Le Soudan suspend les importations kenyanes en réponse au soutien de Nairobi aux Forces de soutien rapide
- La déclaration a justifié l'interdiction comme une réponse au soutien du Kenya aux RSF, visant à protéger la sécurité nationale du Soudan. Elle restera en vigueur jusqu'à nouvel ordre.

Sudan
AA / Khartoum / Adel Abdelrheem - Rania Abu Shamala
Le gouvernement soudanais a annoncé, jeudi, la suspension totale des importations en provenance du Kenya, invoquant l’organisation de réunions des Forces de Soutien Rapide (RSF) et de leurs alliés sur le sol kényan.
L’interdiction a été officialisée par un décret signé par le ministre soudanais du Commerce et des Approvisionnements, Omar Ahmed Mohamed Ali, et relayée par l’agence de presse officielle SUNA.
Selon ce décret, cette mesure s’appuie sur la décision du Cabinet n°129 de 2024, qui ordonne l’arrêt immédiat des importations kényanes via tous les ports, postes frontaliers, aéroports et autres points d’entrée du pays.
La déclaration ministérielle a justifié l'interdiction comme une réponse à l'hébergement et au parrainage par le Kenya des activités et des réunions des RSF, affirmant que cette mesure était nécessaire pour protéger les intérêts et la sécurité nationaux du Soudan. L'interdiction restera en vigueur jusqu'à nouvel ordre.
Le décret ordonne à "toutes les autorités compétentes d'appliquer immédiatement l'interdiction".
À ce jour, le gouvernement kényan n'a pas réagi à cette décision.
Le Soudan dépend de plusieurs importations en provenance du Kenya, notamment du thé, des produits alimentaires et pharmaceutiques.
Le 22 février, les RSF soudanais, ainsi que divers groupes politiques et armés, ont signé une charte politique au Kenya pour la formation d’un gouvernement parallèle en opposition aux autorités soudanaises.
Le gouvernement soudanais a protesté contre l'hébergement par le Kenya d'une "conspiration visant à établir un gouvernement" pour les RSF.
Le 20 février, le Soudan a rappelé son ambassadeur au Kenya, Kamal Jabara, en réponse à l'implication de Nairobi dans les discussions visant à créer un "gouvernement parallèle".
Cette décision survient alors que le Kenya défend son rôle, expliquant que l'organisation des pourparlers s'inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre au Soudan, en coordination avec l'ONU et l'Union Africaine.
Le conflit entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (RSF), qui dure depuis avril 2023, a déjà fait plus de 20 000 morts et provoqué le déplacement de 14 millions de personnes, selon les estimations de l'ONU et des autorités locales.
Toutefois, des recherches menées par des universités américaines avancent un bilan bien plus lourd, avoisinant les 130 000 victimes.
Face à cette crise humanitaire de grande ampleur, les appels à la cessation des hostilités se multiplient, tant au niveau international que de l'ONU.
Ces derniers mettent en garde contre une catastrophe imminente, alors que des millions de Soudanais souffrent de la famine et des pénuries alimentaires. À ce jour, le conflit a gagné 13 des 18 États du Soudan, exacerbant ainsi la tragédie.
* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir