Les sanctions de la Cédéao contre le Mali suscitent des réactions internationales
- Des soutiens, des oppositions et des appels à des négociations.
Mali
AA / Kané Illa
Les lourdes sanctions prises dimanche par les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) contre le Mali ont suscité de nombreuses réactions de la Communauté internationale.
Il y a, d'une part, des pays qui soutiennent ouvertement ces sanctions et d'autres qui les désapprouvent et, d'autre part, des pays qui appellent à des négociations entre la Cédéao et les autotités de la transition au Mali.
Parmi les pays qui soutiennent les sanctions de la Cédéao, il y a ceux de l'Union européenne et les États-Unis d'Amérique.
Lors d'une conférence de presse animée mardi, en présence du président du Conseil européen Charles Michel, le président français Emmanuel Macron a salué les sanctions de la Cédéao contre le Mali.
"D'ici la fin du mois, il y aura une réunion formelle pour que l'UE et l'ensemble des pays qui la composent puissent accompagner cette décision de sanctions", a-t-il indiqué.
Dans un communiqué publié lundi, les États-Unis d'Amérique ont aussi approuvé les sanctions des dirigeants ouest-africains contre le Mali.
"Nous partageons la profonde déception de la Cédéao face au manque d'actions ou de progrès du gouvernement de transition du Mali dans l'organisation d'élections comme s'était engagé à le faire après le coup d'État d'août 2020", a indiqué le porte-parole du département d'État américain Ned Price, dans un communiqué consulté par l'Agence Anadolu.
"Nous soutenons la décision de la Cédéao d'imposer des sanctions économiques et financières supplémentaires pour exhorter le gouvernement de transition à tenir son engagement envers le peuple malien de ramener son pays à la démocratie", a-t-il insisté.
"Nous relayons également les préoccupations de la Cédéao quant au probable impact déstabilisant des forces du groupe Wagner, soutenue par la Russie, au Mali", a ajouté le porte-parole du gouvernement américain, rappelant que, "comme indiqué dans la déclaration du département d'État du 15 décembre 2021, ces forces n'apporteront pas la paix au Mali et détourneront les ressources destinées aux forces armées maliennes dans leur lutte contre le terrorisme".
--Le niet de la Russie et de la Chine
La Russie et la Chine ont marqué leur désapprobation des sanctions de la Cédéao contre le Mali en s'opposant, mardi, à un projet de déclaration que la France a soumis au Conseil de sécurité.
Les deux pays ont demandé une "compréhension" vis-à-vis du pouvoir de Bamako par rapport à la conduite du processus pour un retour à l'ordre constitutionnel.
Soutenue par le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique, la France voulait obtenir le soutien du Conseil de sécurité de l'ONU aux sanctions de la Cédéao contre le Mali.
La Russie et la Chine font partie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité avec la France, la Grande Bretagne et les États-Unis d'Amérique.
-- L'Algérie appelle à des négociations
Dans un communiqué publié mardi, l'Algérie a appelé à des négociations entre la Cédéao et les autorités maliennes de transition.
"En sa qualité de chef de file de la Médiation internationale et Président du Comité de suivi de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger et à titre, également, de pays voisin partageant une longue frontière terrestre ainsi qu'une longue histoire de bon voisinage et fraternité avec le Mali, et à l'occasion de ses interactions récentes avec les autorités maliennes, tout en mettant en garde contre les conséquences politiques, sécuritaires et économiques que peut avoir toute transition longue telle que celle envisagée par la partie malienne, l'Algérie a plaidé pour un dialogue serein et réaliste avec la Cédéao en vue de parvenir à un plan de sortie de crise qui tienne compte des exigences internationales et des aspirations légitimes du peuple malien, ainsi que des facteurs endogènes liés aux dynamiques nationales maliennes", a indiqué un communiqué de la présidence algérienne.
"Devant les risques graves et les épreuves que portent en elle la panoplie de sanctions massives annoncées par le sommet extraordinaire des chefs d'État de la Cédéao, ce 9 janvier à Accra, ainsi que les contre-mesures annoncées par le gouvernement de la République du Mali, l'Algérie appelle toutes les parties à la retenue et au réengagement dans le dialogue en vue d'éviter à la région un engrenage de la tension et une exacerbation de la crise", a ajouté la même source.
Réunis dimanche à un sommet extraordinaire à Accra au Ghana, les chefs d'État et des gouvernements des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) ont adopté de sévères sanctions contre le Mali.
Celles-ci portent, entre autres, sur la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cédéao et le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la Cédéao et le Mali, le gel des avoirs du Mali dans les banques centrales et commerciales de la Cédéao et la suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la Cédéao.
Les dirigeants ouest-africains ont pris leurs décisions après avoir constaté "avec regret l'échec des autorités de transition au Mali à organiser les élections présidentielles d'ici au 27 février 2022".