer la totalité du financement de la Force conjointe G5 Sahel et des programmes prioritaires de développement.», a souligné Issoufou Mahamadou à la clôture de la rencontre.

«Nous fondons également un grand espoir sur le sommet G5 Sahel-Arabie Saoudite et je voudrais, dès à présent, lancer un appel pressant aux pays amis, particulièrement ceux du Golfe pour leur participation effective à cette importante rencontre», a-t-il souhaité.

Ce que refusent certains Nigériens. Pour Moudi Amadou, les pays africains doivent prendre leur propre destin en mains.

«Les moyens doivent venir de l’Afrique et non d’ailleurs. Il y aura certainement un retour de l’ascenseur, puisque ces contributeurs vont réclamer des marchés, une fois la paix rétablie dans le Sahel», a-t-il déclaré à Anadolu.

«A force de trop quémander de l’argent pour notre sécurité, nous sommes en train de vendre nos pays aux plus offrants», martèle pour sa part Moctar Issoufou, un homme d’une quarantaine d’années.

La survie de la force conjointe G5 Sahel dépendra des résultats des deux rencontres.

A Niamey, plusieurs pays ont annoncé leur soutien à l’initiative de la force. Il s’agit principalement de la Chine, du Japon, des Etats-Unis et de la France.

«Quoi qu’il arrive, je vais vous assurer du soutien de la France», a soutenu la ministre française des armées.

La force conjointe G5 Sahel doit comprendre à terme 5000 hommes répartis sur cinq fuseaux.

Celui de l’Est avec le Niger et le Tchad, le fuseau centre avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso et le fuseau ouest avec le Mali et la Mauritanie.

Depuis son lancement en octobre dernier, la force G5 Sahel compte 2 opérations à son actif.

Il s’agit de Haw bi (Buffle en zarma, langue parlée dans l’ouest du Niger et l’est du Mali) et Pagnali (en peul).

La force est dirigée par le Malien Didier Dacko.

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