Le président burkinabè accuse la Côte d’Ivoire et le Bénin de vouloir "déstabiliser" le pays
- Lors d’une rencontre avec les "forces vives de la Nation"
Burkina Faso
AA / Ouagadougou / Dramane Traoré
Le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a accusé jeudi, la Côte d’Ivoire et le Bénin d’héberger des individus qui tentaient de "déstabiliser" son pays.
Traoré s'exprimait lors d’une rencontre avec les forces vives de la nation retransmise à la télévision publique.
"Nous n’avons rien contre le peuple ivoirien. Mais nous avons quelque chose contre ceux qui dirigent la Côte d’Ivoire. Nous le disons et nous le répétons encore. Il y a bel et bien à Abidjan, un centre d'opérations pour déstabiliser notre pays", a déclaré jeudi, Traoré, lors d’une rencontre avec des milliers de personnes venues des 13 régions du pays.
"Personne ne peut le nier et nous apporterons les preuves dans les jours à venir. Nous vous montrerons des preuves physiques et vous allez comprendre de quoi nous parlons", a-t-il lancé sous les acclamations de la foule.
Les relations entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont été émaillées d'incidents depuis quelques mois, notamment au niveau des frontières communes entre les deux voisins.
Fin mars 2024, un soldat burkinabè et un supplétif civil de l'armée ont été arrêtés dans le nord de la Côte d'Ivoire pour avoir franchi illégalement les frontières.
Le 19 septembre 2023, ce sont deux gendarmes ivoiriens qui avaient, eux, été interpellés sur le territoire burkinabè, alors qu'ils se trouvaient sur un site d'orpaillage clandestin.
Aucun soldat des deux côtés n’a été libéré et des négociations seraient en cours, selon plusieurs sources.
Il est à noter que les deux pays faisaient partie de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao). Toutefois, le Burkina Faso (tout comme le Mali et le Niger) a décidé de se retirer de cette organisation sous-régionale en mars dernier, accusant l'organisation sous-régionale de servir les intérêts d'anciennes puissances coloniales.
En février dernier, la Cédéao a allégé ses sanctions "pour des raisons humanitaires", appelant à la réconciliation avec ces trois pays.
Lors de son dernier sommet tenu à Abuja le 7 juillet courant, la Cédéao (à laquelle appartient toujours la Côte d'Ivoire) a désigné les présidents sénégalais et togolais pour mener une médiation auprès de ces trois pays qui ont créé, entre-temps une confédération dite Alliance des Etats du Sahel.
-- Le Bénin pointé du doigt
Lors de son discours, le président burkinabè a également pointé du doigt l’attitude d’un autre pays voisin qui est le Bénin.
"Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin il n’y a pas de bases françaises dirigées contre nous. Nous avons les preuves sous la main. Deux bases importantes. Nul ne peut le contester. Et je les mets au défi. Nous n’avons rien contre le peuple béninois. Là, nous avons un problème avec la politique des dirigeants béninois. Et nous le disons haut et fort encore", a-t-il indiqué.
Il a soutenu que le Bénin héberge deux bases militaires françaises.
"Des pistes ont été réaménagées à plus de 3 000 mètres de long. Des avions atterrissent, des gens équipent et forment des terroristes là-bas. Nous avons des enregistrements audio, d’agents français au Bénin là-bas, qui se jouent des centres des opérations des terroristes. Ils montent les opérations avec eux, ils les aident à se soigner, ils font tout ce qu’il y a là-bas. Nous avons tous les détails sur eux", a-t-il lancé.
Ces accusations contre le Bénin ne sont pas nouvelles. Le Niger qui avait expulsé l'ambassadeur français après le coup d'Etat du 26 juillet 2023, a maintenu ses frontières fermées avec le Bénin l'accusant d'abriter des camps militaires français en vue de "déstabiliser le pays".
Cotonou et Paris avaient officiellement rejeté ces accusations.