Afrique

Les animaux sauvages tuent plus de personnes que la Covid-19 au Zimbabwe

- Au moins 24 personnes ont été tuées et 21 autres blessées par des animaux sauvages, depuis le début de cette année.

Ekip  | 01.06.2020 - Mıse À Jour : 01.06.2020
Les animaux sauvages tuent plus de personnes que la Covid-19 au Zimbabwe

Harare

AA - Harare (Zimbabwe) - John Cassim

Alberto Lunga pleure la mort de son oncle, piétiné par un éléphant le 1er mars dans le village de Dingani, où vit une communauté isolée située à 450 kilomètres au nord-ouest de Harare, la capitale du Zimbabwe.

Ce jour-là, un troupeau d'éléphants est entré dans les champs de maïs et a endommagé les cultures en quelques minutes, incitant les villageois à sortir pour les effrayer.

"Un éléphant agité nous a chargé, mon oncle et moi, et nous avons couru pour sauver notre vie, mais l'éléphant a rattrapé mon oncle qui courait lentement", a raconté Lunga.

"L'éléphant l'a accroché à sa trompe et l'a jeté sur la route goudronnée à deux mètres de là. Une voiture qui roulait à toute vitesse passait à ce moment-là et elle a frappé mon oncle, le tuant sur le coup", a ajouté le jeune homme traumatisé.

"L'éléphant a continué à frapper le corps sans vie jusqu'à la fatigue", a-t-il déclaré.

Dans un autre incident, Thomas Mupusa, 43 ans, employé des chemins de fer, a été mutilé par des lions, le 5 mai dernier.

Dans le village de Malonga, très proche du village de Dingani, un bébé tombé du dos de sa mère a été attrapé par des lions en maraude. La mère protégeait son bétail dans la ferme.

"Au moment où l'aide était arrivée, le bébé était mort", a expliqué Naison Shoko, un villageois de Malonga.

Shoko a expliqué que les villages sont à la limite du parc national de Hwange, et qu'ils ne sont séparés que par une route goudronnée.

Des décès et des blessures dus à des attaques d'animaux sauvages ont été signalés dans des zones proches du parc national de Hwange, de la ville de Kariba, de Save Conservancy et du parc national de Gonarezhou.

Les réserves de faune du Zimbabwe occupent 16 % de la superficie totale du pays, la population d’espèces sauvages ayant augmenté de façon exponentielle.

La police a averti le grand public de faire preuve de prudence après qu'un chauffeur de camion a été attaqué par un lion à Kariba le 26 mai.

"Un chauffeur de camion est soigné dans un hôpital local après avoir été attaqué par un éléphant [...] Nous exhortons le public à être attentif pour éviter les attaques d'animaux sauvages", indique un communiqué publié par la police.
Selon la police, les animaux sauvages ont tué au moins 24 personnes et blessé 21 autres au Zimbabwe, depuis le début de cette année.

Les éléphants, lions, buffles, hippopotames, léopards et rhinocéros seraient les animaux les plus meurtriers au Zimbabwe.

Les chiffres montrent que les animaux sauvages ont tué plus de personnes au Zimbabwe que le nouveau coronavirus. Jusqu'à présent, le pays n'a signalé que quatre décès dus à la Covid-19.

- Causes du conflit homme-faune

Selon l'Autorité des Parcs naturels et de Protection de la vie sauvage du Zimbabwe, la concurrence entre les populations croissantes chez les hommes ainsi que chez les animaux, est une cause majeure du conflit.

Le conflit entre l'homme et la faune fait référence à toute interaction entre l'homme et la faune, ce qui entraîne un impact négatif sur les humains, leur environnement et la conservation de la faune.

Les carnivores attaquent ou tuent également le bétail et les humains, tandis que les herbivores attaquent les cultures conduisant à un conflit avec les humains protégeant leurs biens.

Tinashe Farawo, porte-parole de l'Autorité des Parcs naturels et de Protection de la vie sauvage du Zimbabwe, a qualifié la situation de « terrible » en raison de la croissance démographique :

"La population de nos animaux a augmenté d'au moins 20 fois, et simultanément la population humaine s'est multipliée par 15 depuis 1980.

"Nos terres ne s'étendent pas, il y a donc une concurrence croissante pour les ressources entraînant la perte de vies humaines", a expliqué Farawo.

"Nous sommes très inquiets d'avoir enregistré plus de morts et de blessés cette année par rapport aux années précédentes, avant d'entrer dans la saison sèche durant laquelle davantage d'attaques sont subies", a-t-il expliqué.

En raison de la croissance démographique, les humains empiètent désormais sur les territoires fauniques, certains ont détruit les infrastructures de sécurité dans les réserves nationales de gibier, ce qui mène les animaux à s'égarer dans les villages.

Le Zimbabwe a décidé de vendre ou d'abattre une partie de son troupeau national d'éléphants, suscitant la résistance des militants des droits des animaux.

En août de l'année dernière, la Convention de Genève sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES) a refusé au Zimbabwe, avec ses voisins le Botswana et la Namibie, la possibilité de vendre des animaux sauvages.

- Participation de la communauté

Notant la montée du conflit homme-faune, plusieurs communautés géographiquement proches des réserves de gibier ont formé des comités de conservation visant à sensibiliser les villageois et à informer les autorités des défis communautaires.

À Dete, près du parc national de Hwange, un groupe de jeunes zimbabwéens a formé une équipe de sensibilisation communautaire appelé Tikobane Trust.

"Tikobane est un terme namibien qui signifie « partageons ». Nous disons partageons nos ressources naturelles afin que les gens puissent vivre en harmonie avec la faune", a déclaré Ndlelende Ncube, fondatrice et directrice de la fiducie.

Tikobane engage les communautés à proximité des sanctuaires de faune.

"Certains de nos employés ne savent pas comment protéger leurs récoltes et leur bétail. Nous leur apprenons donc comment faire […] il est de notre devoir de les former à cela aussi", a déclaré Ndlelende.

Depuis la création de Tikobane en 2018, il y a eu une baisse des décès dans les environs des parcs nationaux de Hwange.

"Cependant, cette année, les cas ont augmenté et nous sommes inquiets", a conclu Ncube.


* Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez

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